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Départs massifs à l'Institut psychiatrique Philippe-Pinel de Montréal
Pas moins de 154 employés de l'Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel de Montréal ont quitté leur poste depuis deux ans.
Cet Institut évalue et traite des patients présentant un risque élevé de comportements violents. Des individus qui pourraient être dangereux s'ils se retrouvaient en liberté dans la société.
La situation est devenue problématique, voire dangereuse pour les employés demeurant en poste, affirme Marie-Ève Désormeaux, présidente du Syndicat des employés de l’Institut Philippe-Pinel (SCFP-2960) et sociothérapeute à l'Institut depuis 18 ans.
«On a besoin de l'expertise des gens et quand ils quittent ça met les équipes sous tension. On travaille au minimum tout le temps. Les gens ne sont pas remplacés ou sont remplacés par les mauvais types d'emploi», a-t-elle dit.
Les employés appelés Intervenants spécialisés en pacification et en sécurité (ISPS) quittent leur emploi pour occuper des postes plus payants et surtout plus sécuritaires.
«Nos relations de travail, ça ne va pas très bien. Une augmentation de 900% de nos plaintes à la CNESST. Les cadres désertent, les ressources humaines se vident. De plus, nos employés sont mal payés surtout nos ISPS. Ils quittent en masse pour aller travailler dans les pénitenciers parce que c'est plus payant et moins dangereux», a ajouté la présidente syndicale Marie-Ève Désormeaux.
Pour freiner cet exode, le syndicat réclame une prime de rétention de 10% ce qui a été refusé par la direction en décembre dernier. En plus de conditions salariales désavantageuses, les intervenants font face à une clientèle difficile. Ces derniers mois, plusieurs agressions violentes se sont produites. Des employés blessés ont préféré ne pas revenir au travail.
Sur les 840 employés de l'Institut, 155 sont actuellement en congés de maladie, sans solde, en congés parentaux ou autres. L'an dernier, 8 plaintes ont été déposées à la CNESST, un record.
«Nous n'acceptons pas que le gouvernement du Québec laisse pourrir la situation à l'Institut Pinel. Nous n'acceptons pas qu'il joue ainsi avec la vie des travailleurs et des travailleuses, des patients, du public. C'est un exemple très fort de la négligence que l'on retrouve un peu partout dans le réseau de la santé et des services sociaux. Si le gouvernement a autant d'argent pour les agences de placement privées, pourquoi a-t-il refusé un investissement essentiel pour retenir les ISPS ? », s'est questionné Maxime Ste-Marie, président du Conseil provincial des affaires sociales (CPAS-SCFP).
Exécédés par la situation, des travailleurs devaient manifester cet avant-midi devant l'Institut pour réclamer de meilleures conditions d'emploi. Une manifestation similaire s'est tenue en décembre 2021. Le contrat de travail des employés de l'Institut Philippe-Pinel arrivera à échéance à la fin du mois de mars.