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Le Canada a annoncé vendredi de premières sanctions entourant la crise en Haïti, lesquelles visent un actuel politicien haïtien et un ancien.
Le Canada a annoncé vendredi de premières sanctions entourant la crise en Haïti, lesquelles visent un actuel politicien haïtien et un ancien.
Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a précisé qu'Ottawa a des raisons de croire que le président du Sénat en Haïti, Joseph Lambert, et son prédécesseur Youri Latortue ont utilisé leur statut «pour protéger et permettre les activités illégales de gangs criminels armés». Le blanchiment d'argent est mentionné.
Le gouvernement Trudeau, conjointement avec les États-Unis, mettra donc en place une interdiction de transactions pour ces personnes, ce qui a pour but «de geler tout avoir qu'elles peuvent détenir au Canada».
Le département américain du Trésor va plus en détail dans son communiqué et indique que les deux hommes ont contribué à du trafic de drogue de la Colombie vers Haïti. On y soutient aussi qu'ils ont demandé à d'autres personnes de commettre des violences à leur place.
Youri Latortue a nié ces allégations, clamant avoir dénoncé la violence et les bandes criminelles. Il estime que cette décision manque de rigueur. «J'ai combattu la corruption et le blanchiment d'argent dans de nombreux rapports publics, a-t-il écrit sur Twitter. Je vais me défendre avec la loi et la vérité.»
Un porte-parole de Joseph Lambert a été contacté pour obtenir sa réaction, mais ces messages sont demeurés sans réponse jusqu'ici.
Dans le communiqué canadien de l'annonce, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a condamné à nouveau les violences perpétrées par les bandes armées en Haïti, mentionnant les viols répétés et les actes qui empêchent la population de recevoir des services essentiels.
Ottawa a signalé que d'autres personnes pourraient prochainement s'ajouter à la liste de celles qui sont sanctionnées.
En plus des enjeux criants de sécurité, le pays est actuellement confronté à une éclosion de choléra et à de l'insécurité alimentaire. Un blocage perturbe notamment la distribution de carburant partout en Haïti.
«La majorité de la population victime est en grande souffrance, de plus en plus privée du minimum vital, exposée à la violence et se sentant abandonnée», a résumé Patrick Auguste, qui œuvre notamment au sein d'une association jeunesse de la diaspora haïtienne.
Il a témoigné vendredi matin devant les élus fédéraux du sous-comité des droits internationaux de la personne, aux côtés d'universitaires et de membres de groupes communautaires.
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Morgan Wienberg, de l'organisation Little Footprints Big Steps, a qualifié la crise de «guerre civile». «Il y a actuellement plus de 100 000 personnes déplacées à l'intérieur d'Haïti», a-t-elle dit.
Selon Mme Wienberg des «pédophiles étrangers» abusent sexuellement d'enfants en Haïti en toute impunité, car le pays est incapable de contrôler les réseaux d'«orphelinats illégaux».
Elle estime que le gouvernement actuel ne peut pas être l'interlocuteur de la communauté internationale puisqu'il est très clair, selon elle, qu'il n'agit «pas dans le meilleur intérêt du peuple haïtien».
Un peu plus tôt cette semaine, le premier ministre canadien Justin Trudeau a affirmé que «des sanctions, ce n'est pas assez en soi».
Des discussions sont en cours sur une possible intervention internationale. Le premier ministre haïtien, Ariel Henry, a demandé à ce que celle-ci soit militaire.
«Mais il faut faire très attention qu'une intervention soit acceptable pour le peuple (haïtien) et pour l'aider», a dit M. Trudeau mercredi.
Il a soutenu que la mission canadienne récemment rentrée au pays avait permis de recueillir «beaucoup d'information» sur le terrain et que son gouvernement s'affairait à trouver la meilleure avenue à prendre.
«On comprend à quel point il y a beaucoup d'Haïtiens qui ne veulent pas voir de l'intervention internationale, a poursuivi M. Trudeau. C'est une réalité. En même temps, on regarde la crise, les viols, la violence, la pauvreté, le choléra, la crise sanitaire et on se dit ''Il faut qu'on intervienne d'une façon ou d'une autre".»
Lundi, l'ambassadeur canadien en Haïti, Sébastien Carrière, a fait savoir qu'aucune décision n'avait encore été prise sur le rôle que jouera le Canada dans une future intervention internationale.
Il a néanmoins affirmé que bien des gens en Haïti et dans la région des Antilles espèrent que le Canada assumera un rôle de leader dans le soutien à ce pays.
«La communauté internationale a un rôle important à jouer, et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider les Haïtiens et faire respecter les droits de la personne, la démocratie et la paix internationale», a déclaré par écrit la ministre Joly vendredi.
Cette dernière était en Allemagne pour prendre part à une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7.
Avec des informations de Dylan Robertson