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Une nouvelle étude a utilisé un test sanguin pour identifier quels patients atteints d'un cancer du côlon pourraient omettre la chimiothérapie après la chirurgie.
Des patients souffrant d'un cancer pourraient omettre en toute sécurité certains traitements de chimiothérapie ou de radiothérapie après une intervention chirurgicale, démontrent deux nouvelles études (dont une Canadienne) qui se sont intéressées à un traitement plus court et plus doux du cancer.
Les chercheurs tentent de déterminer avec précision quels patients pourraient se passer de traitements inutiles pour réduire les effets secondaires indésirables et les coûts.
Une nouvelle étude a utilisé un test sanguin pour identifier quels patients atteints d'un cancer du côlon pourraient omettre la chimiothérapie après la chirurgie. Une autre suggère que les patientes atteintes d'un cancer du sein peu dangereux pourraient ne pas avoir besoin de radiothérapie après une lumpectomie.
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Les études ont été discutées lors de l'assemblée annuelle de l'American Society of Clinical Oncology, qui a pris fin mardi à Chicago. L'étude sur le cancer du côlon avait été financée par les gouvernements australiens et américains, et par des groupes sans but lucratif. Elle a été publiée samedi par le New England Journal of Medicine.
Ces conclusions pourraient permettre aux médecins «de se concentrer sur les patients à qui la chimiothérapie profiterait vraiment et éviter les effets secondaires pour les patients pour qui ce serait probablement inutile», a expliqué la docteure Stacey Cohen du Centre de cancérologie Fred Hutchinson de Seattle, qui a révisé l'étude sur le cancer du côlon et n'a pas participé aux travaux.
Plusieurs patients atteints d'un cancer du côlon reçoivent de la chimiothérapie après leur chirurgie, même s'ils sont possiblement guéris. Le traitement peut s'accompagner d'effets secondaires comme la nausée, l'anémie et des problèmes de mémoire.
Il était toutefois difficile d'identifier les patients qui n'avaient plus besoin de traitements, et des chercheurs ont voulu savoir si une analyse sanguine pourrait être utile.
L'étude a porté sur 455 patients qui avaient été opérés parce que leur cancer s'était propagé à la paroi du côlon. Après la chirurgie, un groupe a subi une analyse sanguine ― qui avait été personnalisée au profil génétique de leur tumeur ― pour détecter tout résidu d'ADN de cancer.
Leurs soins dépendaient des résultats de l'analyse: si on ne détectait aucune trace de cancer, les patients ne recevaient pas de chimiothérapie. Les médecins ont décidé du traitement de chimiothérapie des autres patients de la manière habituelle, en étant guidés par une analyse de la tumeur et des tissus voisins.
Moins de patients du groupe ayant subi l'analyse sanguine ont reçu de la chimiothérapie — 15 % contre 28%. Mais environ 93 % des patients des deux groupes étaient toujours libres de cancer après deux ans; c'est donc à dire que le premier groupe s'en est tiré aussi bien, mais avec moins de chimiothérapie.
«Chez les patients où on ne détecte pas l'ADN du cancer après une chirurgie, le risque d'une rechute du cancer est très faible, ce qui suggère qu'il est très peu probable que ces patients profitent d'une chimiothérapie», a dit l'auteure de l'étude, la docteure Jeanne Tie du Centre de cancérologie Peter MacCallum de Melbourne, en Australie.
Éviter la chimiothérapie fait «une grosse différence dans la qualité de vie d'une personne si ça peut être fait sans risquer une rechute», a dit le président de l'American Society of Clinical Oncology, le docteur Everett Vokes.
L'autre étude a suivi 500 femmes un peu plus âgées qui présentaient une forme courante de cancer du sein au stade précoce et de faibles taux de la protéine Ki67, un marqueur pour un cancer plus agressif.
Après la chirurgie, les femmes ont pris des comprimés pour bloquer l'action des hormones, un traitement courant pour ce type de cancer, mais elles n'ont pas reçu de traitement de radiothérapie.
Après cinq ans, dix des femmes ont vu le cancer se réinstaller dans le même sein, et il y a eu décès attribuable au cancer du sein. Il n'y avait pas de groupe témoin, mais les chercheurs assurent que leurs résultats se comparent favorablement aux données historiques pour des patientes similaires traitées par radiation.
«Nous estimons que les bienfaits de la radiation seraient très modestes dans cette population, comparativement aux effets secondaires», a dit l'auteur de l'étude, le docteur Timothy Whelan de l'université ontarienne McMaster. Ses travaux ont été appuyés par la Fondation canadienne du cancer du sein et la Société canadienne du cancer.
La radiation peut occasionner des problèmes de peau, de la fatigue et, plus rarement, des problèmes cardiaques à long terme et des cancers secondaires.
Cette étude est une «bonne nouvelle» pour les patients dont les tumeurs sont peu dangereuses et aidera les médecins à comprendre quels patients peuvent omettre la radiothérapie «confortablement, avec confiance», a dit la docteure Deborah Axelrod de NYU Langone Health, qui n'a pas participé aux travaux.