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Le gouvernement affirme que cette mesure vise à éliminer un arriéré de près d'un quart de million de demandes d'asile à la fin du mois de septembre.
La décision d'Ottawa de suspendre les demandes de parrainage privé de réfugiés émanant d'organismes communautaires et de groupes de plus de cinq personnes a pris les organismes d'aide au dépourvu.
La codirectrice générale du Conseil canadien pour les réfugiés, Lauren Lallemand, a indiqué que son groupe avait rencontré le ministre de l'Immigration, Marc Miller, et des responsables fédéraux lors d'une conférence qui s'est tenue du 26 au 28 novembre, et que l'idée de suspendre les demandes n'avait pas été évoquée.
Mme Lallemand a confié que cette nouvelle les a «beaucoup surpris», ajoutant qu'il ne s'agit pas de quelque chose dont le ministre leur avait dit qu'il envisageait.
Elle raconte que son organisme a «vraiment l'impression que c'est une trahison envers le besoin de protection que ressentent de nombreuses personnes à l'étranger, et en particulier leurs familles au Canada qui espèrent les faire venir ici.»
Un responsable du bureau de M. Miller a déclaré que les groupes concernés, dont le Conseil canadien pour les réfugiés, avaient été informés de la suspension avant la publication de l'avis vendredi, bien qu'ils aient reconnu que l'avertissement n'avait pas eu lieu longtemps avant l'annonce.
Le gouvernement affirme que cette mesure vise à éliminer un arriéré de près d'un quart de million de demandes d'asile à la fin du mois de septembre.
Plus de 90 000 d'entre elles proviennent du programme de parrainage privé, selon les responsables de l'immigration. Le gouvernement affirme qu'environ 80 % des demandes complétées au cours des six derniers mois ont été traitées dans les 40 mois suivant le dépôt initial.
Les demandes soumises avant que la pause ne soit officialisée vendredi seront toujours traitées.
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D'après le nouveau plan des niveaux d'immigration, le gouvernement prévoit d'admettre environ 58 000 réfugiés l'année prochaine, dont 23 000 provenant de demandes parrainées par le secteur privé. D'ici la fin de 2027, l'objectif est d'accueillir environ 66 000 réfugiés parrainés par le secteur privé.
La suspension n'affecte pas les détenteurs d'accords de parrainage, dont beaucoup sont des organisations culturelles et des groupes religieux, comme le Comité central mennonite, qui dispose d'environ 400 permis par an.
Brian Dyck, coordonnateur national de la migration et de la réinstallation pour le Comité central mennonite, a indiqué que le gouvernement a le contrôle total du nombre de visas délivrés aux titulaires d'accords de parrainage, contrairement aux demandes de parrainage privé qui arrivent.
«Nous avons écrit une lettre au ministre au début du mois de novembre pour lui dire que nous pensons qu'il est important d'augmenter le nombre de réfugiés permanents parrainés par le secteur privé qui arrivent parce que nous constatons un arriéré, a expliqué M. Dyck. Nous préférions qu'ils augmentent le nombre d'arrivées. Ils ne l'ont pas fait. C'était donc essentiellement l'autre option pour essayer de limiter le nombre de demandes qui arrivent.»
Le Conseil canadien pour les réfugiés a également demandé une «augmentation» d'un an du nombre de visas délivrés afin de mieux résorber l'arriéré de traitement.
«Nous pensons qu'il s'agit d'une demande beaucoup plus juste et raisonnable que de pénaliser les personnes qui essaient de faire venir des réfugiés au Canada simplement parce que le gouvernement n'a pas géré correctement son inventaire de dossiers», a soutenu Mme Lallemand.
La codirectrice du Conseil canadien pour les réfugiés a ajouté qu'il était «déchirant» de ne pas avoir été prévenu à l'avance de cette pause, soulignant qu'il peut falloir des mois pour constituer des demandes de parrainage privé de réfugiés.
«Se rendre compte du jour au lendemain que votre capacité à soumettre une demande a été supprimée, cela montre simplement un niveau d'insensibilité que nous trouvons très choquant», s'est exclamée Mme Lallemand.
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés estime que plus de 117 millions de personnes dans le monde ont été déplacées de force de leur domicile. Ils affirment que ce chiffre a augmenté chaque année au cours des 12 dernières années.
Avec ce besoin croissant, Brian Dyck a souligné que le Canada doit continuer à agir en tant que leader mondial en matière de soutien aux réfugiés. «La réinstallation dans un pays comme le Canada n'est pas la seule solution, c'est même une petite partie de la solution, mais c'est une solution et nous devons en faire partie, a-t-il rappelé. Nous sommes des leaders dans ce domaine. Je pense donc qu'il est important pour nous de continuer à créer des espaces pour les réfugiés qui viennent au Canada.»
Le gouvernement a reconnu que la pause affecterait les organisations d’aide aux réfugiés et a déclaré qu’il travaillerait avec des agences partenaires sur des améliorations à plus long terme du programme de parrainage privé des réfugiés.