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Qu'adviendra-t-il de la Déclaration de Saguenay?
Après des débats complexes de procédures et beaucoup de confusion, le chef parlementaire solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, est en voie de remporter son pari. À la fin de la journée de samedi, des militants solidaires réunis en Conseil national à Jonquière ont voté en faveur de la majorité de la Déclaration de Saguenay.
Du retard dans l’horaire a toutefois obligé l’instance solidaire à ajourner les débats en début de soirée, ce qui a empêché son adoption complète.
Plusieurs militants sont aussi venus aux micros pour exprimer leur malaise ou leur confusion quant au rôle que devait jouer la Déclaration de Saguenay: était-elle simplement un rapport, un bilan ou un document d’orientations politiques?
«Pourquoi on fait ça compliqué comme ça? Je pense que quelqu’un a échappé la puck. Hey, on est à Saguenay, ici on fait pas ça compliqué, on fait ça simple», a lancé un militant de Rouyn-Noranda–Témiscamingue.
Des membres affirment aussi que des propositions de la Déclaration de Saguenay étaient en contradiction avec le programme du parti.
Tout cela a failli entraîner un vote qui aurait pu avoir un impact majeur sur la déclaration. Finalement, les militants contestataires se sont ralliés à la dernière minute. «On ne veut pas se diviser sur des affaires comme ça. On va travailler ensemble», a dit André Frappier, un militant de longue date qui est aussi ancien porte-parole intérimaire du parti. Sa rétractation a été accueillie par des applaudissements de la salle.
Les discussions se sont par la suite déroulées sereinement.
Les militants solidaires doivent finir d'adopter la déclaration dimanche, en plus de se pencher sur le programme et la plateforme du parti.
Malgré son absence, l’ombre d’Émilise Lessard-Therrien a plané sur l’ouverture du Conseil national de Québec solidaire (QS). Les raisons de sa démission ont refait surface samedi et ont obligé Gabriel Nadeau-Dubois à faire acte de contrition.
«Je regrette d'avoir échoué à prévenir son départ. J'ai ma part de responsabilité dans son départ», a-t-il admis dans son discours samedi matin devant quelques centaines de militants solidaires réunis à Jonquière.
À ses côtés, Christine Labrie, qui a remplacé Émilise Lessard-Therrien au pied levé, a affirmé : «Tout le monde aurait préféré que ce soit Émilise qui soit au micro en ce moment. J'en suis bien consciente».
Dans un document cité par Radio-Canada samedi, l’ex-porte-parole Émilise Lessard-Therrien fait part de ses récriminations envers son parti qui l’ont poussé à démissionner.
Elle dit avoir été invalidée, qu’elle n’avait pas les ressources nécessaires pour faire son travail et qu’elle a été rabrouée après une entrevue avec le diffuseur public. Mme Lessard-Therrien affirme également que le courant ne passait pas entre elle et son homologue masculin, Gabriel Nadeau-Dubois.
En mêlée de presse en marge du Conseil national, «GND» a avoué qu'il aurait voulu avoir le temps d'approfondir sa relation avec l'ex-co-porte-parole, faisant allusion à sa relation avec sa prédécesseure Manon Massé. «J'ai été co-porte-parole avec Manon Massé pendant sept ans. Ça a été une belle relation, une relation qui a quand même pris du temps à se développer. Ça nous a pris à peu près un an, à Manon et moi pour apprendre à se connaître [...] J'aurais souhaité avoir ce temps-là avec Émilise. Malheureusement, ça n'a pas été possible», a-t-il mentionné, ajoutant «n'avoir pas vu venir» l'épuisement de son ex-collègue.
La démission de Mme Lessard-Therrien a provoqué une onde de choc au sein du parti. Après des semaines difficiles ponctuées par une multitude d'échanges épistolaires, le Conseil national est un moment charnière pour Gabriel Nadeau-Dubois qui veut faire passer la Déclaration de Saguenay auprès de ses membres. Il souhaite aussi que le programme du parti soit allégé pour qu’il soit plus «pragmatique».
Le chef parlementaire solidaire a toutefois eu droit à un coup de pouce cette semaine quand la ministre caquiste de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a déposé un projet de loi pour mieux protéger les locataires aînés, une demande de longue date de QS.
Gabriel Nadeau-Dubois n’a d’ailleurs pas manqué de souligner cet éventuel gain lors de son discours d’ouverture. «On fait tous des sacrifices dans notre engagement politique pour une raison. Ben moi, elle est là ma raison», a-t-il dit.
Le parti appréhende visiblement des débats houleux en fin de semaine. La journée de samedi s’est ouverte avec une allocution d’un membre du comité d’éthique de QS, Martin Roy, ayant pour but de rendre les discussions lors du Conseil national plus harmonieuses.
«Je nous invite à nous libérer du blâme et de la recherche de coupables, car ça, ça nuit au climat de militance», a-t-il lancé aux membres présents.
Cette intervention «est une nouvelle pratique élaborée dans le cadre de nos réflexions sur l’amélioration de nos pratiques de débats sains», indique le parti.
Cette semaine, le député solidaire Alexandre Leduc a écrit une lettre en prévision des débats de la fin de semaine pour demander aux militants de rester au sein du parti malgré les possibles déceptions. Samedi, il a reconnu qu'il y avait des risques que des membres déchirent leur carte. «Je souhaite qu'il y en ait le moins possible [...] J'ai toujours le cœur brisé quand ça arrive», dit-il.
Dans son discours d'ouverture, Gabriel Nadeau-Dubois n'a pas caché ses intentions de moderniser Québec solidaire, écartant du revers de la main la possibilité qu'il s'agisse d'un constat d'échec.
«Il y a bien des gens dans notre parti, à tous les paliers qui sont arrivés à la même conclusion en même temps: c'est le moment de moderniser Québec solidaire, comme on l'a fait plusieurs fois dans le passé. Apprendre, s'enraciner dans les crises, dans les luttes, les injustices d'aujourd'hui, ce n'est pas une faiblesse, ce n'est pas un aveu qu'on s'est trompé hier. C'est juste une sincère volonté de toujours s'améliorer pour être toujours plus proches du monde», a-t-il affirmé.
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«Les Québécois et Québécoises espèrent des résultats différents en 2026. Nous, on veut aussi des résultats différents que ceux qu'on a eus en 2022. Alors, osons. Osons faire les choses différemment.»
S'il a surtout été questionné sur la crise que traverse son parti, M. Nadeau-Dubois a affirmé que le Conseil national de cette fin de semaine était surtout l'occasion pour les membres de QS de s'exprimer sur l'avenir de la formation. «On a mené une belle et ambitieuse tournée des régions, les conclusions de cette tournée sont dans la Déclaration de Saguenay. On aura aussi un débat sur l'avenir de notre programme politique. Ce sont des débats importants pour que Québec solidaire passe à la prochaine étape», a-t-il lancé.
La co-porte-parole par intérim de QS, Christine Labrie, a d'ailleurs affirmé que le parti avait voulu respecter le souhait de ses membres d'impliquer davantage les régions dans son projet, en organisant son Conseil national au Saguenay.
«La Déclaration de Saguenay, dont on va discuter en fin de semaine, c'est le fruit de la grande tournée [des régions]. C'est les constats qui découlent des rencontres, c'est les attentes du monde en région. C'est ce qu'ils nous ont dit avoir besoin de voir», a-t-elle déclaré dans son discours d'ouverture.
Avec de l'information de Jean-François Poudrier pour Noovo Info.