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Médecins sans frontières (MSF) a soigné un nombre «sans précédent» de victimes de violences sexuelles l’an dernier au Congo, a indiqué lundi l’organisation humanitaire. La plupart de ces violences ont eu lieu dans l’est du pays, selon l’organisation caritative, où des membres de groupes armés en lutte pour le pouvoir en seraient les auteurs présumés.
Plus de 25 000 victimes et survivants de violences sexuelles – soit plus de deux victimes par heure – ont été soignés par Médecins sans frontières en 2023, selon le rapport de l’organisation. Il s'agit de loin du nombre le plus élevé jamais enregistré au Congo, selon le rapport.
La grande majorité des victimes ont été soignées dans des camps de déplacés près de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, à l'est du pays.
«Selon les témoignages de nos patients, les deux tiers d'entre eux ont été agressés sous la menace d'une arme à feu», a déclaré Christopher Mambula, responsable du programme du groupe au Congo, dans le rapport.
L'est du Congo est aux prises avec la violence armée, alors que plus de 120 groupes armés se battent pour le pouvoir, la terre et les précieuses ressources minérales tandis que d'autres tentent de défendre leurs communautés. Certains groupes armés ont été accusés de massacres, de viols et d'autres violations des droits de la personne. La violence a déplacé quelque 6 millions de personnes dans l'est.
Le Congo allègue que le Rwanda voisin est impliqué dans des agressions et des crimes de guerre dans la région. Aux côtés des experts américains et onusiens, il accuse également le Rwanda d'apporter un soutien militaire au groupe armé rebelle M23.
Le Rwanda nie ces accusations, mais a admis en février qu'il avait des troupes et des systèmes de missiles dans l'est du Congo pour assurer sa sécurité. Les forces congolaises se sont renforcées près de la frontière.
Le Mouvement du 23 mars, ou M23, est un groupe militaire rebelle composé principalement de Tutsis qui s’est séparé de l’armée congolaise il y a un peu plus de dix ans. Ils ont lancé une vaste offensive en 2012 et ont pris le contrôle de la capitale provinciale de Goma, près de la frontière avec le Rwanda, la même ville qu’ils menacent à nouveau.
Plus tôt cette semaine, Human Rights Watch a déclaré que l’armée rwandaise et congolaise avait tué des résidents des camps de déplacés, commis des viols et entravé l’aide humanitaire.
«Si la présence massive d’hommes armés dans et autour des sites de déplacés explique cette explosion de violences sexuelles, l’insuffisance de la réponse humanitaire et les conditions de vie inhumaines dans ces sites alimentent le phénomène», a déclaré Médecins Sans Frontières dans son rapport.
Un nombre élevé d’agressions sexuelles a également été enregistré cette année par l’organisation caritative, qui a soigné plus de 17 000 victimes et survivants entre janvier et mai dans la seule province du Nord-Kivu.