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Économie

Doubler le transport de marchandises sur la voie maritime du Saint-Laurent

Entre 2023 et 2024, près de 4000 navires et plus de 9300 bateaux de plaisance ont emprunté la voie maritime du Saint-Laurent sur 292 jours de navigation au Canada.

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Frédéric Lacroix-Couture
Frédéric Lacroix-Couture / La Presse canadienne

La voie maritime du Saint-Laurent représente un réseau efficace et affiche un meilleur bilan carbone pour le transport de marchandises. Néanmoins, le volume qui y transite ne représente actuellement que 50 % de la capacité de ce lien névralgique entre les Grands Lacs et l'océan Atlantique.

C'est ce qu'expose le nouveau patron de l'organisme responsable de la voie maritime du côté canadien. Selon lui, le corridor navigable est en bonne posture pour accueillir plus de cargaisons.

«On est autour de 38 millions de tonnes par année qui transitent. On peut doubler cela facilement», indique le président et chef de la direction de la Corporation de gestion de la voie maritime du Saint-Laurent (CGVMSL), Jim Athanasiou, en entrevue avec La Presse canadienne.

«Demain matin, on peut doubler la capacité avec presque zéro effort et sans investissement. La capacité est là», soutient-il dans les bureaux de la corporation à Saint-Lambert, sur la Rive-Sud de Montréal.

M. Athanasiou entend rappeler aux partenaires de la CGVMSL, tels que les ports et les armateurs (les exploitants commerciaux des navires), ce potentiel de la voie maritime afin d'accroître son utilisation. Et pour renforcer son message, le PDG fera ressortir les avantages du réseau.

«On coche toutes les cases. On est efficace, on est vert. Un bateau enlève 1000 camions et 300 wagons de train. On est vraiment situé au coeur de l'Amérique du Nord, desservant huit États et deux provinces.»
Jim Athanasiou, président et chef de la direction de la Corporation de gestion de la voie maritime du Saint-Laurent (CGVMSL)

Davantage de cargaisons de céréales et d'acier, entre autres, pourraient y transiter. Il y a aussi de la place pour des cargaisons de projets, comme pour des éoliennes, donne en exemple M. Athanasiou.

Lors de l'exercice 2023-2024, près de 4000 navires et plus de 9300 bateaux de plaisance ont emprunté la voie maritime du Saint-Laurent sur 292 jours de navigation au Canada.

M. Athanasiou connaît bien les forces de ce lien binational partagé entre les États-Unis et le Canada, et qui comporte 15 écluses (13 canadiennes et 2 américaines) entre Montréal et le lac Érié.

Il est entré à la CGVMSL en 2008, d'abord comme gestionnaire corporatif en génie mécanique. Il a ensuite été mandaté pour diriger le programme de modernisation de la corporation, puis il a été nommé au poste de vice-président en ingénierie et technologie en 2016.

L'ingénieur de formation a aussi participé dans les deux dernières années à la négociation de la nouvelle entente sur 20 ans entre la CGVMSL et le gouvernement fédéral pour la gestion, l'exploitation et l'entretien du corridor.

Les tarifs, quel impact sur la voie maritime?

Si elle devait se concrétiser, la menace du président américain élu Donald Trump d'imposer des tarifs douaniers de 25 % aux produits canadiens pourrait freiner la hausse du tonnage passant par la voie maritime, reconnaît M. Athanasiou.

«Il reste difficile pour le moment de savoir précisément quel effet une telle mesure pourra avoir sur le réseau. Mais toute barrière à la circulation des biens demeure préoccupant», mentionne-t-il.

«Ce qu'on a découvert durant la pandémie, c'est que les chaînes d'approvisionnement dans les deux pays sont très interconnectées. Avec ça comme background, c'est sûr qu'il y aura un impact d'une façon ou d'une autre. (...) Difficile à juger si ça va être en baisse, mais je ne pense pas qu'on va avoir plus de volumes», dit-il.

M. Athanasiou attend l'arrivée d'un nouvel homologue américain. Contrairement à la CGVMSL, l'administrateur de l'agence responsable de la section américaine de la voie maritime est une nomination politique.

Adam Tindall-Schlicht occupe présentement ce poste. Il a été nommé en novembre 2022 par le président Joe Biden.

«On travaille en étroite de collaboration avec nos partenaires américains. (...) Ce n'est pas la première fois que la voie maritime a vécu un changement politique aux États-Unis et au Canada. On va continuer de travailler et de transiter les navires pour s'assurer que la marchandise arrive à destination», affirme M. Athanasiou.

Plus de 350 M$ d'investissements

Au cours des trois prochaines années, la CGVMSL envisage d'investir plus de 350 millions $ afin de moderniser certaines de ses installations.

Il est prévu de mettre à niveau des écluses et des ponts ainsi que d'améliorer des infrastructures énergétiques. Des travaux visent aussi «des stratégies mécaniques et structurelles afin de prolonger la durée des actifs essentiels».

Du montant annoncé, plus de 170 millions $ seront investis dans la région Montréal-Lac Ontario.

«C'est pour s'assurer qu'on garde le même niveau de fiabilité. C'est des équipements qui datent d'il y a 70 ou près de 100 ans. Donc, chaque année, on fait des investissements pour s'assurer qu'on a un renouvellement ou un remplacement de nos actifs», explique M. Athanasiou, qui fait aussi de l'innovation une priorité.

Selon la CGVMSL, le transport de marchandises dans le réseau Grands Lacs, voie maritime du Saint-Laurent, soutient 66 milliards $ d'activité économique et 357 000 emplois.

Frédéric Lacroix-Couture
Frédéric Lacroix-Couture / La Presse canadienne