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La SPCA de Montréal et d’autres organisations de protection des animaux demandent au Canada de légiférer contre l’importation de pieuvres d’élevages industriels, destinées à la consommation.
La SPCA de Montréal et d’autres organisations de protection des animaux demandent au Canada de légiférer contre l’importation de pieuvres d’élevages industriels, destinées à la consommation. Ces organisations font valoir des raisons éthiques, mais aussi environnementales et de santé publique.
La multinationale espagnole Nueva Pescanova, qui est présente dans 24 pays, compte bientôt commercialiser «les premiers poulpes au monde nés en aquaculture».
Ce type d’élevage industriel est dénoncé par plusieurs groupes qui ont lancé une pétition qui demande au Canada d’interdire cette pratique ainsi que l’importation des pieuvres provenant de l’aquaculture.
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Selon Émilie-L. Sauvé, coordonnatrice à la Défense des animaux à la SPCA de Montréal, les mégafermes de pieuvres pourraient devenir les vecteurs de pathogènes inconnus.
«Ce qui est particulièrement préoccupant et là où on a l'impression qu'on joue peut-être un peu à l'apprenti sorcier, c'est que le système immunitaire de ces animaux-là est encore assez méconnu et on soupçonne qu'il pourrait être porteur de pathogènes qui nous seraient inconnus, donc on mettrait dans un lieu clos des dizaines de milliers d'animaux pour une toute première fois sans stratégie de prévention», a-t-elle indiqué.
Selon la SPCA, les élevages aquatiques à grande échelle sont des incubateurs à bactéries, «et comme plusieurs des traitements antibiotiques nécessaires pour soigner les pieuvres sont également utilisés pour traiter les maladies humaines, les mégafermes contribuent à la surconsommation d’antibiotiques et à l’émergence de bactéries multirésistantes».
Les organisations Animal Justice, la BCSPCA, Humane Canada, la Coalition canadienne pour la protection des animaux de ferme, Last Chance for Animals, la Vancouver Humane Society et la Winnipeg Humane Society ont également signé la pétition marrainée par Elizabeth May, députée fédérale du Parti vert.
Selon ces organisations, l’élevage de pieuvres à grande échelle va exercer une pression supplémentaire sur les populations de certains poissons sauvages, dans un contexte où la surpêche a déjà rompu l'équilibre écologique dans plusieurs zones du monde.
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«L'industrie développe des farines de poisson, d'huile de poisson» pour nourrir les pieuvres provenant de l’aquaculture, a indiqué Émilie-L. Sauvé.
Or, «pour faire de la farine de poisson, il faut pêcher un grand nombre de poissons sauvages, comme l'anchois, la sardine, le hareng, le maquereau» et la grande majorité de ces poissons «seraient propres à la consommation humaine».
Selon le Fonds mondial pour la nature, environ 20 % des poissons pêchés dans les océans sont utilisés pour nourrir les espèces carnivores élevées en aquaculture, une pratique dénoncée par plusieurs groupes écologistes.
Par exemple, Greenpeace a publié en 2019 un rapport selon lequel le poisson dont dépendent certains pays africains était détourné de l'approvisionnement alimentaire au profit d'industrie qui le transforme en farine et en huile.
En plus des enjeux liés à la surpêche et à la santé publique, les signataires de la pétition ont des préoccupations éthiques.
« Les pieuvres sont des animaux solitaires et particulièrement mal adaptés à la captivité en raison de leur intelligence développée et de leur curiosité naturelle à explorer leur environnement, soit le vaste fond des mers», a expliqué Mme Sauvé.
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«Dans les fermes industrielles à haute densité, ces animaux carnivores, entassés par milliers dans des lieux exigus, sans possibilité de fuir ni d’exprimer leurs comportements naturels, seront sujets à l’automutilation et au cannibalisme», selon la coordonnatrice à la Défense des animaux à la SPCA de Montréal.
La Presse Canadienne a tenté d’obtenir une entrevue avec un porte-parole de l’entreprise Nueva Pescanova concernant les préoccupations des signataires de la pétition, mais mardi après-midi, l’agence de presse était toujours en attente d’une réponse.