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«J'aurais attendu d'un ancien gouverneur général une approche plus réfléchie et un plus grand respect de la volonté de la Chambre des communes», écrit M. Singh dans un communiqué.
Les trois partis d'opposition à Ottawa ont fustigé jeudi la décision du rapporteur spécial David Johnston de s'accrocher à son poste malgré qu'il ait été désavoué la veille par une majorité de députés.
Les néo-démocrates, qui se targuent depuis des jours de ne pas verser dans les attaques personnelles, ont néanmoins eu des mots très durs à son endroit.
«Je suis très déçu par le manque de compréhension de l'importance d'un tel vote appelant à son retrait et par la rapidité avec laquelle il a réagi à ce vote», a écrit leur chef Jagmeet Singh dans un communiqué.
Selon lui, un ancien gouverneur général devrait avoir «une approche plus réfléchie et un plus grand respect de la volonté de la Chambre des communes».
Dans une déclaration écrite transmise immédiatement après le vote, M. Johnston affirmait mercredi qu'il «respecte profondément» que la Chambre des communes exprime son «opinion», mais ajoutait du même souffle que `mon mandat émane du gouvernement' et qu'il entend le poursuivre.
De tels propos, a estimé le chef néo-démocrate, démontrent que M. Johnston «répond au premier ministre» alors que la situation exige «un processus qui soit indépendant de ce gouvernement».
Les conservateurs, qui y vont rarement de main morte, ont qualifié M. Johnston de «rapporteur bidon», lors d'une période des questions mouvementée au point où le président a perdu patience et crié si fort «du calme» que le son résonnait dans la pièce.
«Il n'en a rien à cirer du vote» des Communes, a renchéri quelques minutes plus tard leur leader adjoint à la Chambre, Luc Berthold, pour qui cette situation est une «mascarade».
Dès sa première question jeudi, leur chef, Pierre Poilievre, a redemandé au premier ministre Justin Trudeau, qui était absent, de «congédier» M. Johnston et de «nommer un juge indépendant pour une enquête indépendante».
Le ministre de la Protection civile, Bill Blair, lui a répondu qu'il est «injuste et franchement offensant» de remettre en question l'allégeance de M. Johnston dont la carrière de 50 ans au service du pays «démontre que sa loyauté est envers le Canada».
La salve d'attaques a été presque incessante pendant une heure. Rapidement, le Bloc québécois s'est mis de la partie. Son leader parlementaire, Alain Therrien, a appelé les libéraux à se comporter en «démocrates».
La ministre des Sports, Pascale St-Onge, lui a répliqué qu'il est de la responsabilité de tous les élus de «protéger notre démocratie, protéger nos institutions».
«Si on veut défendre notre démocratie, il faut commencer par respecter notre démocratie», lui a retourné M. Therrien.
Mme St-Onge, comme d'autres libéraux, a imploré les chefs bloquiste et conservateur de «mettre la partisanerie de côté» et de demander la cote de sécurité qui leur permettra de consulter les documents qui ont mené M. Johnston à ses conclusions.
En mêlée de presse, jeudi, le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a jugé «ridicule» l'argument maintes fois répété par son adversaire conservateur, Pierre Poilievre, voulant que de consulter les documents qui ont mené M. Johnston à ses conclusions l'empêcherait de commenter publiquement le sujet par la suite.
«C'est une affirmation ridicule, a-t-il lancé. Tout d'abord, M. Johnston a reçu et examiné les informations, puis a donné son opinion. (...) Il a donné beaucoup d'informations sans divulguer les détails qui affectent la sécurité nationale. Je vais faire la même chose.»
M. Singh a déclaré avoir reçu «des garanties» qu'il aura la même latitude et accusé au passage le chef conservateur de jouer «des jeux politiques».
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, refuse également de consulter l'annexe confidentielle du rapport Johnston puisqu'il estime lui aussi que cela le réduirait au silence en raison des exigences de la cote de sécurité dite «très secrète» dont il devrait se doter.
La motion néo-démocrate réclamant le retrait du rapporteur spécial a été adoptée mercredi par une majorité d'élus. Seuls les libéraux, minoritaires, s'y sont opposés. Selon les résultats annoncés aux Communes, 174 députés ont voté pour et 150, contre.
Selon le NPD, «l'apparence de biais» visant M. Johnston est «si élevée que cela érode le travail» qu'il est chargé de conclure d'ici à octobre. Les bloquistes et les conservateurs réclament le départ de l'ancien gouverneur général puisqu'ils mettent en doute son impartialité, entre autres parce qu'ils jugent que c'est un ami de M. Trudeau.