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«Je ne peux pas me permettre 1800$ par mois...»
Une femme de London, en Ontario, a reçu un avis d’éviction pour son 83e anniversaire. Maintenant, Christel Barrett dit ne pas savoir quoi faire.
Mme Barrett et sa fille, Deborah, étaient deux des 20 locataires d’un immeuble de la Webster, qui ont reçu des avis d’éviction de leur propriétaire.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
«Je suis démolie par le stress, je ne sais pas où aller», a déploré Christel Barrett.
Deborah a raconté que la famille venait de rentrer à leur domicile la semaine dernière après avoir fait des emplettes à l'épicerie lorsqu’elles ont trouvé des lettres à leur porte. «Je l'ai ouverte et je me suis exclamée: "Oh mon dieu, c'est un avis d’éviction", se souvient Deborah Barrett. «Elle [Christel] a commencé à pleurer, elle est venue ici et il y en avait un à sa porte.»
La dame de 83 ans demeure dans l’incertitude quant à son prochain lieu de résidence après avoir vécu quatre ans dans son appartement actuel. Elle paie actuellement 900$ par mois de loyer.
«Je ne peux pas me permettre 1800$ par mois», a-t-elle lancé en retenant ses larmes. «Je vis avec un revenu fixe, tout comme tant d'autres personnes qui vivent ici. Je ne sais pas quoi faire.»
Dans l’avis d’éviction obtenu par CTV News, il est expliqué que «le bâtiment est en mauvais état». Il est également précisé que «les nouveaux propriétaires entreprendront des rénovations importantes, qui poseront un grave problème de santé et de sécurité» et que «l'unité ne sera pas habitable».
ACORN London, un groupe de défense des droits des locataires à faible revenu, a déclaré que ces types d'incidents sont de plus en plus courants dans l’ensemble du Canada.
«Le marché immobilier est hors de contrôle et il n'y a personne pour protéger les droits des locataires», a mentionné Jordan Smith, un leader d'ACORN London.
ACORN a ajouté cette situation est tout simplement une rénoviction.
«Il utilise des rénovations comme excuse pour l'expulsion», a expliqué M. Smith. «Ils négligeront l'entretien régulier pendant un certain temps jusqu'à ce que ces problèmes soient exagérés au point où ils estiment pouvoir justifier l'expulsion et effectuer une rénovation totale.»
M. Smith a souligné que cela permet aux propriétaires de doubler le loyer du nouvel appartement et que, grâce aux réductions d'impôts gouvernementales pour les investissements dans le logement, les entreprises sont incitées à «utiliser cette tactique».
«La réalité est que ces rénovations ne nécessitent pas d'expulsions, elles nécessitent que les propriétaires soient responsables de l'entretien et des rénovations de base, ce qu'ils auraient dû faire en premier lieu selon la loi», a-t-il critiqué.
Les locataires des appartements de la rue Webster ont révélé qu'ils ne savaient pas qui était leur propriétaire et où allaient leurs chèques.
M. Smith a indiqué que 89% des habitants de London louent à des propriétaires corporatifs.
Dans l’avis d’éviction distribué par Webster Apts. Inc., il est indiqué que les rénovations prendront de sept à dix mois et que les baux seront résiliés au plus tard le 31 août 2023.
Il est ajouté qu'en vertu de la Loi sur la location à usage d'habitation, ils sont obligés d'offrir une compensation maximale de trois mois de loyer, soit 2355$. Si les résidents sont prêts à quitter les lieux et à résilier le bail avant le 31 mai 2023, Webster Inc. fournira «de bonne foi» un paiement forfaitaire de 5000$. «Je comprends qu'ils pourraient m'expulser si je ne payais pas mon loyer, mais je n'ai jamais manqué un mois de loyer», a déploré Christel Barrett.
CTV News a contacté par téléphone à la personne indiquée sur l'avis d'expulsion de Webster Apts. Inc. L’entreprise a affirmé qu’elle allait transmettre la demande d’entrevue, mais CTV News n’a jamais eu de réponse.
Les résidents ont confié qu'ils étaient en train de tout faire pour contrer l'expulsion.
«Tout le monde doit se tenir ensemble en tant que communauté pour que cela ne se produise pas pour les 20 prochains locataires», a lancé Deborah.
«Ceci n'est que la pointe de l'iceberg», a déploré M. Smith. «Cela se produit dans des quartiers où vivent des familles à revenu faible et modique, il est important que nous nous organisions et que nous défendions les communautés.»
-Un texte de Brent Lale pour CTV News