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Rendu public plus tôt cette semaine, le rapport de Me Géhane Kamel insiste sur le fait que la crise de la COVID-19 «illustre des décennies de politiques publiques défaillantes concernant les CHSLD et qui étaient déjà connues».
«Nos aînés les plus vulnérables ont été dans l'angle mort de nos gouvernements.»
C’est ce qu’a affirmé la coroner Me Géhane Kamel lors d’un point de presse jeudi au cours duquel elle commentait son rapport sur les décès de personnes âgées ou vulnérables survenus dans des milieux d’hébergement au cours de la pandémie de COVID-19. «Nous avons tous un devoir de mémoire», a mentionné Me Kamel.
Elle a rappelé que plus de 200 témoins «de tous horizons» ont été rencontrés lors de l’enquête qui a mené au dépôt de son rapport de 193 pages.
Rendu public plus tôt cette semaine, le rapport insiste sur le fait que la crise de la COVID-19 «illustre des décennies de politiques publiques défaillantes concernant les CHSLD et qui étaient déjà connues».
53 décès étudiés par la coroner. « J’ai entendu plus de 200 témoins de tous horizons », rappelle-t-elle.
— Anaïs Elboujdaïni (@AnaisElboujda) May 19, 2022
La lenteur bureaucratique liée aux nombreux paliers d’intervention a également été pointée du doigt.
La coroner dit qu’elle a omis dans son rapport l’âge des défunts, parce qu’on a tellement martelé qu’il s’agissait de « vieux » qui sont décédés, qu’elle voulait remettre l’humain au coeur de l’affaire.
— Anaïs Elboujdaïni (@AnaisElboujda) May 19, 2022
«La crise vécue lors de la 1re vague invite notre société à devenir proactive quant aux réflexions nécessaires sur le système de santé québécois», a fait savoir la coroner Kamel.
« Ce n’est pas normal que des employés passent par les médias pour que les choses changent » - G. Kamel. « C’est pas normal que des employés de CHSLD soient moins payés que dans un Tim Horton », lance le docteur Ramsay, du bureau de la coroner.
— Anaïs Elboujdaïni (@AnaisElboujda) May 19, 2022
Me Kamel a émis 23 recommandations au gouvernement du Québec, au ministère de la Santé et des Services sociaux, aux CISSS et CIUSSS et au Collège des médecins du Québec.
On indique notamment que le directeur national de santé publique devrait travailler plus librement et «sans contrainte politique».
L’imputabilité, a expliqué François Legault, «ça commence par le premier ministre, ça se poursuit avec les ministres, les sous-ministres et les responsables dans les réseaux», c’est-à-dire «les PDG des CIUSS et des CISSS».
Me Kamel s’est montrée convaincue que ses recommandations seront suivies par les autorités.
En réaction au rapport, Lynne McVey, présidente-directrice générale du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, a annoncé qu’elle ne sollicitera pas de renouvellement au terme de son mandat, qui vient à échéance en juillet 2022.
Sur un plan plus personnel, Me Kamel a reconnu que l'exercice avait été difficile, pour ne pas dire pénible par moments.
«On est passé par toute la gamme des émotions», a-t-elle confié, évoquant la peine, la colère ou le réconfort dans les échanges avec les familles éplorées.
Et il y a aussi eu l'incrédulité. «Chaque fois qu'on commençait un nouveau CHSLD, on se disait: ce n'est pas croyable ce qu'on entend.»
Géhane Kamel reconnaît qu'elle n'a pas été tendre envers certains acteurs de cette tragédie, même si ce n'était pas son objectif au départ.
«Je ne recherche pas à blâmer des gens. Ce n'est pas mon objectif et ce n'est pas notre «job». Par la bande on a écorché des gens parce qu'on est revenus sur du factuel en nommant des situations qui devaient être nommées. Mais ultimement, ce rapport doit servir pour que ça ne se reproduise plus jamais.»
Voyez les explications de Simon Bourassa au bulletin Noovo Le Fil 17 animé par Noémi Mercier :
Avec des informations d'Émile Bérubé-Lupien et de la Presse canadienne