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«L'infanterie légère est aussi importante pour nos armées, mais les chars restent l'armement principal et la pièce maîtresse partout dans le monde», a argué le capitaine Antonio Cornacchi, qui commande une compagnie italienne.
Même si les chars d'assaut ont montré leurs limites et leurs faiblesses en Ukraine, ils demeurent la pièce maîtresse sur le champ de bataille.
C'est ce qu'a laissé entendre jeudi à La Presse Canadienne l'officier responsable d'exercices auxquels participaient des chars canadiens en Lettonie, un petit pays balte membre de l'OTAN et voisin de la Russie.
Durant quatre jours, les troupes d'une dizaine de pays de l'OTAN ont ainsi pris part à des manoeuvres sur la base d'Adazi, située à environ 200 km de la frontière russe et 40 minutes de route de la capitale, Riga.
Les 34 équipages provenant de 13 armées différentes ont testé la force de frappe et la manoeuvrabilité des tanks, alors qu'un débat a actuellement cours sur leur pertinence, à la suite des déboires des unités blindées russes dans l'invasion de l'Ukraine.
Les contingents du camp Adazi forment le groupement tactique de la présence avancée renforcée en Lettonie (GT eFP Lettonie) de l’OTAN, une sorte de force de dissuasion et de défense encadrée par les forces canadiennes.
Questionné sur le bien-fondé de l'usage des chars après les leçons tirées de l'Ukraine, le capitaine Antonio Cornacchi, qui supervisait l'exercice des chars, s'est d'ailleurs empressé de préciser que les troupes de l’OTAN basées en Lettonie sont là pour défendre cet État contre toute agression.
Mais pourquoi les chars sont-ils encore importants?
«L'infanterie légère est aussi importante pour nos armées, mais les chars restent l'armement principal et la pièce maîtresse partout dans le monde», a argué le capitaine Antonio Cornacchi, qui commande une compagnie italienne.
Les équipages sont très «concurrentiels» dans ces exercices de tirs en mouvement ou à une position fixe, a-t-il poursuivi.
«Jusqu'à maintenant, les Estoniens, les Danois et les Canadiens font très bien dans cette compétition, mais ce n'est qu'une étape, on verra dans les prochains jours.»
Jeudi matin, les différents équipages nationaux rivalisaient pour leur précision et leurs coups droit au but sur un polygone dégagé de quelques kilomètres carrés composé de quelques buttes et de sentiers.
Les détonations des canons de plus de 100 mm produisaient un vacarme assourdissant dans le bunker construit sur une petite colline, où les observateurs du jury portaient des coquilles antibruit.
Ils sont là pour «tester de façon hautement professionnelle les habiletés de chaque équipage», a détaillé le capitaine Cornacchi.
Jeudi matin, les Britanniques puis les Polonais ont manœuvré sur le périmètre. Les tankistes effectuaient certains tirs en position fixe et d’autres en mouvement.
Une estrade avait été aménagée sur le toit du bunker où des militaires viennent regarder le spectacle et leurs concurrents, malgré le froid humide et mordant sous la grisaille qui dure depuis plusieurs jours .
Les Canadiens concourent avec leurs Leopard de fabrication allemande, un modèle de tank qui a notamment servi durant la guerre en Afghanistan.
Les combats de chars sont courants en Ukraine, mais de nouvelles menaces ébranlent leur suprématie de naguère, notamment les drones et tout un arsenal de missiles antichars fournis par les États occidentaux.
Il y a entre autres le Javelin, devenu un symbole de cette guerre, une redoutable arme antichar américaine dans les mains des Ukrainiens. C'est un petit missile antichar facile à utiliser qui fait des ravages dans les unités de chars russes.
Les Ukrainiens ont publié plusieurs vidéos de tanks russes dont la tourelle volait en l’air comme un bouchon de liège sous l’impact des Javelin ou d'autres modèles, Nlaw, Himars, ou des Carl Gustav: le Canada a d'ailleurs fait don de 100 de ses Carl Gustav M2 aux forces ukrainiennes.
Néanmoins, un peu plus de 100 ans après leur invention, les chars d'assaut, lourds, coûteux , encombrants, très visibles, parfois vulnérables, ont encore un rôle essentiel à jouer pour l'OTAN.