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«Là, on est rendu à 3000 personnes, alors moi, je trouve ça complètement inacceptable.»
Le ministre fédéral de l'Industrie, François-Philippe Champagne, trouve «inacceptable» d'avoir appris dans les médias que la fermeture des entrepôts d'Amazon au Québec entraînera plus de licenciements que ce qui a été annoncé initialement.
Le géant américain du commerce en ligne a annoncé mercredi que la fermeture de ses sept centres de distribution au Québec causerait le licenciement de 1700 employés permanents et la perte de 250 emplois temporaires.
Voyez le compte-rendu de Jean-François Poudrier dans la vidéo ci-haut.
Or, jeudi, certains médias ont révélé que, selon les données fournies par le ministère québécois du Travail et de la Solidarité sociale, 1459 licenciements auront aussi lieu chez des entreprises partenaires d'Amazon qui s'occupent de la livraison.
M. Champagne, qui a parlé à la direction d'Amazon Canada mercredi, a dit ne pas avoir été mis au courant de ces congédiements supplémentaires lors de cette conversation.
À son arrivée au caucus de sa formation politique, vendredi matin à Ottawa, le ministre n'a pas mâché ses mots pour dénoncer un «manque de respect» de la part d'Amazon.
«J'ai dû appeler moi-même, et non seulement on ne me donne pas toute l'histoire, on me donne la moitié de l'histoire, et j'apprends dans les médias qu'on va licencier plus de monde», a-t-il déploré.
«Là, on est rendu à 3000 personnes, alors moi, je trouve ça complètement inacceptable. Ce n'est pas la façon de faire des affaires chez nous. (…) Dans les circonstances, je pense que ça manque de respect d'avoir une discussion avec les autorités fédérales et de ne pas faire preuve de transparence.»
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Le ministre Champagne a fait valoir que, dans une économie du G7 comme le Canada, «on s'attend à ce que nos travailleurs, à ce que nos industries, à ce que le Canada soit traité avec respect».
Dans une déclaration écrite, Amazon a assuré qu'elle communiquait régulièrement avec des représentants du Canada «afin d’aborder des sujets d’intérêt».
«Toutefois, lorsque nous prenons des décisions opérationnelles comme celle-ci, nous informons habituellement nos employés en priorité, puis les représentants. Nous serions heureux de poursuivre cette discussion avec le ministre Champagne et d’autres représentants officiels du Québec et du Canada», a indiqué l'entreprise par courriel.
Le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement et député fédéral de Québec, Jean-Yves Duclos, a dit effectivement comprendre qu'Amazon était prête à discuter de nouveau avec Ottawa et Québec.
«C'est une bonne nouvelle et une bonne chose pour Amazon de le faire», a dit M. Duclos à sa sortie de la réunion du caucus libéral.
Il a lui aussi parlé du «choc» d'une annonce «totalement inattendue et inexpliquée».
«Inexplicable je dirais, et il est normal qu'Amazon accepte de revoir cette décision en discutant ouvertement et de manière transparente avec le gouvernement canadien», a fait valoir le ministre Duclos.
«On est content aussi que le gouvernement du Québec soit apparemment intéressé à faire partie de la discussion», a-t-il ajouté.
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M. Duclos a dit croire que les dirigeants d'Amazon «doivent sentir la pression qu'il y a à faire les choses correctement au Canada et au Québec en particulier».
«Alors je crois qu'ils ont compris, dans les dernières heures, que ce n'était pas acceptable et qu'ils sont maintenant en mode d'écoute. Et j'espère en mode de révision de leur décision», a-t-il soutenu.
«On va leur dire qu'on a des façons de travailler avec eux que l'on peut revoir pour faire en sorte qu'une grosse multinationale comme Amazon n'envoie pas de mauvais signaux à d'autres compagnies aussi», a ajouté le ministre Duclos.
Jeudi, François-Philippe Champagne avait par ailleurs écrit directement au président-directeur général d'Amazon, Andy Jassy, pour inviter la multinationale à reconsidérer «immédiatement» la fermeture de ses entrepôts du Québec.
Selon le ministre, cette décision d'Amazon «va à l'encontre de (son) désir d'être un leader et un partenaire stratégique au sein de l'économie industrielle du Canada».
«La décision que vous avez annoncée (mercredi) n'est pas de nature à inspirer confiance et soulève des questions sur votre engagement envers le Canada et vos partenaires canadiens», a-t-il écrit dans sa missive, tout en exprimant sa «profonde déception».
M. Champagne a fait valoir à M. Jassy qu'il «n'est pas trop tard» pour reconsidérer cette décision, rappelant que «les centres de distribution d'Amazon au Québec jouent un rôle clé dans la chaîne d'approvisionnement de l'entreprise».
Se disant préoccupé par les licenciements «massifs et soudains» qui auront lieu dans la foulée des fermetures, le ministre Champagne a lancé une mise en garde à l'entreprise établie à Seattle.
«Vous comprendrez sans aucun doute que cette action nécessite une revue de la relation commerciale qui existe entre Amazon et le gouvernement du Canada», a-t-il prévenu.
M. Champagne a invité M. Jassy à discuter davantage de la question, réitérant qu'«Amazon tire d'importants avantages de l'économie canadienne».
Amazon fermera ses sept centres de distribution du Québec d'ici les deux prochains mois.
Le géant de la vente en ligne a justifié sa décision en disant vouloir «retourner vers un modèle de livraison par de tierces parties supportées par de petites entreprises locales, similaire à ce (qu'il avait) en 2020».
La présidente de la CSN, Caroline Senneville, a plutôt accusé Amazon d’avoir agi ainsi en représailles à la syndicalisation qui a eu lieu à l'entrepôt de Laval, ce que l'entreprise a nié.
Amazon Canada a indiqué que les employés congédiés auront droit à «des avantages transitoires, comme des ressources externes de relocalisation en emploi» et à une indemnité pouvant aller jusqu’à 14 semaines.
Avec des informations de Stéphane Rolland et d'Émilie Bergeron de La Presse canadienne.