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Lors d'une réunion pendant la manifestation du «convoi de la liberté», le chef de la police d'Ottawa de l'époque, Peter Sloly, aurait haussé le ton à plusieurs reprises et se serait emporté.
Un ancien haut gradé de la Police provinciale de l'Ontario a déclaré vendredi qu'on aurait pu mettre un terme aux manifestations du «convoi de la liberté» à Ottawa sans recourir à la Loi sur les mesures d'urgence.
Témoignant vendredi à l'enquête publique sur l'utilisation par le gouvernement fédéral de cette loi d'exception, l'ex-surintendant en chef Carson Pardy a par ailleurs affirmé que les plans étaient constamment retardés en raison de la confusion et de la désorganisation qui régnaient au sein de l'état-major de la police d'Ottawa.
M. Pardy estime que les pouvoirs d'urgence accordés par le gouvernement de l'Ontario étaient «essentiels», mais il croit que les manifestations auraient pu être arrêtées en utilisant un plan élaboré par la Police provinciale de l'Ontario (PPO), avant même que le gouvernement fédéral n'invoque la Loi sur les mesures d'urgence, le 14 février.
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Il soutient qu'après la démission du chef de la police d'Ottawa, Peter Sloly, le 15 février, les plans pour mettre fin à la manifestation ont été rapidement approuvés.
M. Pardy n'est pas le premier policier à avoir évoqué devant la commission cette semaine la désorganisation et la confusion qui semblaient régner dans les rangs du Service de police d'Ottawa. Il a indiqué vendredi que les premières rencontres avec le chef Sloly pendant les manifestations avaient été «non professionnelles et irrespectueuses».
Le surintendant de la PPO Craig Abrams a lui aussi exprimé jeudi et vendredi devant la commission plusieurs graves préoccupations en matière de sécurité et de logistique concernant la façon dont la police d'Ottawa avait géré la crise en janvier et février.
À un certain moment, le surintendant Abrams a refusé que des agents de la Police provinciale participent à l'opération visant à déloger les camions installés à l'angle de Rideau et de Sussex, en raison de préoccupations concernant la sécurité et le manque de planification. Lors de cette réunion, a-t-il dit, le chef Sloly a haussé le ton à plusieurs reprises et s'est emporté.
M. Abrams a aussi raconté qu'à un autre moment, les négociateurs de la PPO avaient convaincu des manifestants de retirer le carburant d'un campement de fortune sur le chemin Coventry, à l'est du centre-ville d'Ottawa.
Or, à l'insu des négociateurs, la police d'Ottawa a commencé à arrêter les manifestants qui quittaient les lieux et les a accusés de méfait, ce qui, selon M. Abrams, a retardé les efforts des négociateurs de la Police provinciale.
L'avocat de M. Sloly a par ailleurs déclaré vendredi que le nombre de policiers nécessaires pour déloger le «convoi de la liberté» n'était pas «sorti d'un chapeau», malgré les doutes exprimés plus tôt par l'officier Abrams, de la PPO.
Le surintendant Abrams avait déclaré à la commission qu'il était en réunion, en février, avec l'ancien chef Sloly, qui aurait dit à son personnel qu'il demanderait de doubler le nombre de policiers dont ils croyaient avoir besoin.
La déclaration a préoccupé suffisamment M. Abrams pour qu'il en parle à son supérieur hiérarchique. Le lendemain, le chef Sloly a demandé le renfort de 1800 policiers d'autres services.
«J'ai seulement dit que je me demandais comment ils pouvaient arriver à ce chiffre - et certainement de suggérer que ce soit le double», a déclaré vendredi matin M. Abrams lors d'un contre-interrogatoire serré mené par l'avocat de l'ex-chef Sloly, Tom Curry.
M. Abrams a déclaré qu'il se méfiait de cette demande, car comme il ne semblait pas y avoir de plan intégré en place à ce moment-là, il ne comprenait pas d'où pouvait sortir ce chiffre du double de policiers requis.
Ses commentaires ont conduit à un échange tendu avec l'avocat de M. Sloly, qui a accusé le surintendant Abrams d'avoir mis en doute la demande de renforts pour mettre fin à ce qui avait été considéré comme une occupation illégale de la capitale.
Me Curry a notamment demandé à M. Abrams s'il croyait à l'époque qu'il agissait dans l'intérêt de la police d'Ottawa, des résidents d'Ottawa et du gouvernement fédéral. Le surintendant de la Police provinciale de l'Ontario (PPO) a répondu qu'il agissait dans l'intérêt de ses policiers.
Le juge Paul Rouleau, qui préside la commission d'enquête, est intervenu à plusieurs reprises lors de l'échange corsé.
Me Curry a également accusé M. Abrams d'avoir transmis de fausses informations à la solliciteuse générale de l'Ontario, Sylvia Jones, sur le nombre d'agents de la Police provinciale qui donnaient un coup de main à Ottawa, ce qui a conduit la ministre à surestimer le nombre de policiers impliqués dans l'intervention.
M. Abrams a nié avoir induit la ministre en erreur: il affirme qu'il avait donné un chiffre à sa chaîne de commandement, mais qu'il n'était pas responsable de la manière dont ces agents étaient utilisés sur le terrain. Me Curry a soutenu que le surintendant n'avait jamais tenté de rectifier le chiffre par la suite.
«Ça a eu un impact sur l'évaluation par la GRC des besoins de la police d'Ottawa, sur la façon dont le public à Ottawa percevait la gestion de la situation par la police municipale, cela a eu un impact sur le conseil» municipal, a soutenu Me Curry.
Cette manifestation aura finalement été le plus important déploiement non planifié d'agents de la Police provinciale de l'Ontario dans toute l'histoire de ce corps policier.
La Commission des services policiers d'Ottawa a annoncé qu'Eric Stubbs, un commissaire adjoint de la GRC en Colombie-Britannique, deviendra le nouveau chef du Service de police d'Ottawa le 17 novembre.
La candidate à la mairie Catherine McKenney, qui a également témoigné devant la commission, a déclaré qu'il était inapproprié de prendre cette décision alors que l'enquête est en cours et que se tiendront lundi les élections municipales d'Ottawa.
M. Stubbs a déclaré que l'une de ses priorités serait d'aller au fond des choses sur ce qui s'est passé au sein des forces de police pendant les manifestations.