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Le directeur scientifique de l'AMA avait lui-même émis des doutes sur les explications de la Chine.
Un enquêteur a donné raison à l'Agence mondiale antidopage (AMA) quant à la gestion du dossier des 23 nageurs et nageuses chinois, tout en prenant soin de souligner le fait que le directeur scientifique de l'AMA avait lui-même émis des doutes sur les explications de la Chine au sujet de la contamination de ses athlètes.
L'AMA a publié mardi un rapport intérimaire du procureur suisse qu'elle a choisi pour l'enquête, Eric Cottier, qui a conclu que l'AMA n'avait pas fait preuve de favoritisme envers la Chine dans son traitement de l'affaire.
Cottier a également déclaré que l'AMA avait pris une décision «raisonnable» en donnant le bénéfice du doute aux autorités chinoises, qui ont déterminé que les nageurs avaient ingéré un médicament interdit pour le cœur, dont des résidus avaient été trouvés dans une cuisine de l'hôtel où séjournaient les athlètes.
Onze des 23 nageurs ayant subi des contrôles positifs ont eu l'autorisation de participer à d'autres compétitions lorsque l'AMA a décidé de ne pas poursuivre l'affaire en 2021 et ceux-ci devraient nager aux Jeux olympiques de Paris qui prendront leur envol le 26 juillet.
Dans une annexe à son rapport intérimaire, Cottier a expliqué que le directeur scientifique de l'AMA, Olivier Rabin, était incapable d'exclure le scénario de contamination et qu'il se retrouvait ainsi «sans autre solution que de l'accepter, même s'il continue d'avoir des doutes sur la réalité de la contamination telle que décrite» par les autorités chinoises.
Les doutes qu'il avait, a déclaré Rabin dans un communiqué de presse accompagnant le rapport, n'étaient pas suffisants pour donner à l'AMA une chance raisonnable de gagner un appel contre la décision chinoise.
«Dans ce cas, malgré notre scepticisme, un examen approfondi de tous les faits vérifiables n’a révélé aucune preuve permettant de contester le scénario de contamination, a déclaré Rabin. Au contraire, toutes les preuves disponibles indiquaient une contamination sans faute plutôt qu'une ingestion intentionnelle.»
Le président de l'AMA, Witold Banka, a déclaré que l'enquête menée par Cottier avait confirmé «qu'il n'y avait aucune irrégularité liée à la gestion de l'affaire par l'AMA». Il a déclaré que la prochaine étape de l'agence serait de rencontrer un conseiller juridique externe pour voir «quelles mesures peuvent être prises contre ceux qui ont fait des allégations fausses et potentiellement diffamatoires».
«Ces allégations ont été extrêmement dommageables pour la réputation de l'AMA ainsi que pour la confiance que les athlètes et les autres parties prenantes accordent à l'Agence et au système antidopage mondial», a déclaré Banka.
En avril, la chaîne de télévision allemande ARD et le «New York Times» ont révélé l'existence de ces dossiers et la manière dont ils avaient été traités.
Tout cela a conduit l'AMA à nommer Cottier pour se pencher sur deux questions: y a-t-il eu un parti pris à l'égard de la Chine qui a conduit l'AMA à ne pas poursuivre l'affaire, et la décision de l'AMA de ne pas faire appel de l'explication des autorités chinoises sur la contamination était-elle raisonnable?
Les dénigreurs ont qualifié l'enquête de peu fiable parce qu'elle était trop restreinte et qu'elle était menée par un enquêteur trié sur le volet par l'AMA.
L'un des plus grands détracteurs de l'AMA, Travis Tygart, PDG de l'Agence antidopage américaine, a déclaré que si le rapport Cottier répondait à certaines questions, de nombreuses autres restaient en suspens, à savoir pourquoi l'AMA n'avait pas ouvert sa propre enquête sur les faits fondamentaux du dossier plutôt que de simplement croire la Chine sur parole quant à la source de la contamination.
«Depuis le début, notre objectif a été de découvrir la vérité et les faits sur cette situation au nom des athlètes propres, a déclaré Tygart. Tant que les dirigeants de l'AMA ne partageront pas cet objectif et cesseront de cracher du vitriol sur toute voix dissidente, il n'y aura aucune confiance dans le système antidopage mondial.»
Cottier devrait remettre un rapport complet plus tard cette année qui contiendra des recommandations sur les procédures de l'AMA et le code mondial antidopage.