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La saignée des médias est loin d’être terminée alors qu’il faut s’attendre à des réductions importantes de postes à CBC/Radio-Canada.
La saignée des médias est loin d’être terminée alors qu’il faut s’attendre à des réductions importantes de postes à CBC/Radio-Canada.
Devant un parterre de quelque 300 convives invités par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, mardi, la présidente-directrice générale de la société d’État, Catherine Tait, a confirmé qu’il y aura une coupe de 100 millions $ dans le prochain budget annuel du diffuseur public et qu’«il y aura des décisions difficiles à prendre».
«C'est une situation sérieuse, mais on est au début d'un processus pour examiner tous nos scénarios. On essaie de couper et de réduire les dépenses comme les voyages ou les dépenses discrétionnaires», a-t-elle avancé.
Bien qu’il soit évident que de couper dans les voyages et autres dépenses ne permettra pas d’aller chercher 100 millions $ d’économies, Catherine Tait refuse de s’avancer plus loin lorsqu’il est question d’emplois menacés.
Pressée de questions à la suite de son allocution sur la répartition de ces compressions à venir entre les services français et anglais et entre l’information et les autres services de CBC/SRC, elle s’est contentée d’une réponse plutôt générique, affirmant que «chaque composante va contribuer d'une façon juste et équitable».
Elle a aussi rappelé que la société d’État a cessé de combler les postes vacants et que la direction possède «plusieurs outils pour minimiser l'impact sur nos employés et, surtout, sur nos services aux Canadiens».
Elle a cependant ajouté que, dans l’analyse des multiples scénarios qui est en cours, «c'est absolument important de protéger nos services d'information, essentiel même».
On pourrait en savoir davantage prochainement, alors que la haute direction se réunira avec le conseil d’administration «à la fin de novembre et puis là on va quand même commencer l'exercice», qui doit mener à un budget aminci pour l'exercice financier de l'année prochaine.
Catherine Tait a fait allusion aux pertes d’emplois chez TVA, à la fermeture de Métro et autres appauvrissements de l’offre d’information au Québec et ailleurs au Canada, parlant d’une tendance qui se poursuit dans l’industrie et qui est systémique.
«C'est maintenant clair: la concurrence déréglementée des géants numériques étrangers est en train d'asphyxier notre industrie», a-t-elle plaidé.
«En plus du déclin des revenus tirés des abonnements et de la publicité à la télévision traditionnelle, la transition de nos médias vers le numérique est compliquée par la domination de Meta et de Google sur ce marché publicitaire en croissance», a expliqué la PDG de Radio-Canada, tout en dénonçant le blocage des nouvelles par Meta qui, en plus d’ajouter aux difficultés de l’industrie, «laisse les fausses nouvelles se propager sur Facebook et Instagram».
Comme tous les analystes qui se sont penchés sur le problème, elle estime qu’il s’agit d’un problème structurel et systémique où les géants numériques ont l'avantage d'un marché mondial, d’une absence de réglementation et qui n’ont un seul objectif, soit d’engranger des revenus. «Ils n’ont pas le mandat de servir le public.»
En discussion avec Mme Tait, le président de la Chambre de commerce, Michel Leblanc, a reconnu que «tout le système d'information, qui est absolument essentiel, est fragilisé et le grand paradoxe de la situation, c'est que peut-être depuis des décennies c'est le moment où on a le plus besoin d'avoir un système d'information indépendant, basé sur des faits».
Il a insisté sur l’importance, pour le milieu d'affaires, «d'avoir un système extrêmement rigoureux, un système bien soutenu, un système qui a sa place» en matière d’information.
Mme Tait s’est aussi longuement attardée sur l’importance d’avoir un diffuseur public et sur ses craintes de voir l’existence de ces services s’éroder, érosion déjà amorcée dans certains pays, une situation qu’elle impute au populisme. Selon elle, la présence d’un diffuseur public réduit la polarisation grâce à la production d’une information indépendante.
Ironiquement, son discours a été interrompu à trois reprises par des manifestants propalestiniens qui ont accusé la société d’État de contribuer au génocide palestinien en refusant de le nommer comme tel dans sa couverture de l’actuel conflit israélo-palestinien.
Mme Tait a répliqué qu’elle avait essuyé des critiques exactement opposées sur la couverture du conflit provenant de membres de la communauté juive alors qu’elle comparaissait en commission parlementaire, une illustration, selon elle, de cette polarisation issue des réseaux sociaux.