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«Il est indéniable que Koray Kevin Celik a été victime de brutalité policière.»
La famille de Koray Kevin Celik, jeune homme tué lors d’une intervention du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) en 2017, demande à nouveau gouvernement Legault de mettre sur pied un comité indépendant pour réexaminer la possibilité de porter des accusations criminelles contre les policiers impliqués dans les événements.
La famille Celik passe cette demande au ministère de la Justice la veille du début d’un procès en déontologie policière en lien avec le drame.
«Ils ont tué mon garçon devant nos yeux, mais le DPCP a dit que la version du BEI était suffisante», a lâché Cesur Celik, père de Koray Kevin Celik. «Ils sont biaisés. Ce n'est pas acceptable.»
Les Celik ont le soutien de la Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP) ainsi que de la Ligue des droits et libertés (LDL) dans cette demande faite au ministre Simon Jolin-Barette.
La Cour d'appel du Québec a statué en décembre dernier que le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), organisme de surveillance de la police de la province, a «manqué d'impartialité» dans sa description de l’intervention de la police de Montréal qui s’est soldée par la mort de Koray Kevin Celik.
La LDL y voit un argument pour renverser la décision du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) de ne pas porter d’accusations dans le dossier.
«Il est indéniable que Koray Kevin Celik a été victime de brutalité policière et que le mécanisme d’enquête au Québec n’est toujours pas impartial, indépendant de la police et transparent», a écrit Lynda Khelil, porte-parole de la LDL, dans un communiqué diffusé lundi.
La famille Celik, leurs avocats, la CRAP et la LDL affirment que le ministre Jolin-Barrette leur a déjà répondu, après lui avoir fait cette demande «à plusieurs reprises en 2023 et 2024», qu’il appartient au DPCP de décider de la création ou non d’un comité indépendant dans le dossier du décès de Koray Kevin Celik.
«Toutefois, la décision de la Cour d’appel Ouellet c. R. confirme le pouvoir du ministre de la Justice de suggérer la mise sur pied d’un comité externe afin de réévaluer la preuve ayant mené à la décision du DPCP de ne pas porter d’accusation dans un dossier», argumentent les demandeurs.
Par courriel, le cabinet du ministre de la Justice a indiqué «qu'il appartenait au DPCP et non au ministère de la Justice de décider de l'opportunité de créer un comité indépendant».
Koray Kevin Celik est décédé le 6 mars 2017 après que la police a été appelée au domicile de sa famille à l'Île-Bizard.
Selon des documents judiciaires, Celik était en détresse et avait consommé de l'alcool et des médicaments prescrits par son dentiste. Ses parents ont téléphoné au 911 pour l'empêcher de prendre le volant.
Il est décédé à la suite d'une altercation avec les policiers. Dans son communiqué de presse, le BEI indique que Celik s'est montré agressif envers les quatre agents impliqués et «n'a pas obéi à leurs ordres».
Mais ses parents, qui ont été témoins de l'altercation, ont déclaré que la réaction de la police avait été disproportionnée, affirmant que les agents avaient frappé leur fils au sol avant qu'il ne cesse de respirer.
Dans son rapport d’enquête publique, le coroner a conclu que l’intervention policière a «provoqué la cascade des événements qui, ultimement, a conduit au décès de M. Celik». «Pour l’intoxication/réaction adverse à un mélange d’alcool, de médicaments et de drogues d’abus, il est possible que cette combinaison provoque un décès, mais ce n’est pas nécessairement probable au présent dossier», a écrit Me Luc Malouin. «Les drogues d’abus ont été retrouvées dans les urines, de sorte que M. Celik n’en avait plus dans le sang au moment de son décès.»
Le DPCP n'avait pas engagé de poursuites pénales à l'encontre des agents impliqués.
«Le coroner Malouin a conclu que les policiers — contrairement à la prétention du DPCP — que l'utilisation de la force par les policiers dans les circonstances n'était pas justifié parce que les policiers étaient responsables de l'escalade des événements et du comportement de Koray. Il était tout à fait légitime d'agir dans la manière qu'il a agi dans les circonstances», a expliqué Me François Mainguy, avocat de la famille Celik.
Avec de l'information de CTV News et en collaboration avec Audrey Bonaque
Note de la rédaction: La version initiale disait que le rapport du coroner indiquait que la mort de Kevin Koray Celik a été causée par une réaction négative à l'alcool et aux drogues présents dans son organisme. Ceci est faux – c'est plutôt un rapport en pathologie qui arrivait à cette conclusion – conclusion remise en question par le coroner. Pour plus d’information, consultez les normes éditoriales de Noovo Info.