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Prévenir les attaques où les véhicules sont utilisés comme des béliers est difficile, mais certaines mesures de conception urbaine pourraient aider à les éviter, selon un expert de l’Université Carleton, à Ottawa.
Prévenir les attaques où les véhicules sont utilisés comme des béliers est difficile, mais certaines mesures de conception urbaine pourraient aider à les éviter, selon un expert de l’Université Carleton, à Ottawa.
Deux personnes sont mortes et neuf autres ont été blessées lundi à Amqui, au Bas-Saint-Laurent, après avoir été renversées par une camionnette. La police soutient que le conducteur a percuté des piétons choisis au hasard, y compris des enfants.
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Alex Wilner, qui enseigne les affaires internationales à l'Université Carleton, possède une expertise en matière de sécurité. Il croit que certaines mesures d'aménagement de rue peuvent aider à empêcher l'accès des véhicules aux trottoirs et autres zones où les piétons se déplacent ou se rassemblent.
Celles-ci incluent l'élévation des bordures de route, la mise en place de remparts, l'utilisation accrue des ponts piétonniers et la création de divisions entre les pistes cyclables, les pistes de jogging et les voies de circulation routière.
De telles mesures ont été mises en œuvre dans certains milieux urbains, y compris à Toronto et Ottawa, selon ce qu’a pu observer le professeur Wilner, mais les divisions entre les routes et les allées piétonnes peuvent être presque inexistantes dans les petites communautés, comme Amqui.
«Je pense que nos efforts pour lutter contre ces incidents se sont concentrés sur les grandes zones urbaines, car c’est logique d'empêcher l'accès à des événements majeurs comme des défilés dans les centres-villes ou des allées principales. Mais pour la plupart, ces défenses n'ont pas été mises en œuvre aussi largement dans les zones rurales ou dans les zones suburbaines», d’après Alex Wilner.
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Les véhicules-béliers, bien qu'ils puissent être aussi meurtriers que les explosifs ou les armes à feu, sont faciles à louer et à acheter, ce qui rend extrêmement imprévisibles de telles attaques.
«Il est beaucoup plus facile de mettre la main sur un véhicule que sur un engin explosif, et cela peut être tout aussi efficace pour créer des dégâts», selon M. Wilner, qui ne pense pas qu'il y ait une solution facile.
François Bonnardel, ministre de la Sécurité publique du Québec, a déclaré mardi que le gouvernement essaierait de tirer des leçons de ce qui s'est passé à Amqui pour aider à prévenir de futures tragédies, mais il a ajouté qu’il était difficile d'éliminer complètement toute possibilité d'attaque isolée.
Dans le cas d’Amqui, le conducteur de la camionnette est accusé de conduite dangereuse causant la mort et le procureur de la Couronne a déclaré que d'autres accusations suivraient sans aucun doute lorsque toutes les preuves auront été réunies.
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La tragédie d'Amqui est survenue peu de temps après qu'un autobus ait percuté une garderie à Laval, le mois dernier, tuant deux jeunes enfants et en blessant six autres. Un chauffeur de la Société de transport de Laval (STL) a été accusé de deux chefs de meurtre au premier degré et de sept autres infractions dans cette affaire.
En 2021, cinq membres d'une famille musulmane qui se promenaient à pied pendant une chaude soirée d'été ont été heurtés par une camionnette à London, en Ontario. Quatre sont morts et un a été grièvement blessé. Un homme inculpé dans cette affaire fait face à quatre chefs de meurtre au premier degré et à un chef de tentative de meurtre dans ce que les procureurs allèguent comme ayant été un acte de terrorisme.
À Toronto, dix personnes ont été tuées après qu'un homme ait délibérément conduit une camionnette de location sur un trottoir très fréquenté, en avril 2018. Trois ans plus tard, une autre personne est morte des blessures subies lors de l'attaque. Le chauffeur de la camionnette a été reconnu coupable de 10 chefs de meurtre au premier degré et de 16 chefs de tentative de meurtre.
Alex Wilner invite par ailleurs les piétons à être conscients de leur environnement.
«Je me souviens personnellement d’avoir marché à Toronto après l'attaque de la camionnette et que je marchais différemment. Je cherchais à localiser des zones où je pourrais m'échapper rapidement, si nécessaire».
«Être conscient d’un environnement lorsqu’on marche peut aider à sauver des vies. Ce n’est pas le cas lorsqu’on a les yeux rivés sur un écran», conclut-il.