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«Il ne lâchait pas. Il n'a jamais lâché dans son combat contre sa maladie non plus.» - Yvan Cournoyer
Serge Savard a vu Guy Lafleur dépérir, comme le reste du public québécois, au cours des dernières années, mais il admet que le décès de son ancien coéquipier lui a malgré tout fait «un petit choc».
«Je ne suis pas surpris, parce que nous connaissions tous sa situation, mais quand ça arrive, c'est quand même un peu une surprise», a dit Savard, vendredi, à La Presse Canadienne, dans les minutes suivant l'annonce du décès de Lafleur.
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Pour sa part, Yvan Cournoyer avait de la difficulté à contenir ses émotions.
«Guy, c'était un "fighter", a dit Cournoyer la voix tremblotante. Il ne lâchait pas. Il n'a jamais lâché dans son combat contre sa maladie non plus.»
L'ancien gardien du Canadien Patrick Roy espère voir les Québécois célébrer Guy Lafleur, plutôt que de le pleurer.
«Quand j'ai appris la nouvelle, même si nous nous y attendions, ça nous a tous attristés, mais je me disais que Guy Lafleur mériterait une ovation dans tous les amphithéâtres où il va y avoir un match de hockey ce soir au lieu d'un moment de silence», a dit celui qui est maintenant entraîneur-chef des Remparts de Québec, équipe avec laquelle Lafleur a joué au niveau junior.
«Je pense que les gens ont besoin de l'extérioriser, de manifester à quel point ils avaient beaucoup d'admiration pour l'homme», a ajouté Roy.
EN IMAGES | Retour sur la carrière de Guy Lafleur
Un homme du peuple
Savard et Lafleur se sont côtoyés pendant 10 saisons chez le Canadien. Ils ont participé à cinq conquêtes de la coupe Stanley, tissant des liens qui dureront une vie entière.
Selon Savard, Lafleur complète le trio de grands joueurs des temps modernes chez le Canadien avec Maurice Richard et Jean Béliveau.
«Ce qui a fait leur admiration, c'est qu'ils étaient des personnes ordinaires, qui parlaient à tout le monde, a souligné Savard. Ils n'ont jamais refusé de donner un autographe à un enfant, ils n'ont jamais refusé de parler au monde. Ils étaient les idoles d'un peuple.»
Cournoyer a également noté la simplicité de Lafleur.
«Sa passion était de jouer au hockey, a-t-il dit. Montréal, c'est une ville de hockey exceptionnelle, mais il faut essayer de gagner et quand vous gagnez, ça va pas mal mieux. Les gens sont sympathiques et nous forcent à donner le 100% de nous-mêmes. C'est ça que Guy était. Il était un joueur qui aimait beaucoup les gens et les gens l'aimaient beaucoup.»
C'est notamment pour cette raison que Guy Carbonneau a idolâtré Lafleur avant d'avoir l'occasion de le rejoindre chez le Canadien au début des années 1980.
«Il était comme vous et moi, un gars du peuple, a dit Carbonneau, qui a joué avec Lafleur pendant trois campagnes. Il n'avait pas peur de dire ce qu'il avait à dire. À une époque où l'on pensait que les joueurs — tous les athlètes — étaient intouchables, où il était inimaginable de pouvoir parler avec eux, Guy était différent des autres.»
Lafleur a beau avoir touché beaucoup de personnes grâce à sa disponibilité, Carbonneau a également souligné le brio sur glace du «Démon blond». Lafleur demeure le meilleur marqueur de l'histoire du Canadien avec 1246 points, soit 27 de plus que Béliveau.
«Il était le meilleur joueur au monde dans ces années-là. De pouvoir dire qu'il venait du Québec, de chez nous, c'était une fierté», a souligné Carbonneau.
Savard a raconté qu'il n'avait pas été facile de voir Lafleur s'affaiblir au cours des dernières années et mois, alors qu'il luttait contre un cancer.
«La dernière fois que je l'ai vu, c'était pour sa fête l'automne passé, a raconté Savard. C'était le jour des élections fédérales (le 20 septembre). C'était comme dans l'ancien temps. Nous buvions du vin, nous parlions de nos souvenirs. Nous avions du plaisir. Mais il savait que ses jours étaient comptés.
«Nous parlions de telle époque ou de telle conquête. Il avait un gros sourire. Puis quand il parlait de sa situation, il avait la larme à l'oeil.»
Cournoyer a aussi été émotif en parlant de leur présentation au Centre Bell, à Lafleur, Patrick Roy et lui, lors des séries éliminatoires l'été dernier.
«Il ne voulait pas que nous voyions qu'il était malade, mais après deux périodes, il m'a dit 'Yvan, je dois retourner à la maison parce que j'ai un point dans le dos. Ça ne va pas bien'.»
Savard a toutefois souligné à quel point Lafleur est resté impliqué dans la communauté, notamment avec la fondation du CHUM, jusqu'à la fin de sa vie.
«C'est un gars qui a voulu faire une différence sur la Terre, comme joueur et comme citoyen», a conclu Savard.