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«Ils proposent tous ces tarifs par jour, jusqu'à un maximum. Ils proposaient auparavant des forfaits mensuels. Ils ne le font plus.»
Des experts affirment que les voyageurs canadiens sont aux prises avec des frais d'itinérance sur leurs téléphones cellulaires parmi les plus élevés au monde après des années de hausses de tarifs par les plus grands opérateurs du pays.
Le président de Wall Communications, Gerry Wall, soutient que les tarifs d'itinérance offerts par les plus grands opérateurs canadiens sont «considérablement plus élevés» que ceux des États-Unis et de la plupart des pays européens, en partie parce qu'ils manquent de flexibilité.
«Ils proposent tous ces tarifs par jour, jusqu'à un maximum. Ils proposaient auparavant des forfaits mensuels. Ils ne le font plus», a déclaré M. Wall, dont l'entreprise publie un rapport annuel comparant les prix de la téléphonie et de l'internet au Canada à ceux de ses pairs dans le monde.
«Au Canada, il y a eu une réduction de la flexibilité dont disposent les clients en ce qui a trait au nombre de choix d'itinérance auprès de chaque opérateur, a-t-il souligné. Cela s'est érodé.»
Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) en a pris note et a ordonné lundi aux trois grandes entreprises BCE, Rogers Communications et Telus de détailler comment elles prévoient freiner la hausse des frais de téléphonie mobile auxquels les clients font face lorsqu'ils voyagent à l'étranger.
Telus et Bell ont toutes deux augmenté leurs tarifs d'itinérance aux États-Unis et à l'étranger en mars 2023, les clients de Telus payant 14 $ par jour pour l'itinérance aux États-Unis, contre 12 $ auparavant, et ceux qui visitent d'autres destinations étant facturés 16 $, ce qui représente une augmentation de 1 $.
Les utilisateurs de Bell doivent payer 13 $ par jour pour l'itinérance aux États-Unis, contre 12 $ auparavant, et 16 $ dans les autres pays, contre 15 $ auparavant. Rogers facture respectivement 12 $ et 15 $ pour l'itinérance quotidienne aux États-Unis et ailleurs dans le monde.
Il y a environ sept ans, le trio offrait généralement des tarifs d'itinérance aux États-Unis d'environ 7 $ ou 8 $ par jour, a indiqué M. Wall.
Le CRTC a noté qu'à part ces montants, les voyageurs canadiens sont aux prises avec des options d'itinérance «rigides». L'organisme de réglementation affirme que la plupart des consommateurs ne peuvent pas choisir des forfaits adaptés à leur utilisation et à la durée de leur voyage, contrairement à la situation de voyageurs d'autres pays, notamment des États-Unis, de l'Australie et de l'Allemagne.
«Cela signifie que les Canadiens doivent habituellement payer les mêmes frais quotidiens lorsqu’ils ont recours à un service d’itinérance, peu importe leur utilisation», a déclaré le secrétaire général du CRTC, Marc Morin, dans une lettre aux sociétés de télécommunications.
«Les Canadiens paient souvent des frais d’itinérance qui dépassent de loin les frais que les fournisseurs canadiens paient aux entreprises étrangères pour assurer leur connectivité. Ces tarifs peuvent entraîner une situation où un voyage d’une semaine à l’étranger fait doubler la facture mensuelle d’un consommateur», a-t-il ajouté.
L’examen de l’organisme de réglementation s’est basé sur des informations confidentielles provenant d’entreprises canadiennes de téléphonie mobile, ainsi que sur des études et des informations publiques sur l’itinérance.
L’une de ces études, menée par Networks, Economics & Strategy et disponible sur le site web du CRTC, a indiqué que les tarifs d’itinérance canadiens se situaient dans la moyenne par rapport à ceux de l’Australie, du Japon et des États-Unis pour une utilisation allant jusqu’à trois jours.
Cependant, pour une utilisation dépassant trois jours, les tarifs d’itinérance canadiens «sont généralement parmi les plus élevés», conclut le rapport.
Il indique que les opérateurs d’autres pays offrent diverses options, notamment des forfaits d’itinérance qui précisent l’utilisation maximale des minutes d’appels, des messages texte ou des données – soit en combinaison, soit pour des services individuels – sur un certain nombre de jours.
Au Canada, les fournisseurs de services sont tenus de plafonner les frais d'itinérance de données à 100 $ par cycle de facturation mensuel, à moins que le client n'accepte explicitement de payer plus.
Pour accroître les options des clients canadiens, a affirmé M. Wall, les entreprises pourraient proposer des forfaits d'itinérance hebdomadaires ou mensuels plutôt qu'un tarif fixe quotidien.
Il a ajouté que les fournisseurs canadiens pourraient également proposer des forfaits de téléphonie mobile qui incluent déjà les frais d'itinérance – un modèle qui a été adopté par Freedom Mobile de Québecor avec son forfait «Roam Beyond».
«C'est quelque chose que les entreprises américaines font depuis plus d'une décennie, a déclaré M. Wall. Cela dépend des besoins du client. Pour quelqu'un qui va passer plus d'un mois aux États-Unis (...) il va certainement en bénéficier.»
Bell, Rogers et Telus n'ont pas fait de commentaires mardi lorsqu'on leur a demandé quelles mesures elles envisageaient de prendre pour réduire les frais d'itinérance.
Les grandes entreprises de télécommunications ont jusqu'au 4 novembre pour répondre au CRTC, qui a prévenu qu'il lancerait une audience publique formelle sur la question s'il «constate que des mesures concrètes ne sont pas prises».