Début du contenu principal.
Pour une énième fois, une publication TikTok comportant des conseils dangereux pour la santé a provoqué une controverse.
Pour une énième fois, une publication TikTok comportant des conseils dangereux pour la santé a provoqué une controverse cette semaine. Est-il temps d’encadrer la profession, pour éviter des dérapages d’influenceurs?
La naturopathe Victoria Kult, qui cumule plus de 150 000 abonnés sur Instagram, a publié une vidéo sur ses réseaux sociaux remettant en question l’utilité de la crème solaire. La femme d’affaires québécoise, qui vit désormais au Mexique, a laissé entendre que les personnes qui «s’alimentent de façon non transformée» n’auraient pas besoin d’appliquer de la crème solaire, et que certaines protections solaires pouvaient même causer le cancer. Des «études scientifiques» auraient été publiées récemment dans ce sens, selon elle.
Ce type de dérives se multiplient récemment sur les réseaux sociaux. Noovo Info révélait récemment qu’une psychologue québécoise faisait l’objet d’une enquête pour avoir prodigué des conseils de nutrition erronés et dangereux sur Instagram. Ll'influenceuse et gagnante d’Occupation Double Martinique, Claudia Dimopoulos, avait quant à elle été vivement critiquée après avoir partagé son expérience avec le kambo, une drogue faite de venin de grenouille, qui lui avait été administrée par Victoria Kult. La naturopathe fait fréquemment la promotion de cette drogue sur ses plateformes.
Après la publication de la vidéo sur la crème solaire, plusieurs créateurs de contenu et professionnels de la santé ont pris la balle au bond en ligne pour critiquer et déconstruire les propos de Victoria Kult.
«C’est dangereux. Les influenceurs ne sont pas des professionnels et ce n’est pas parce qu’un traitement fonctionne pour toi que ça fonctionne pour tout le monde», plaide le créateur de contenu Brendan Mikan.
Dans une série de messages échangés avec Noovo Info, Victoria Kult s’est défendue en soulignant qu’elle «a mentionné dans sa vidéo l’importance de prioriser l’utilisation de chapeau, de rester à l’ombre et d’utiliser des écrans solaires minéraux et organiques». Elle a toutefois réitéré son opinion selon laquelle certaines crèmes pouvaient provoquer le cancer.
Les dérives de personnalités publiques inquiètent les acteurs du domaine de la santé.C’est pourquoi le doctorant et chercheur en épidémiologie Kevin L’Espérance s'est associé avec une nutritionniste et kinésiologue pour créer la formation Influencer en santé sans nuire. Leur but: éduquer les influenceurs et créateurs de contenu sur la santé et les guider dans leur façon d’en parler.
«On souhaite que les influenceurs réalisent l’impact qu’ils peuvent avoir sur les gens et nous, comme consommateur, on doit penser au but des gens derrière leur vidéo», rappelle-t-il.
Selon le chercheur, les dérives des influenceurs peuvent avoir de vrais impacts sur la population. Les notions de base en santé ont tellement été remises en question dans les dernières années à cause de la multiplicité de sources en lignes que le public s'est perdu, estime-t-il.
Devant la popularité grandissante des réseaux sociaux, des influenceurs ont fondé l’an dernier l’Association des créatrices et créateurs de contenu du Québec. Son but est de «professionnaliser» le métier et de le faire rayonner. «Dans professionnaliser le métier, on entend aussi sensibiliser les influenceurs sur ce qu’ils disent et sur dénoncer les dérives des autres». souligne Anthony Tran, créateur de contenu et un des fondateurs de l’ACRÉA.
«Moi ce que je trouve beau dans cette situation c’est que d’autres créateurs de contenu ont dénoncer l’information partagée», a-t-il ajouté en entrevue avec Noovo Info.
Au Canada, le marketing d’influence est peu réglementé. Les créateurs de contenu doivent indiquer lorsque leur publication est commanditée selon la Loi sur la concurrence. Chose qui n’est pas toujours respectée selon Brendan Mikan.
«Nous entre nous, on le sait quand c’est commandité. Le public, lui, non. Et ça ne devrait pas être correct de faire ça aux gens qui nous soutiennent, ni à nous de toujours dénoncer les autres.»
Après plusieurs scandales, l’année dernière, le gouvernement français a mis en place des règles pour encadrer le contenu en ligne. La promotion «d’actes, de protocoles ou de prescriptions thérapeutiques» est, entre autres, maintenant interdite. Selon Brendan Mikan et Kevin L’Espérance, le gouvernement devrait suivre le pas de la France. À leur avis, cela permettrait de réduire la désinformation et de protéger le public.