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Le premier ministre François Legault a accusé les partis d'opposition de discréditer les éducatrices.
Accusé par l'opposition de ne pas avoir remédié aux constats dévastateurs de la vérificatrice générale sur la qualité des services de garde, le gouvernement Legault a rendu publics jeudi tous les correctifs qu'il a apportés.
Le premier ministre François Legault a accusé les partis d'opposition de discréditer les éducatrices, tandis que la ministre de la Famille, Suzanne Roy, les a accusés de faire peur aux parents.
Dans un rapport déposé en mai dernier, la vérificatrice générale Guylaine Leclerc révélait un taux d'échec cumulatif de 30 % des Centres de la petite enfance (CPE) et des garderies à l'évaluation de la qualité éducative préparée par le ministère de la Famille.
Le taux d'échec a atteint environ 60 % en 2022-2023 pour les garderies subventionnées et non subventionnées.
«Il n'y a absolument aucune feuille de route qui a été déposée, aucun plan crédible qui a été présenté», a affirmé le porte-parole du Parti québécois (PQ) en matière de famille, Joël Arseneau, en conférence de presse jeudi matin.
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Les problèmes relevés par la vérificatrice étaient pourtant nombreux: attitudes et pratiques inappropriées des éducatrices, plomb dans l'eau, risques pour la santé et la sécurité au travail, médicaments expirés, produits nettoyants toxiques mal entreposés, etc.
«Si la ministre est si fière de son plan d'action, qu'elle le dépose parce qu'il n'est pas public, il n'y a personne ici qui l'a vu», a renchéri le député Guillaume Cliche-Rivard, de Québec solidaire (QS), à la période de questions.
Le gouvernement a par la suite fourni à La Presse Canadienne un document d'une douzaine de pages qui répondait à chacune des six recommandations de la vérificatrice générale.
Mme Leclerc déplorait notamment que le ministère n'assure pas que la qualité des services de garde éducatifs en milieu familial reconnus est «suffisante».
Là-dessus, le ministère conclut que la méthodologie d'évaluation est à définir et que cela dépendra des budgets.
Sur le taux d'échec dans les évaluations, le ministère a entrepris de faire un suivi de ses évaluations, de recueillir des données, de produire un aide-mémoire sur la qualité et de réviser son programme de soutien financier visant l'amélioration de la qualité, entre autres.
Sur le déclin du ratio d'éducatrices qualifiées, le gouvernement offre notamment de nouvelles formations d'appoint, fixe ou fixera des cibles en matière de recrutement et exigera des plans des services de garde éducatifs à l'enfance.
Quant au traitement des plaintes qui ne permet pas de gérer adéquatement, des critères de priorisation ont été déposés, le guide de traitement des plaintes a été mis à jour et des moyens de prévention sont mis en place pour relever les manquements fréquents et le taux trop élevé de plomb dans l'eau.
Enfin, à propos de l'intégration plus rapide de 6400 personnes non reconnues dans le réseau de services de garde en conformité avec la loi, le ministère propose une bonification du plan d'intégration pour les encourager à être reconnues par un bureau coordonnateur.
Jeudi, le PQ a déposé une pétition de près de 4000 signatures, pour exiger que le gouvernement caquiste mette en oeuvre un plan d'action en réponse aux constats de la vérificatrice générale.
«Le réseau se dégrade, la ministre doit donner un coup de barre important», a dénoncé M. Arseneau, dans une entrevue avec La Presse Canadienne.
«Elle est la ministre responsable et c'est comme si elle jouait du violon sur le Titanic qui fonce vers l'iceberg. Elle semble dire: on garde le cap. On se serait attendu à ce que la ministre soit plus sérieuse et rigoureuse.»
Il déplore de surcroît que les parents ne puissent savoir quels sont les services de garde fautifs.
Sur 64 services de garde en échec en 2022 dans l'échantillon de la vérificatrice générale, 38 % n'ont pas apporté de mesures correctives, a souligné M. Arseneau. Et sur les 40 plans correctifs soumis, seulement 11 % font état d'actions claires et ciblées.
«Les constats sont dévastateurs et minent la confiance des parents», a tranché le porte-parole péquiste.
M. Arseneau souligne que la vérificatrice générale avait établi un lien entre la qualité des services et le ratio d'éducatrices qualifiées: dans les CPE, il est passé de deux sur trois à une sur trois.
Pas moins de 4000 ont quitté le réseau dans la dernière année, a-t-il rappelé. Il réclame de la ministre un plan pour combler l'exode et pour résorber le «déficit de qualification» des éducatrices. Mme Roy a pour sa part fait valoir que 7500 nouvelles travailleuses ont joint le réseau.
Mais il y a seulement 278 éducatrices qualifiées de plus dans le réseau depuis trois ans, a rapporté Radio-Canada.
M. Arseneau en a aussi profité pour dénoncer les offres salariales du gouvernement caquiste aux éducatrices dans les négociations actuelles en les jugeant nettement insuffisantes.
À son avis, la ministre ne se soucie que de créer des places en garderie ou de les convertir en places subventionnées, pour atteindre l'objectif de 37 000 de la CAQ fixé pour mars 2025, mais sans égard à la qualité des places.
Le député péquiste a rappelé que son parti priorise avant tout les CPE.
Une campagne conjointe de la Fédération de la santé et des services sociaux, affiliée à la CSN, fait actuellement la promotion des «services éducatifs sans but lucratif», pour que 100 % des nouvelles places soient créées en CPE ou avec les responsables de services de garde éducatifs en milieu familial, régis et subventionnés.