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«La Chine est la plus grande menace en ce qui a trait à l'ingérence étrangère au Canada», a affirmé sans détour l'ancien ambassadeur du Canada en Chine David Mulroney devant un comité de la Chambre des communes, mardi.
Deux anciens diplomates du Canada qui ont été en fonction en Chine estiment qu'Ottawa permet, en quelque sorte, l'ingérence étrangère en sol canadien, puisqu'il ne tient pas de registre des personnes qui agissent au nom d'autres pays.
«La Chine est la plus grande menace en ce qui a trait à l'ingérence étrangère au Canada», a affirmé sans détour l'ancien ambassadeur du Canada en Chine David Mulroney devant un comité de la Chambre des communes, mardi.
«Plus on attend, plus la tâche sera difficile.»
M. Mulroney a tenu ces propos alors que le comité se penche sur les allégations selon lesquelles le consulat de la Chine à Toronto a tenté d'influencer les résultats de l'élection fédérale de 2019.
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En novembre dernier, Global News a révélé que de hauts responsables fédéraux ont informé le premier ministre Justin Trudeau d'une «vaste campagne d'ingérence étrangère» qui aurait été menée par le consulat de la Chine à Toronto.
Ces allégations, qui n'ont pas été vérifiées par La Presse Canadienne, indiquent que le Parti communiste chinois a soutenu financièrement un réseau de personnes pro-Pékin au Canada qui comprenait au moins 11 candidats libéraux et conservateurs qui se sont présentés à cette élection.
L'ambassade de la Chine à Ottawa insiste sur le fait qu'elle ne s'immisce pas dans la politique canadienne et accuse plutôt le Canada de s'ingérer dans les affaires internes de Pékin en affirmant que la Chine nuit au commerce international et enfreint les droits de la personne.
Il y a deux mois, les libéraux ont promis qu'ils se pencheraient éventuellement sur la mise en place d'un registre des agents étrangers en lançant des consultations à ce sujet.
Un registre de la sorte forcerait toute personne qui effectue un travail rémunéré par un autre pays à le divulguer officiellement, sous peine d'être emprisonnée ou mise à l'amende en cas de non-conformité.
Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a toutefois prévenu lundi qu'il faudra d'abord étudier minutieusement la question, puisque la création d'un tel registre pourrait stigmatiser les communautés qui se sont senties visées par les agences de sécurité dans le passé.
«Il y a un contexte historique à prendre en compte concernant certaines communautés de ce pays et leurs relations avec les agences de sécurité», a mentionné M. Mendicino devant le comité sur la relation entre le Canada et la République populaire de Chine.
«Il faut que nos agences soient inclusives, diversifiées et sensibles aux réalités culturelles», a-t-il dit, avant d'ajouter qu'Ottawa soumettra l'idée d'un registre à ses propres groupes consultatifs avant de solliciter l'avis du public.
Au lendemain de cette sortie du ministre, M. Mulroney s'est dit «découragé» d'entendre de tels propos, soulignant que certains groupes de la diversité culturelle, comme les Ouïghours, les pratiquants de Falun Gong et les habitants de Hong Kong, sont davantage ciblés par les agents chinois.
Selon lui, des agents chinois menacent des militants de ces groupes au Canada en leur disant que leurs familles souffriront dans leur pays d'origine. Il a accusé Ottawa de «ne pas agir et de trouver des raisons de ne pas agir» sur la création d'un registre.
M. Mulroney a exhorté les libéraux à s'engager dans la mise en place d'un registre des agents étrangers, puis à procéder à des consultations sur la façon de le faire sans stigmatiser les groupes.
«Le simple fait d'annoncer la création d'un registre enverrait déjà un message aux Chinois, un message très important que nous n'envoyons pas actuellement», a-t-il déclaré.
«Nous devons être prêts à expulser les diplomates chinois impliqués dans l'ingérence ou le harcèlement. Oui, ça va déclencher des représailles, mais nous devons montrer que l'expulsion est la conséquence inévitable d'un tel comportement hostile.»
Charles Burton, un autre ancien diplomate qui a été posté en Chine, a ajouté que le registre devrait viser le problème général de l'ingérence, plutôt que l'ingérence d'un seul pays.
Il a aussi fait valoir que le mécanisme du Canada pour empêcher l'ingérence dans les élections n'est pas suffisant, car il se concentre uniquement sur la recherche d'effets sur les résultats.
«Nous n'avons pas la capacité, au sein du système canadien, de faire face aux activités de la communauté de la diaspora qui pourraient affecter les résultats des élections de manière inappropriée», a-t-il expliqué.
Pendant ce temps, la députée libérale Jennifer O'Connell a reconnu que les parlementaires ne savent pas vraiment comment repérer s'ils sont la cible d'agents étrangers.
«Il y a vraiment peu ou pas de séances d'information ou de formation pour les députés sur la façon même de gérer ces situations», a-t-elle déploré.