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«On est encore dans une espèce de système à trois.»
À l'aube de la rentrée, des familles-éducatrices qui font l'école à la maison estiment ne pas avoir accès aux ressources et aux services auxquels elles ont droit, une question qui sera abordée lors d'un congrès annuel le 7 septembre prochain au Collège Jean-Eudes, à Montréal.
L'Association québécoise pour l’éducation à domicile (AQED), un organisme à but non lucratif qui offre un soutien aux familles qui scolarisent leurs enfants à domicile au Québec, affirme que des familles n'arrivent pas à se procurer des ressources et des services par l’entremise des centres de services scolaires.
Au Québec, le Règlement sur l’enseignement à la maison, issu de la Loi sur l’instruction publique, encadre les familles-éducatrices et détermine certaines des conditions et des modalités qui doivent être remplies pour qu'un enfant puisse être scolarisé de cette façon.
Le règlement, relativement récent, prévoit également le soutien et l'encadrement que doivent fournir les commissions scolaires et les centres de services scolaires (CSS) à ces enfants.
Or, selon des sondages récents réalisés par l'AQED auprès de ses membres, plus du tiers des 196 familles répondantes ont confirmé avoir essuyé un refus pour au moins un service garanti par la loi. Plus du tiers des familles ont également affirmé que la lourdeur des démarches afin d'accéder à un service les a découragées.
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L'AQED soutient qu'elle se retrouve entre deux chaises, à devoir rendre des comptes au ministère de l'Éducation, mais à devoir approcher les CSS pour des services.
«Même si les CSS sont subventionnés par le gouvernement pour offrir ces services, les familles-éducatrices font face à des situations aberrantes et inacceptables en ne recevant pas les services auxquels elles ont droit», mentionne l'organisme.
«On est encore dans une espèce de système à trois», déplore la responsable des relations publiques de l'AQED, Émilie Salesse Gauthier. L'organisme soutient avoir envoyé des demandes d'accès à l'information dans tous les CSS pour tenter de comprendre comment est distribué l'argent qu'ils reçoivent pour soutenir les enfants éduqués à la maison. «On nous dit que les (CSS) ont de l'argent pour nous, mais qu'est-ce qu'ils ont fait avec cet argent-là? s'interroge Mme Salesse Gauthier. Pourquoi on ne met pas cet argent quelque part où les familles en ont besoin?»
«L'idée avec le règlement, c'était d'enlever cette dynamique-là, d'enlever des façons de faire différentes à travers les CSS. (...) On s'est fait avoir sur toute la ligne», déplore-t-elle, avant d'ajouter que cet enjeu fera l'objet d'un point d'information au début du congrès 7 septembre.
Le congrès est l'occasion pour les familles-éducatrices de se rencontrer et de dénicher une foule d'informations pour l’éducation à domicile.
L'AQED soutient que depuis l'arrivée au pouvoir de la Coalition avenir Québec, la collaboration est plus difficile avec le gouvernement. «On n’a pas eu d'écoute, ajoute Mme Salesse Gauthier. Il n'y a pas d'ouverture à travailler ensemble pour essayer de trouver des solutions.»
L’AQED affirme avoir fait depuis deux ans des demandes répétées pour rencontrer le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, mais sans succès. Le ministère de l'Éducation n'a pas répondu à une demande de commentaires de La Presse Canadienne envoyée mercredi.
Le nombre d'enfants scolarisés à la maison est de retour à la normale au Québec après des années record marquées par la pandémie de la COVID-19.
En date du 14 août 2024, il y avait 6002 enfants déclarés en enseignement à la maison, selon les chiffres du ministère de l'Éducation. Au plus fort de la pandémie, près du double d'enfants étaient scolarisés à la maison, soit 11 947 en 2020-2021 et 11 379 en 2021-2022.
Pour Émilie Salesse Gauthier, la peur de la transmission de la maladie, la difficulté pour les parents de jongler avec les exigences scolaires pendant le confinement - comme l'école à distance pour plusieurs enfants dans le même foyer - et des enjeux de services inadéquats ont pu motiver un plus grand nombre de familles à faire le saut.