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«Je trouve ça odieux. Ce n’est pas personne dans mon entourage qui a fait couler cette information-là. J’aurais préféré qu’elles l’annoncent à leurs électeurs avant que ça sorte.»
Le premier ministre François Legault qualifie d’odieux le comportement des partis d’opposition à l’égard de Marguerite Blais et Danielle McCann et estime que ses adversaires politiques ont utilisé l’annonce du départ des deux ministres en vue de l’élection partielle de lundi.
En ce jour d’élection dans la circonscription de Marie-Victorin, en Montérégie, le premier ministre Legault a rendu visite à des élèves et distribué des chocolats de Pâques dans une école de l’est de Montréal.
Lors d’une mêlée de presse, il a critiqué les partis d’opposition pour s’en être pris aux deux ministres caquistes qui ont annoncé leur départ la semaine dernière.
«Franchement, Danielle McCann, puis Marguerite Blais ont fait tout ce qu’il était possible d’être fait en début de première vague et je trouve ça triste qu’on fasse de la petite politique parce qu’il y a une élection partielle aujourd’hui» et «je trouve ça odieux de tenir des propos comme ça», a indiqué le premier ministre.
«C’est pas un hasard que la semaine passée, on a fait du salissage. Je voyais en fin de semaine Dominique Anglade que je connais depuis longtemps. Elle dit d’aller voter dans Marie-Victorin parce que je dis des mensonges, écoutez, on est rendu vraiment dans les égouts», a ajouté François Legault.
Mmes Blais et McCann sont au centre d’une controverse alors que des informations continuent de filtrer au sujet de la tragédie qui s’est produite dans les CHSLD au printemps 2020.
Les Québécois ont pu apprendre que les ministres étaient au courant des problèmes au CHSLD Herron 10 jours avant la publication d’un reportage-choc le 10 avril 2020 qui faisait état de 31 décès dans l’établissement.
Mme Blais, qui est ministre responsable des Aînés, et Mme McCann, l’ex-ministre de la Santé, ont toujours affirmé qu’elles n’avaient pas eu connaissance de l’ampleur de la crise à Herron avant le 10 avril 2020.
Jugeant que le Québec vivait son propre «Watergate», le Parti québécois (PQ) a réclamé le départ immédiat des ministres. Le PQ, le Parti libéral et Québec solidaire ont aussi demandé le déclenchement d’une enquête publique et indépendante sur la gestion de la pandémie.
Lundi matin, le premier ministre a été questionné sur ce qu’il savait à propos de la résidence Herron en date du 30 mars 2020.
«Écoutez, chaque matin, on faisait le tour des CHSLD, donc on savait qu’il y avait des CHSLD qui étaient en manque de personnel. Mais dans le cas du CHSLD Herron, on avait une information le 30 mars, à l’effet que le CIUSSS s’en occupait, donc qu’il allait envoyer des employés pour combler le manque de personnel au CHSLD Herron, donc évidemment, là, on, on a accepté cette information-là », a affirmé le premier ministre avant d’ajouter qu’il y a « une enquête actuellement de la coroner pour voir exactement quelle est l’information entre le CHSLD, puis le CIUSSS».
Il a également précisé qu’à l’époque «il manquait de personnel dans beaucoup de CHSLD, donc on s’occupait de plusieurs CHSLD en même temps.»
Le premier ministre a réitéré que le déclenchement d’une enquête publique, comme le demandent les partis d’opposition, n’est pas nécessaire et que l’enquête de la coroner sur le sujet est suffisante.
François Legault s’est également défendu d’avoir laissé couler des informations sur le départ prochain de Marguerite Blais et de Danielle McCann, avant même que les ministres n’aient pu l’annoncer elles-mêmes.
«Je peux vous assurer que ce n’est pas personne de mon entourage qui a fait couler cette information-là. Moi je sais depuis un certain temps que Danielle et Marguerite ne se présentent pas effectivement. Moi j’aurais préféré qu’elles annoncent d’abord à leurs électeurs de leur circonscription avant et je trouve ça malheureux, cette fuite-là.»
Vendredi, Danielle McCann a confirmé son départ sur les réseaux sociaux. «J’aurais souhaité l’annoncer aux citoyens de mon comté en premier, mais je ne me représenterai pas», a-t-elle écrit. Plus tard dans la journée, Mme Blais a emboîté le pas à sa collègue.
L’information avait d’abord été publiée dans le Journal de Montréal et le chef parlementaire du PQ, Joël Arseneau, avait déclaré que le moment choisi pour annoncer ces départs n’avait rien d’anodin, qu’il s’agissait plutôt d’une «astuce» et d’un «tour de passe-passe» pour faire «baisser la pression» après une semaine particulièrement difficile.
L’élection partielle dans la circonscription de Marie-Victorin vise à trouver le successeur de la députée Catherine Fournier qui a brigué avec succès la mairie de Longueuil, l’automne dernier. Le premier ministre Legault a indiqué que l’objectif de son parti est d’obtenir un plus haut pourcentage des voix exprimées que lors de l’élection générale d’il y a quatre ans et que la pression est sur le PQ: «C’est un test pour le Parti québécois parce que c’est une circonscription qui est au Parti québécois depuis plusieurs années», a indiqué le premier ministre en ajoutant que si son parti fait mieux que les 28% de votes obtenus en 2018, «ça veut dire techniquement que ça regarde bien pour l’élection générale» qui aura lieu à l’automne.
Élections Québec a autorisé 12 candidatures pour l’élection partielle dans Marie-Victorin, qui est un château fort du Parti québécois depuis 1980. Le Parti libéral n’a gagné qu’une fois, en 1984, lors d’une élection partielle, et ce, durant une année seulement.
Un total de 45 558 électeurs sont conviés aux urnes.