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Art et culture

Des artistes de la coiffure et du maquillage affectés par les grèves à Hollywood

«Mon travail a été en grande partie effacé. Honnêtement, je n'ai pas de plan B», a dit le maquilleur Matin Maulawizada.

 Les piqueteurs portent des pancartes à l'extérieur de Netflix le 9 août 2023 à New York.
Les piqueteurs portent des pancartes à l'extérieur de Netflix le 9 août 2023 à New York.

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Associated Press
Associated Press

Bon nombre de coiffeurs, maquilleurs et stylistes des ongles d'Hollywood se sont retrouvés sans travail en raison des grèves des acteurs et des scénaristes, à un moment où ils étaient encore en train de reconstruire leurs moyens de subsistance après les mois douloureux des fermetures dues à la pandémie de COVID-19.

Ils ne sont pas les seuls, bien sûr, puisque les scénaristes et les acteurs tiennent des piquets de grève dans leurs conflits contractuels avec les studios et les services de diffusion en continu. Les équipes et le personnel de soutien de tous les secteurs du divertissement — production, promotion, assistants — sont également au chômage d'un bout à l'autre du pays.

«Pendant les trois, quatre ou cinq mois qui ont précédé la grève des scénaristes, les studios n'étaient pas prêts à lancer des projets, si bien que beaucoup d'entre nous sont au chômage depuis bien plus longtemps», explique Linda Dowds, une maquilleuse sexagénaire de Los Angeles qui travaille dans le cinéma et la télévision depuis 1987.

Les scénaristes se sont mis en grève le 2 mai. Les acteurs ont suivi le 14 juillet. On ignore encore combien de temps dureront les grèves.

Dans plus d'une dizaine d'entrevues, des spécialistes en costume, coiffure, maquillage et des ongles ont témoigné qu'ils craignaient de perdre leur logement et leur assurance maladie alors qu'ils s'efforçaient de trouver des solutions de rechange.

Même si les studios et les diffuseurs parviennent rapidement à un accord avec la Writers Guild of America et la SAG-AFTRA, les syndicats représentant les scénaristes et les acteurs respectivement, il faudra des semaines pour que les productions reprennent.

Mme Dowds, qui a partagé un Oscar pour son travail sur L'incroyable histoire de Miss Tammy Faye, affirme se trouver dans un «état d'anxiété accru» à cause des grèves. Elle se considère toutefois comme l'une des plus chanceuses.

Elle a passé des années à enchaîner les projets, ce qui lui a permis de conserver son assurance maladie auprès de la guilde des artistes maquilleurs et coiffeurs.

Pas de plan B

La coiffeuse Kim Kimble 52 ans, qui a travaillé avec Beyoncé et Taraji P. Henson, ainsi que sur Dreamgirls, appartient au même syndicat que Mme Dowds. Elle n'a aucune idée de ce qu'elle pourrait faire d'autre.

«La coiffure est ce que j'aime», fait valoir Mme Kimble, à Los Angeles. «Il n'y a vraiment rien d'autre. Et j'aime ce métier, alors j'ai du mal à comprendre où je pourrais aller.»

Le maquilleur Matin Maulawizada est basé à New York, mais il voyage souvent un peu partout sur la planète. Il travaille avec des acteurs et d'autres célébrités sur les plateaux de télévision, les tapis rouges et des talk-shows.

«Mon travail a été en grande partie effacé. Honnêtement, je n'ai pas de plan B», dit-il.

Les grèves surviennent après des années de baisse de salaire pour leur travail.

«Je n'exagère pas en disant que nous gagnons un dixième pour le même travail qu'en 2005», expose M. Maulawizada.

«Si vous travailliez avec un client de premier plan, vous pouviez facilement gagner entre 3500 et 5000 $ pour un tapis rouge. Aujourd'hui, vous avez de la chance si vous obtenez 500 dollars.»

Inquiétudes monétaires

Julie Kandalec, manucuriste à New York, travaille depuis près de 13 ans avec des célébrités (Emily Blunt, Storm Reid et Selena Gomez, entre autres). Elle enseigne également en ligne les compétences entrepreneuriales aux professionnels de la beauté, une activité secondaire lucrative qui l'aide à subvenir à ses besoins.

En plus, elle travaille avec des marques et a conservé un réseau de contacts en dehors de la bulle hollywoodienne.

Pourtant, elle s'inquiète de ne pas pouvoir payer son loyer. «Avec les Emmys, rien que ça, c'est difficile», explique Mme Kandalec.

Pour Matin Maulawizada, 59 ans, une longue grève des acteurs serait synonyme de réussite ou d'échec. S'il se prolonge jusqu'en décembre, lui et son conjoint, enseignant, devront vendre leur maison.

«Si je n'ai pas de travail dans le mois qui vient, je m'inquiéterai de ne pas pouvoir payer mes factures.»
-Matin Maulawizada, maquilleur basé à New York

M. Maulawizada est particulièrement préoccupé par les collègues qui se concentrent uniquement sur le cinéma.

«Ils n'ont pas de présence en ligne, car ils travaillent 16 heures par jour dans les coulisses, à regarder leurs écrans pour s'assurer que les acteurs et les actrices ont l'air bien. Et ce sont les experts des experts.»

Il tente de renverser la situation pendant les grèves, en proposant aux marques de donner de l'argent aux maquilleurs professionnels en échange de vidéos sur les réseaux sociaux montrant comment utiliser les produits. Quelques marques se sont d'ores et déjà engagées.

Le milieu du maquillage se trouve dans la même situation difficile que les personnes qui exercent des dizaines d'autres emplois dans l'industrie du divertissement.

Whitney Anne Adams est une costumière qui travaille principalement sur des longs métrages. «À part un petit projet de deux mois, je n'ai pas travaillé depuis novembre 2022, car le ralentissement avait déjà commencé l'année dernière», confie-t-elle.

Mme Adams, basée à Richmond, en Virginie, s'est consacrée au travail syndical. Elle appartient à deux sections syndicales, toutes deux affiliées à la même organisation que celle qui regroupe les coiffeurs et les maquilleurs.

«Nous négocierons nos contrats l'année prochaine. Nous espérons que la solidarité qu'ils ressentent aujourd'hui de notre part nous reviendra à ce moment-là», indique Mme Adams à propos des travailleurs syndiqués actuellement en grève.

«Nous avons tous des besoins très similaires et nous travaillons tous côte à côte. S'ils n'obtiennent pas un contrat équitable, ce sera vraiment mauvais pour nous tous dans ce secteur.»

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Associated Press
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