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Québec a du pain sur la planche pour mieux soutenir les jeunes de la DPJ dans leur transition vers l'âge adulte.
La réforme de la Loi sur la protection de la jeunesse adoptée il y a deux semaines à l’Assemblée nationale vise à faciliter la transition vers l’âge adulte pour les jeunes confiés à la DPJ. Une «avancée importante» selon le Collectif des ex-placés, qui demeure néanmoins sur ses gardes dans l’attente d’un plan concret.
«À 18 ans, on fait juste te dire “bon, on peut plus te garder, voici tes sacs de poubelles, voici la sortie”», raconte Kevin Champoux-Duquette, qui a lui-même grandi «dans le système», de 7 ans à 18 ans. «Il n’y a pas vraiment de ressources qu’on nous donne.»
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Devenu adulte aux yeux de l’État, il a perdu l’éducatrice de réinsertion et la travailleuse sociale qui l’accompagnaient le jour de son 18e anniversaire.
Sans repères pour naviguer dans la «vraie vie», le jeune adulte raconte avoir fait confiance aux mauvaises personnes et s’être rapidement attiré des ennuis. Il s’est fait expulser de son appartement après à peine quelques semaines, et a eu des démêlés avec la justice.
«Dehors, c’est la jungle», illustre-t-il.
Voyez le témoignage de Kevin dans la vidéo qui accompagne ce texte.
Aujourd’hui âgé de 23 ans, le jeune homme s’implique au sein du Collectif des ex-placés de la DPJ, dans l’espoir d’assurer un meilleur avenir aux quelque 2000 jeunes de la DPJ qui atteignent l’âge de la majorité chaque année. De ce nombre, un sur cinq se retrouve en situation d’itinérance dans les mois qui suivent la fin de son placement.
Le regroupement a milité intensément pour convaincre le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux Lionel Carmant d’amender son projet de loi 15 pour mieux encadrer la transition à l’âge adulte.
La nouvelle loi comprend désormais l’obligation pour la DPJ de convenir d’un plan de transition avec le jeune dans les deux années précédant son 18e anniversaire. Elle prévoit aussi que les jeunes pourront bénéficier de «l’accompagnement» de l’État jusqu’à l’âge de 25 ans.
«On trouve que c’est un bon début», affirme Jessica Côté-Guimond, fondatrice du Collectif des ex-placés. Déjà on nous écoute, alors qu’avant ce n’était pas du tout le cas.»
Elle rappelle toutefois que les défis sont colossaux et met Québec en garde contre le «travail en silo».
«On parle du logement, de l’emploi, de l’éducation, énumère-t-elle. C’est pourquoi j’ai demandé au ministre Carmant de mettre en place un plan d’action interministériel.»
Une option envisagée par Québec, mais qui pourrait prendre du temps avant de voir le jour.
Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux Lionel Carmant a ouvert la porte à la mise sur pied d'un plan d'action interministériel pour mieux accompagner les jeunes de la DPJ après leur majorité. (Photo: Jacques Boissinot/La Presse canadienne)
Le ministre Carmant a d’abord mandaté un comité national qui aura pour mission de réforme le Programme qualification jeunesse (PQJ), qui aide certains jeunes de la DPJ à se préparer à la vie adulte.
«De là, découlera probablement un plan interministériel», affirme-t-on au cabinet du ministre.
Mme Côté-Guimond émet cependant des réserves quant à ce comité, auquel les membres du collectif n’ont pas été invités à participer jusqu’à présent.
«Quand le ministre dit qu’il y a des experts autour de la table, on se demande lesquels, parce que les premiers experts ne sont pas là», dénonce celle qui participe aussi à l’Étude longitudinale sur le devenir des jeunes placés (EDJEP).
«On a hâte de voir à quoi va ressembler la bonification du PQJ, parce que pour l’instant il est offert juste à une petite partie des jeunes admissibles», rappelle-t-elle.
Les travaux du comité doivent débuter au début de l’été. Son rapport est attendu à l’automne.
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