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Le groupe cherchait à leurrer les présumés pédophiles avec des photos explicites, truquées pour donner l'impression qu'il s'agissait de mineures.
Les principaux acteurs d'un groupe de «chasseurs de pédophiles» autoproclamés se retrouvent devant les tribunaux pour répondre à une kyrielle d'accusations dont, ironiquement, avoir distribué de la pornographie juvénile.
Le Service de police de la Ville de Gatineau a procédé, jeudi, à l’arrestation de six personnes qui devaient comparaître durant la journée sous un total de 38 chefs d’accusation.
Cinq des suspects, quatre hommes et une femme âgés de 24 à 27 ans originaires de Gatineau, font face à des accusations de distribution de pornographie juvénile et de harcèlement criminel. Des accusations d’intimidation et de séquestration ont également été déposées dans certains dossiers. Le sixième suspect, un homme de 40 ans de Luskville, dans la MRC de Pontiac, est accusé de harcèlement criminel, intimidation et séquestration.
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Leurs activités étaient largement publicisées sur les réseaux sociaux, les supposés justiciers se filmant allant à la rencontre de présumés pédophiles à la suite d’un contact trompeur en ligne.
Les accusations de distribution de pornographie juvénile sont liées aux méthodes utilisées par les suspects.
«Leur but, c'était de tenter d'hameçonner des présumés pédophiles», a raconté l’agente Andrée East, du SPVG, en entrevue avec La Presse canadienne. Le groupe cherchait à leurrer les présumés pédophiles avec des photos explicites truquées pour donner l’impression qu’il s’agissait de mineures.
«Il y a eu des échanges de photos durant les conversations (en ligne) et ce que la loi dit, quand on partage une photo, que c'est du matériel pornographique explicite et qu'on prétend que ça représente une personne d'âge mineur, même si réellement ça n’en est pas une, ça devient de la pornographie juvénile. C'est considéré comme tel, même si en vérité ça ne représente pas vraiment le corps d'une personne mineure», explique l’agente East.
Les activités du groupe ont été portées à l’attention du SPVG au début de l’année. «Au mois de janvier 2023, on a été mis au fait du phénomène. Nous avons immédiatement émis des communications pour dire qu'on n’encourageait pas ce type d'initiative. Le 31 janvier, la personne qui est vraiment à l'origine du mouvement a été rencontrée par un de nos enquêteurs pour lui expliquer les risques auxquels elle s'exposait.»
De toute évidence, l’avertissement n’a pas porté.
Pourtant, aucun des présumés pédophiles ciblés par ces «chasseurs» ne fait l’objet de quelque plainte ou accusation que ce soit. D’ailleurs, l’agente East n’a pas caché que les suspects agissaient en amateurs. «Nous, avec ce qu'on a qui provient de leurs activités, on n'a pas assez d'éléments pour pouvoir apprécier s’il y a vraiment une infraction qui a été commise. Aussi il y a des lois et des techniques à respecter et ce n'est pas certain que la façon dont ils ont procédé serait admissible en preuve à la Cour.»
En fait, non seulement ont-ils échoué à démasquer et faire arrêter quelque présumé pédophile que ce soit, mais ce sont plutôt ces derniers qui ont fait en sorte de les envoyer devant les tribunaux. «Nous avons eu des signalements de gens qui étaient inquiets de voir comment le phénomène prenait de l'ampleur, mais on a aussi des gens qui avaient été victimes d'infractions criminelles de la part de ces (suspects)», a indiqué l'agente East.
En plus des arrestations, des perquisitions aux domiciles des suspects ont permis de saisir du matériel informatique, des armes à feu mal entreposées ainsi qu'une petite quantité de cannabis.