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Le pont Jacques-Cartier est maintenant rouvert à la circulation.
Les deux militants écologistes qui ont escaladé le pont Jacques-Cartier mardi matin, forçant sa fermeture en pleine heure de pointe matinale, ont été arrêtés par les policiers de la Sûreté du Québec (SQ) et pourraient faire face à des accusations de méfait. Le pont Jacques-Cartier a été rouvert à la circulation.
Vers midi, la Sûreté du Québec (SQ) a indiqué que l'opération policière sur le pont était terminée.
«La situation revient tranquillement à la normale, les voies de circulation sont maintenant ouvertes. Nous remercions la population de sa patience et de sa confiance», a écrit la SQ sur le réseau social X, environ sept heures après la fermeture du pont.
L’opération sur le Pont Jacques-Cartier est maintenant terminée. La situation revient tranquillement à la normale, les voies de circulation sont maintenant ouvertes. Nous remercions la population de sa patience et de sa confiance.
— Sûreté du Québec (@sureteduquebec) October 22, 2024
«Les deux individus ont été arrêtés après l'intervention du groupe tactique d'intervention et de son partenaire, le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM)», a précisé la porte-parole de la SQ Camille Savoie, en indiquant que les «deux personnes seront rencontrées par les enquêteurs» et «qu'elles s'exposent à des accusations criminelles».
Vers 11 heures, les militants écologistes, accompagnés d'agents de police, sont descendus de la structure du pont Jacques-Cartier, après avoir passé presque tout l'avant-midi au sommet.
Selon le Collectif Antigone, qui est composé de «grimpeurs activistes d'expérience», les deux militants ont grimpé sur la structure du pont reliant Montréal à la Rive-Sud vers 5 heures mardi matin. Le coup d'éclat s'est fait de concert avec le groupe Last Generation Canada
La Ville de Montréal n’est pas prête à faire face à de tel évènement, mentionne Maryo Bellemare, chroniqueur à la circulation, en entrevue à Noovo Info.
«On n'apprend pas de nos erreurs, ce n’est pas la première fois que quelqu’un monte sur la structure», explique-t-il.
Voyez le reportage de Marika Simard dans la vidéo.
Une fois rendus au sommet d'une des deux pointes du pont, les deux grimpeurs ont déployé une bannière rouge sur laquelle on pouvait lire: «Le pétrole nous tue.» Le message était inscrit en français et en anglais.
«La vue est super belle, mais ce qu'on vient faire ici, c'est sérieux», a lancé l'un des grimpeurs, qui se présente comme s'appelant Olivier, membre de Last Generation, dans une vidéo tournée depuis le sommet du pont et diffusée sur les réseaux sociaux.
Il a rappelé que le 8 octobre 2019, trois militants d'Extinction Rebellion avaient aussi grimpé sur la structure du pont Jacques-Cartier. À son avis, dans les cinq années écoulées depuis, l'urgence climatique s'est aggravée et les gouvernements n'ont pris aucune mesure significative pour inverser cette tendance.
Olivier a assuré que lui et son collègue Jacob étaient en sécurité. Dans la vidéo, on pouvait voir que les deux hommes portaient un casque et disposaient de l'équipement spécialisé dont ils ont eu besoin pour escalader l'imposante structure verte.
«C'est très important de faire tout ce qu'on peut pour sonner l'alarme, apporter des changements et faire des pressions sur les autorités. Tous ensemble, on est capables de faire la différence», a-t-il martelé.
La fermeture du pont Jacques-Cartier en pleine heure de pointe matinale a inévitablement entraîné de la congestion sur les autres axes routiers, surtout sur la Rive-Sud. Plusieurs automobilistes se sont retrouvés pris au piège.
Selon le lieutenant Benoit Richard, qui est porte-parole pour la SQ, malgré ce constat, il aurait été impossible de maintenir une voie de circulation ouverte sur le pont pendant l'opération, et ce, pour des raisons de sécurité.
«Si ça prend dix minutes, ça va prendre dix minutes, mais si ça prend plus de temps que ça, on va s'assurer de la sécurité des gens qui sont impliqués», avait-il affirmé lors d'une mêlée de presse vers 7 h 30.
En entrevue avec Noovo Info, une porte-parole du groupe Antigone, Sandrine Giérula, a souligné que le collectif réclamait «la fin à l’industrie fossile» et souhaitait «une transition juste de cette énergie».
«Je comprends la frustration des gens [impactés par la fermeture du pont] ce matin. J’invite les gens à déposer la frustration portée envers les activités qui essaient de scander un message envers nos gouvernements […] On est ici parce qu’on a essayé tous les autres moyens. Pétitions, manifestations, travaux dans les cours municipales […] Malheureusement, on n’agit pas», a-t-elle ajouté.
Last Generation Canada réclame notamment que le gouvernement fédéral adhère au Traité de non-prolifération des combustibles fossiles, «afin d'arrêter l'extraction et la combustion du pétrole, du gaz et du charbon d'ici 2030 et de soutenir et financer d'autres pays pour qu'ils effectuent une transition rapide, équitable et juste».
Les deux groupes demandent aussi à Ottawa de créer une agence nationale de gestion des urgences pour répondre aux catastrophes climatiques, comme les feux de forêt et les inondations, et réclament la fermeture de l'oléoduc 9B d'Enbridge, qui transporte du pétrole de l'Ouest canadien jusqu'au Québec.
Sur Facebook, Antigone rappelle qu'un coup d'éclat similaire a eu lieu en 2019 pour dénoncer l'inaction du gouvernement fédéral dans la lutte contre les changements climatiques.
Le groupe soutient que, dans les cinq dernières années, l'urgence climatique s'est aggravée et que le gouvernement fédéral n'a pris aucune mesure significative pour inverser cette tendance.
Le 8 octobre 2019, trois militants d'Extinction Rebellion avaient aussi grimpé sur la structure du pont Jacques-Cartier, ce qui avait forcé la fermeture des voies de circulation pendant plus d'une heure. Les trois manifestants avaient ensuite été arrêtés.
Dans une déclaration écrite transmise à La Presse canadienne, le ministre fédéral de l'Environnement, Steven Guilbeault, a soutenu qu'il ne s’excusera pas de travailler au sein du «seul parti fédéral à disposer d'un plan climatique crédible».
«Les mesures que nous avons mises en place nous ont permis de passer d'une situation où, en 2015, nous devions rater nos objectifs en matière d'émissions à une situation où, pour la première fois, les émissions diminuent alors que l'économie tourne à plein régime», a-t-il fait valoir.
En 2001, M. Guilbeault, qui militait alors pour Greenpeace, avait lui-même fait les manchettes lorsqu'il a escaladé la tour du CN, à Toronto. Avec son collègue Chris Holden, il a déployé une bannière sur laquelle on pouvait lire: «Canada and Bush – Climate Killers».
«J'apprécie la mobilisation de ce groupe en faveur de l'action climatique et je l'invite à se pencher plus avant sur notre bilan. En tant que militant, je préfère les méthodes de lutte qui permettent de garder la population de notre côté», a ajouté le ministre dans sa déclaration.
Avec la collaboration de Julien Denis pour Noovo Info.