Début du contenu principal.
C’est l’achat de billets de loterie en ligne qui est au sommet des activités ayant le plus de succès, alors que 66 % des joueurs en ligne participent aux différents tirages sur le web.
Les autorités sanitaires montréalaises ont noté une augmentation «importante» du nombre de personnes s’adonnant à des jeux de hasard et d’argent (JHA) en ligne lors de la pandémie et recommandent désormais un «rehaussement des mesures réglementaires» pour contrer les risques associés à ces pratiques.
C'est ce que révèle mercredi la Direction régionale de la santé publique de Montréal (DRSP) qui s'est associé avec des experts du projet ENHJEU.COM et de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) afin de dresser le portrait de cette «nouvelle normalité».
Les principaux constats sont limpides: ce sont 4,4 % des Montréalais et des Montréalaises qui s’adonnaient aux JHA en 2018. Une proportion qui a augmenté à 12 % en 2021, en pleine pandémie.
À lire | Appel à la vigilance: la drogue «zombie» de plus en plus présente à Montréal
C’est l’achat de billets de loterie en ligne qui est au sommet des activités ayant le plus de succès, alors que 66 % des joueurs en ligne participent aux différents tirages sur le web.
L'utilisation des machines à sous virtuelles arrive au deuxième rang des habitudes des joueurs (27 %) et les paris sportifs (21 %) occupe le troisième échelon.
Sur ce tableau - le taux de participation à différents JHA parmi les joueurs en ligne montréalais | Crédit image Enquête ENHJEU.COM 2021
Les données colligées démontrent qu’environ le tiers des joueurs montréalais se serait initié aux jeux en ligne lors de la crise sanitaire. On mentionne également que la participation est plus fréquente chez «les individus de sexe masculin et dans les groupes de population défavorisée».
La popularité «grandissante» pour les JHA qui se retrouvent en ligne occasionne un défi supplémentaire pour les «décideurs en matière d’encadrement légal et de réduction des méfaits», explique-t-on dans le rapport. Le contexte pandémique a vraisemblablement provoqué un changement dans les habitudes des joueurs et ainsi une migration vers des sites disponibles en ligne.
Mais cette migration ne vient pas sans risque, alors que les conséquences négatives sont accrues en raison de l’accessibilité «en tout moment et en tous lieux». On souligne que l’absence d’interaction humaine augmente aussi les risques liés au jeu.
«L'offensive promotionnelle intense des casinos virtuels et des sites de paris sportifs, observée dans les médias, suscite un malaise tant dans la population que dans la communauté scientifique», peut-on lire dans le document de dix pages.
Les autorités soutiennent s'inquiéter de l'effet de «normalisation» et du «faux sentiment de sécurité» que peut engendrer le jeu en ligne.
Le rapport indique qu’environ un joueur sur cinq en ligne serait aux prises avec des habitudes qui posent problème. Les «niveaux de jeu» problématiques sont particulièrement importants chez les personnes qui jouent aux machines à sous, alors qu’un peu plus d’une personne sur trois (35 %) aurait des usages nocifs. La proportion diminue à 32 % chez les parieurs sportifs.
Les individus qui se tournent vers l'achat de billet de loterie en ligne encourent moins de risque : seuls 4 % des joueurs auraient un niveau de jeu considéré problématique.
À noter que 27 % des joueurs en lignent concède qu'ils «consacrent trop de temps ou d’argent aux JHA.»
Autre fait notable, les demandes d'aide liées aux JHA ont connu une chute entre 2019 et 2022 alors que le nombre total est passé de 2705 à 862 pour cette période. On souligne que les «perturbations touchant l’accessibilité des sites de JHA physiques» comme les casinos et les bars ont pu avoir un «effet protecteur» dans la métropole.
Pour répondre à la situation et réduire les risques, on propose d’établir certaines balises notamment en évitant d’offrir des crédits aux joueurs nouvellement inscrits sur les sites de jeu. Il faut s’assurer de diffuser adéquatement les risques qui sont associés aux pratiques en ligne, soulignent les experts.
«La mise en place d’un encadrement réglementaire touchant les incitatifs, la publicité et la promotion des JHA en ligne apparaît également comme une piste prometteuse à privilégier», fait-on également savoir.