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L'arrivée de Santé Québec suscite du mécontentement chez les grandes organisations syndicales.
Une centaine de membres de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) ont scandé «Santé Québec, ce n'est pas un cadeau» alors qu'ils manifestaient devant les bureaux de la nouvelle agence Santé Québec, lundi matin, à Montréal.
L'arrivée de Santé Québec, qui est désormais responsable de coordonner les opérations du réseau de la santé, suscite du mécontentement chez les grandes organisations syndicales.
La mobilisation de lundi visait à dénoncer l'implantation de la nouvelle société d'État qui a été officialisée dimanche. «Et aujourd'hui, dès la première journée, on en est où? Eh bien, l'avion se construit encore en plein vol», a affirmé la représentante nationale de l'APTS pour le Nord de l'île de Montréal, Sabrina Caty.
Sous forme de cadeaux de Noël, les membres de l'APTS ont écrit les souhaits qu'ils ont pour le réseau de la santé, à commencer par le souhait qu'il reste public. En s'exprimant au nom de tous les secteurs de la ville, Mme Caty a lu certaines de ces requêtes, notamment de décentraliser le réseau, de respecter l’autonomie des travailleurs et de mieux valoriser la profession.
«On veut que nos employeurs soient humains. Ça suffit la bureaucratie et la paperasse inutile, on veut pouvoir donner des services humains et qu'on reconnaisse notre expertise», a lu Mme Caty à l'envers d'une boîte cadeau.
Quelques instants après son énumération des souhaits de ses membres, l'APTS a mis en scène le célèbre personnage du Grinch qui est venu bousiller les cadeaux de Noël en les lançant en l'air et en les piétinant.
L'APTS estime que le gouvernement Legault «fait la sourde oreille aux souhaits des travailleuses et des travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux».
Mme Caty a prononcé un discours qui a semblé motiver ses troupes, qui tantôt criaient des encouragements, tantôt huaient des propos citant Geneviève Biron, la présidente-directrice générale de Santé Québec.
«Mme Biron appelle cela une intégration administrative. C'est quand même un drôle de mot pour dire ''scrapper'' le réseau encore une fois avec une réforme inutile», a déclaré devant les manifestants Mme Caty.
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L'APTS a vivement critiqué les compressions de 1,5 milliard $ récemment annoncées par le gouvernement. «C'est un effort record qu'on demande à un réseau déjà à bout de souffle. Pendant que les besoins augmentent, on demande aux établissements, aux CISSS et aux CIUSSS de réduire, couper et geler. Et comme si ça ne suffisait pas, cette centralisation extrême fait de Santé Québec une structure déconnectée où les décisions se prennent vraiment loin du plancher, sans consultations des travailleuses et des travailleurs», a dénoncé Mme Caty.
De leur côté, c'est en lançant une campagne publicitaire que la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) ont choisi de démontrer leurs réticences.
À leur avis, l'arrivée de Santé Québec aura peu d'impact sur les soins à la population, contrairement aux compressions et au gel d’embauche imposés par Québec.
À la Confédération des syndicats nationaux (CSN), on parle d'un «chaos annoncé». La centrale croit que la naissance de l'agence s'accompagne d'un «nuage d'incertitude» et «d'improvisation» dans un contexte de coupes budgétaires.
Santé Québec est maintenant l'unique employeur de 330 000 travailleurs du réseau de la santé. Elle devra coordonner les opérations du réseau de la santé québécois, notamment les chirurgies, les urgences et les budgets, en plus d'être responsable de l’attraction et de la rétention du personnel.
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a réitéré vendredi dernier qu'il resterait imputable «des résultats envers les Québécois». Il a souligné sur la plateforme X que Santé Québec est l'une des 50 mesures de son Plan santé «qui vise à séparer les opérations des orientations, comme plusieurs experts l'ont recommandé au fil des ans».
Dans une lettre ouverte publiée la fin de semaine dernière, Mme Biron a reconnu que la transformation du réseau de la santé «nécessitera réalistement quelques années».
Elle a toutefois assuré qu'il est «possible de faire mieux», notamment en gagnant en mobilité, en éliminant les dédoublements dans les tâches, ainsi qu'en partageant encore plus efficacement les outils et les meilleures pratiques.
— Avec des informations de Mathieu Paquette pour La PC