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L’agent de sécurité Philippe Jean est décédé aux soins palliatifs des suites d’un traumatisme crânien et des complications qui ont suivi.
L’agent de sécurité Philippe Jean est décédé aux soins palliatifs des suites d’un traumatisme crânien et des complications qui ont suivi, selon le Dr David Mathieu, neurochirurgien et deuxième témoin au procès de Nacime Kouddar, accusé de délit de fuite mortel.
La famille de la victime, mise au fait d’un pronostic de réhabilitation «à peu près nul», a choisi de le laisser partir quatre mois après l’événement, plutôt que d’étudier l’option de le placer en CHSLD.
Le Dr Mathieu a traité Philippe Jean rapidement après son transport à l’hôpital, le 4 avril 2020. Il venait alors d’être happé par le véhicule de Nacime Kouddar dans le stationnement du magasin Walmart de Fleurimont. Un urgentologue informe le Dr Mathieu que le patient est aux prises avec un traumatisme sévère. L’agent de sécurité est inconscient, comateux et intubé. La pupille de l’œil droit de la victime est aussi dilatée.
«C’est souvent un signe que la vie du patient est menacée», a expliqué le neurochirurgien à la juge Hélène Fabi, au palais de justice de Sherbrooke. Un scan du cerveau révélera des blessures sévères. «Il y a un saignement intracrânien et […] une pression importante du côté droit de son cerveau», a décrit le médecin spécialiste. Des fractures du crâne «multiples» sont aussi décelées.
«Si on veut sauver la vie du patient, il faut faire une chirurgie urgente […] Dans l’état dans lequel il est arrivé, s’il n’avait pas été opéré, il serait décédé.»
Rapidement après le scan, Philippe Jean subit une craniotomie, qui consiste à retirer une partie du crâne pour ultimement diminuer la pression sur le cerveau. Il quittera les soins intensifs trois semaines plus tard. «Il était vraiment dans un état de conscience minime, un peu végétatif» à ce moment, a décrit le Dr Mathieu.
Malgré des épisodes d’amélioration, où le patient a par exemple pu faire de la réadaptation et de l’ergothérapie, il n’a jamais pu s’alimenter ou s’hydrater par lui-même et ne répondait que très peu aux stimulus. Il a été réadmis aux soins intensifs pour une pneumonie le 6 mai 2020, en plus de régresser considérablement dans ses acquis à la suite de la remise en place de son crâne, le 28 mai.
Après de nouvelles améliorations suivant cette chirurgie, il a de nouveau pu recommencer son processus de réadaptation au début du mois de juillet. «Apparemment, ce qui avait été noté, c’est qu’il y avait une certaine amélioration qui avait été notée. Le 28 juillet, il a refait des convulsions, une crise d’épilepsie», a toutefois indiqué le docteur. Les examens ont révélé que Philippe Jean était «en décharge continuelle incessante» et le médecin a essentiellement expliqué que la victime vivait une «crise d’épilepsie qui n’arrête jamais».
Devant les blessures au cerveau occasionnées par ces crises, et devant le faible pronostic de réhabilitation, les médecins ont expliqué à la famille que deux options s’offraient à elle : trouver une place en CHSLD pour leur proche ou lui offrir des soins palliatifs.
«Si rendu au CHSLD après quelques semaines il récupère assez pour retourner en réadaptation on va reprendre le processus […] Sinon, on avait un patient qui n’était pas capable de rien faire par lui-même, pas capable de s’améliorer […] Je ne pense pas qu’il aurait pu reprendre une vie active, ce patient-là», a expliqué le Dr Mathieu.
«Est-ce qu’il aurait voulu ça comme future vie ?»
«L’option de soins palliatifs a été choisie», a souligné le neurochirurgien, confirmant néanmoins que Philippe Jean était d’abord et avant tout décédé des suites d’un traumatisme crânien. Attentifs au témoignage, les membres de la famille de Philippe Jean étaient émotifs, alors que le témoin leur rappelait ce choix déchirant.
En contre-interrogatoire, le témoin a confirmé qu’une chute d’un véhicule en mouvement pouvait bel et bien avoir causé de telles blessures au cerveau. Il a décrit le processus de réhabilitation comme étant «lent». «Est-ce que ça fait en sorte que le potentiel d’amélioration subséquent diminue proportionnellement ou on peut espérer après quatre mois qu’il y ait une amélioration qui se poursuive ?», a questionné l’avocat de Kouddar. «On peut, mais généralement le gros de l’amélioration se fait dans les premiers mois», a répondu le spécialiste.
Une coéquipière de Philippe Jean, qui se trouvait aussi sur les lieux du magasin cette journée-là, a aussi témoigné mardi matin.
Plus détails à venir…