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Les municipalités ont tenté diverses stratégies, mais certaines préfèrent encore la manière forte pour s'en occuper.
À l'instar des municipalités dans l'ensemble du pays, Montréal peine avec les campements d'itinérants dans les espaces publics.
Par exemple, des campements situés sur la rue Notre-Dame, dans l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, dans l'est de la Métropole, ont été démantelés par les autorités. Devint Vézina, un itinérant âgé de 40 ans réinstalle sa tente une cinquième fois. Sa tente est assez grande pour accueillir jusqu'à 10 personnes, dit-il.
«Où voulez-vous que j'aille ? C'est ça la vraie question», lance M. Vézina.
Les municipalités ont tenté diverses stratégies, mais certaines préfèrent encore la manière forte pour s'en occuper.
Les experts s'entendent pour dire que l'expulsion de gens ayant été privés de domicile n'aide pas à résoudre le problème.
Quand on demande à une porte-parole de la Ville de Montréal où les gens comme M. Vézina doivent se rendre, il ne peut apporter une réponse précise. «Les campements urbains ne sont pas viables. Ils ne sont pas sûrs. Ils ne sont pas une solution permanente», dit-il. Les autorités collaborent avec les organisations communautaires pour aider les itinérants à dormir dans des endroits abordables fournissant des services adaptés à leurs besoins.
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La Ville ne garde pas une liste des campements. Elle n'envoie pas d'employés pour les rechercher. Quand un campement est signalé, des fonctionnaires évaluent si celui-ci représente un risque à la sécurité, notamment en matière d'incendie. En août, elle avait annoncé un projet-pilote visant à fournir 60 unités modulaires à des itinérants d'ici mars 2025.
Elle continue de démanteler des campements. Elle l'a fait au moins 100 fois de janvier à mai 2024, selon le Journal de Montréal.
La Ville de Montréal ne résoudra pas le problème de l'itinérance en expulsant des gens des campements, affirme James Hugues, le pdg de la Mission Old Brewery. Selon lui, les municipalités doivent suivre l'exemple de Houston, au Texas, qui a créé des programmes pour les gens vulnérables afin de les aider à obtenir des logements tout en les soutenant pendant qu'ils vivent dans des campements.
Les démantèlements ne sont qu'un gigantesque jeu de la taupe («Whac-a-Mole»), déplore-t-il. Les itinérants vont s'installer dans des endroits loin des yeux de la population, là où ils peuvent être difficilement secours s'ils ont un problème.
La Ville de Halifax avait adopté une autre stratégie. Elle avait désigné cinq endroits dans la ville où les itinérants pouvaient installer une tente en attendant de trouver un domicile. Les gens qui y dorment peuvent avoir accès à une salle de bain, à de l'eau potable et même à des seringues propres. De plus, la Nouvelle-Écosse a acheté des minirefuges pour les itinérants, dont 85 pour la région de la capitale provinciale.
Jeff Karabanow, un professeur de à l'école de travail social de l'Université Dalhousie, décrit les conditions de ces espaces désignés comme étant malsaines et lamentables. Toutefois, il ajoute que cette mesure en vaut quand même la peine en attendant que des ressources soient détournées des refuges d'urgence vers des logements abordables.
Le problème, c'est que les politiques de tolérance ne rapportent pas souvent des dividendes électoraux. Par exemple, un ancien député fédéral libéral, Andy Fillmore, a été élu maire de Halifax après s'être attaqué à cette stratégie au cours de la campagne électorale. Il lui reprochait notamment que de telles politiques attirent des itinérants provenant des autres provinces, une fausse allégation, selon le Pr Karabanow.
À Toronto, les autorités ont changé leur fusil d'épaule. Avant de démanteler les campements, elles ont dit qu'elles se concentraient plutôt à répondre aux besoins immédiats des itinérants. Le protecteur du citoyen ontarien avait jugé que les démantèlements de campements à Toronto en 2021 avaient été exécutés de manière très injuste, mentionnent les défenseurs des droits des itinérants.
Diana Chan McNally, une travailleuse communautaire de Toronto, juge que la nouvelle attitude des autorités torontoises est un pas dans la bonne direction, mais déplore que cet appui ne soit réservé qu'à certains campements.
«La Ville a une approche à deux vitesses», lance-t-elle, ajoutant que les autorités continuent de démanteler des campements et que le nombre de logements abordables n'est pas suffisant.
La coexistence entre les itinérants vivant dans des campements et la population d'un quartier peut s'avérer difficile.
«Aucun quartier ne veut d'une nouvelle ressource pour les itinérants, des logements subventionnés ou des minirefuges. Les gens s'opposent à toutes les solutions proposées», déplore David Chapman, directeur général du groupe communautaire Résilience Montréal.
Hugo Michel-Verville, qui vit dans un campement de la rue Notre-Dame dit avoir s'être fait engueuler par des résidents du voisinage. Les itinérants ont appelé la Ville, la police et des travailleurs sociaux, mais en vain.
«Je ne vois rien qui indique des solutions à court ou à long terme et c'est ça qui est effrayant», dit-il.