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L’employeur «aurait perdu le respect» des employés de l’usine.
Des employés de Lion Électrique ont déposé une requête pour se syndiquer au moment où le constructeur d’autobus et de camions électriques a fait des mises à pied dans un contexte d’affaires difficiles.
La requête, qui concerne les 200 à 250 employés de l’usine de Saint-Jérôme, a été déposée mardi auprès du Tribunal administratif du travail du Québec par l'Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l'aérospatiale (AIMTA). La nouvelle avait d’abord été éventée par le Journal de Montréal.
L’employeur «aurait perdu le respect» des employés de l’usine tandis que la société a fait deux rondes de mises à pied dans les derniers mois, avance le responsable du recrutement pour l’AIMTA, Éric Gagné, en entrevue. «Le point le plus important, c’est de protéger les emplois.»
En novembre, Lion avait annoncé la mise à pied de 150 employés, soit 10 % de ses effectifs, afin de réduire ses coûts. En février, Lion annonçait qu’elle avait mis à pied temporairement une centaine de personnes, «principalement» de la main-d’œuvre de quart de nuit à Saint-Jérôme.
L’entreprise affronte des vents de face tandis que le chemin vers la rentabilité est parsemé d’embûches, notamment en raison des délais de traitement des demandes de subventions par Ottawa dans le cadre du Fonds pour le transport en commun à zéro émission (FTCZE) d’Infrastructure Canada.
Les employés n’auraient pas aimé la façon dont Lion s’y serait prise pour mettre à pied les employés, affirme M. Gagné. Il affirme que lors de la première ronde de mises à pied de novembre, l’employeur aurait continué de faire affaire avec des sous-traitants, ce qui aurait déplu aux employés. «Ça a créé un peu de grogne à l'interne.»
Dans un contexte difficile, un syndicat protégerait mieux les travailleurs, selon M. Gagné. L’ancienneté et les listes de rappel amèneraient une certaine prévisibilité pour les travailleurs de l’usine de Saint-Jérôme. «Les gens s'aperçoivent que c'est fragile et qu'il n'y a rien qui les protège. Il n'y a pas de liste de rappels non plus.»
Les salaires seraient également une source d’insatisfaction de la part des employés. Le dévoilement de la rémunération des hauts dirigeants de 2022, l’an dernier, aurait aussi alimenté la grogne, raconte M. Gagné.
«Les grosses augmentations de salaire que les hauts dirigeants se sont prises pour ensuite dire aux gens qu’ils n’ont pas les moyens de leur donner plus que 3,5 % (aux employés)», déplore le recruteur syndical.
En 2022, la rémunération du président et fondateur, Marc Bédard, avait bondi de 134 % pour s’établir à 1,4 million $, principalement en raison d'un programme incitatif à long terme dont le versement n’est pas garanti, selon des documents réglementaires envoyés aux actionnaires.
La rémunération des hauts dirigeants obtenue en 2023 n’est pas encore connue.
La direction de Lion n’avait pas encore réagi à la démarche syndicale en milieu d’après-midi.
L’action de Lion perdait 4 cents, ou 2,22 % à 1,76 $ à la Bourse de Toronto en après-midi.