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La douleur chronique que ressentent les hommes et les femmes est produite par des mécanismes différents, constate une nouvelle étude à laquelle ont participé des chercheurs québécois, ce qui signifie qu'elle doit aussi être combattue de manière différente
La douleur chronique que ressentent les hommes et les femmes est produite par des mécanismes différents, constate une nouvelle étude à laquelle ont participé des chercheurs québécois, ce qui signifie qu'elle doit aussi être combattue de manière différente.
Cela pourrait également expliquer pourquoi certaines douleurs chroniques, comme les migraines ou la fibromyalgie, sont beaucoup plus prévalentes chez les femmes que chez les hommes. Les femmes ont aussi une plus grande sensibilité aux stimuli mécaniques, thermiques, électriques et chimiques.
Il n'est pas ici question de l'intensité de la douleur ressentie, ni de régler le débat interminable quant à savoir qui de monsieur ou de madame souffre réellement le plus. Les chercheurs ont plutôt découvert que les mécanismes neuronaux qui conduisent à la douleur inflammatoire chronique ne sont pas les mêmes chez les deux sexes.
«L'événement (qui cause la douleur) est le même, mais le chemin pour y arriver, toute la réaction de notre corps, n'est pas le même», a résumé un des responsables de l'étude, le professeur Yves De Koninck de la Faculté de médecine et du Centre de recherche CERVO de l'Université Laval.
L'équipe de M. De Koninck et celle du professeur Michael Hildebrand, de l'Université Carleton, ont utilisé des tissus de moelle épinière prélevés chez 10 femmes et 12 hommes après leur décès, ainsi que des souris mâles et femelles, pour étudier les mécanismes neuronaux qui sous-tendent la douleur inflammatoire chronique.
Ils constatent dans les pages du journal médical Brain que la protéine BDNF, qui accroît la sensibilité à la douleur, n'a pas le même effet sur les tissus humains masculins et les souris mâles que sur les tissus humains féminins et les souris femelles.
«On a vu qu'il y avait une différence fondamentale entre l'homme et la femme, a dit M. De Koninck. Ce qu'on a vu, c'est qu'un des mécanismes, un des signaux neurochimiques qu'on avait identifiés chez l'homme, ce n'est pas celui qui fonctionnait pour dérégler (...) chez les femmes».
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Certains syndromes de douleur chronique sont plus présents chez les femmes que chez les hommes, poursuit-il, «mais ce n'est pas parce que les femmes sont plus faibles, ce n'est pas parce qu'elles sont moins résistantes ou quoi que ce soit... c'est juste que c'est différent, et la probabilité que ça se produise est plus grande».
Règle générale, les études scientifiques ont pendant longtemps été réalisées chez des mâles, sous prétexte que l'absence d'hormones les rendait plus simples à étudier. On supposait ensuite que les résultats obtenus s'appliquaient aux deux sexes, ce qu'on sait aujourd'hui ne pas être nécessairement vrai.
Ainsi, une étude publiée récemment dans le Journal of Neuroscience par l'équipe du professeur De Koninck et celle de Theodore Price, de l'Université du Texas, montrait qu'un peptide impliqué dans la migraine, le CGRP, exacerbe la douleur chez les femelles, mais non chez les mâles.
Face à ces nouvelles connaissances, a dit M. De Koninck, on doit tenter de trouver, si c'est possible, un « tronc commun » qui permettra d'attaquer efficacement la douleur chronique aussi bien chez l'homme que chez la femme. Mais si ce n'est pas possible, on devra alors concevoir des stratégies uniques pour chacun.
«En élucidant un peu toutes les pièces du puzzle, ça va nous ouvrir la porte à développer certains médicaments, a-t-il conclu. On parle beaucoup de la médecine personnalisée, de la médecine de précision, eh bien ça en fait partie».
On estime qu'entre 20 % et 25 % de la population connaîtra au moins un épisode de douleur chronique pendant sa vie.