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Des professeurs de McGill érigent des piquets de grève pour le droit de se syndiquer
Les professeurs réclament aussi un meilleur salaire et plus de voix au chapitre dans la gouvernance de l’université.
Les professeurs de droit de l’Université McGill ont érigé jeudi des piquets de grève, provoquant du même cours l'annulation de cours lors de la première semaine de la session d’automne.
Kirsten Anker, professeure de droit et vice-présidente du syndicat, a participé à la manifestation devant le bâtiment de la faculté de droit sur le campus du centre-ville de l’université. McGill a confirmé que 67 cours ont été annulés jusqu’à présent, et Mme Anker a prévenu que la grève illimitée impliquant plus de 40 professeurs se poursuivra jusqu’à ce que l’administration revienne à la table des négociations.
Elle a expliqué que l’Association des professeurs de droit de McGill se bat pour le droit de se syndiquer, de meilleurs salaires et pour avoir plus de voix au chapitre dans la gouvernance de l’université.
Mme Anker a ajouté que le syndicat a accepté de laisser un arbitre décider des augmentations de salaire. Les professeurs retourneront au travail, a-t-elle laissé savoir, si l’université cesse de tenter de révoquer l’accréditation du syndicat. McGill conteste l’accréditation du syndicat devant la Cour supérieure du Québec.
«Maintenant, on en est arrivé à quelque chose de beaucoup plus fondamental, car ils remettent en question notre droit d’exister en tant que syndicat», a souligné Mme Anker dans une entrevue, ajoutant que McGill fait délibérément traîner le processus de négociation jusqu’à une audience devant la Cour supérieure du Québec en décembre sur la contestation de l’université.
En l’absence de cours réguliers, les professeurs ont organisé des conférences en plein air sur les questions de droit du travail. Mme Anker estime qu’un total de 200 étudiants se sont présentés aux conférences lundi et mercredi. Une autre est prévue vendredi matin à l’extérieur du bâtiment de la faculté de droit.
Le professeur de droit Richard Janda a témoigné jeudi qu’il n’était pas toujours favorable à l’adhésion à un syndicat, mais qu’il en est désormais le secrétaire et le négociateur en chef. Il a réitéré que les deux parties attendaient l'intervention d'un arbitre.
«En tant que professeur qui travaille ici depuis plus de 30 ans, c’est dévastateur de me retrouver dans cette situation, a-t-il déploré. Je n’aurais jamais imaginé que je ferais un piquet de grève devant ma propre faculté.»
M. Janda a observé que l’administration de McGill a de plus en plus centralisé la prise de décision au fil des ans et empêche les enseignants d’avoir leur mot à dire sur les questions de gouvernance, y compris sur la sélection du doyen, une approche qui, selon lui, ternit la réputation de l’université.
L’étudiante en droit Casey Broughton, 25 ans, entame sa quatrième année, mais elle est venue montrer son soutien au syndicat et participer au piquet aux côtés de ses professeurs. Mme Broughton dit que les annulations de cours sont frustrantes, mais elle ne blâme pas les membres du syndicat.
«Je m’inquiète davantage de l’avenir de mes collègues, de l’avenir de l’université, que de manquer quelques cours», a-t-elle mentionné ajoutant qu’elle espère que les cours reprendront bientôt. «Les conditions d’apprentissage de nos étudiants sont directement affectées par les conditions de travail et les contrats de nos professeurs.»
L’Université McGill a affirmé à La Presse Canadienne mercredi que le syndicat l'avait avisée dimanche soir. Elle a ajouté qu’un arbitre avait été nommé le 22 août. «McGill a agi de bonne foi tout au long du processus et attend avec impatience la conclusion d’une convention collective équitable», a-t-elle déclaré dans une déclaration.
«L’université fera tout ce qui est en son pouvoir pour minimiser les répercussions sur les étudiants et nous réitérons notre respect pour nos précieux collègues de la faculté de droit», s'est-elle engagée.