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Denise Bourque a choisi de se rendre par elle-même à une pharmacie, à quelques minutes près de ce qu’elle croyait être son dernier souffle. La dame pensait ne pas pouvoir contacter les services d'urgence en raison de la panne chez Rogers.
La vie de Denise Bourque aurait pu prendre une tournure tragique sans l'aide de la pharmacienne Kristel Gagné à Sherbrooke. C'est grâce à la bienveillance et la réactivité de cette dernière que Mme Bourque peut raconter les quelques heures où elle a frôlé la mort.
Victime d'une réaction allergique sévère, la septuagénaire n'a pas pris la peine d’essayer d’appeler le 911 le 8 juillet dernier: son cellulaire était hors-service en raison de la panne chez Rogers.
Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) statue clairement qu’en possession d’un téléphone cellulaire, il est possible de composer le 911 «sans pour autant être abonné à un service» de téléphonie sans fil. Or, pendant la panne de Rogers, il aurait été impossible pour certains usagers de contacter les services d'urgences, dit-on dans une demande d'action collective intentée contre l'entreprise. Impossible de savoir si Mme Bourque se serait butée au même problème puisqu'au lieu d'appeler les secours, elle a plutôt choisi de se rendre par elle-même à une pharmacie, à quelques minutes près de ce qu’elle croyait être son dernier souffle.
Qu'à cela ne tienne, toute cette situation a créé des problèmes d'envergure à Mme Bourque. Vers 14h30 ce jour-là, elle a pris un nouveau médicament prescrit par son médecin. Une quinzaine de minutes plus tard, elle a ressenti des démangeaisons dans ses jambes et ses bras, et constaté des rougeurs importantes sur son corps.
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En réaction, elle a ensuite avalé des médicaments contre les allergies, mais respirer s’avère de plus en plus difficile et son état se dégrade. «Je suis passée devant mon miroir, et c'était rouge, rouge, rouge. J'étais très essoufflée, déjà que je fais de l'asthme», a-t-elle raconté à Noovo Info.
À bout de souffle et sujette à la panique, Denise Bourque s’est alors souvenue que, toute la journée, elle n’avait pas pu recevoir ni passer d’appels avec son cellulaire en raison de la panne chez Rogers. C'est ce qui l’a impulsivement poussée à prendre sa voiture en pleine crise allergique, plutôt que d'appeler le 911. Sa pharmacie se trouve à une centaine de mètres de sa résidence. «J'avais la certitude que je ne me rendais pas au CHUS», a-t-elle noté pour justifier son choix de ne pas se rendre à l’hôpital.
Pourtant, l'infirmière de carrière a toujours été la première à rappeler aux gens de ne pas prendre leur voiture dans le cas d'une urgence. «Quelque chose me disait que je devais m'en aller», se souvient-elle.
En entrant au Jean Coutu du 2340, rue King Est, les employés ont rapidement constaté que leur cliente régulière était en crise. Sans perdre un instant, la pharmacienne-propriétaire, Kristel Gagné, lui injecte une première dose d'EpiPen, qui permet de traiter d’urgence des réactions allergiques sévères.
La pharmacienne se souvient d'ailleurs de l'arrivée abrupte de Mme Bourque au comptoir des ordonnances. «J'ai vu que sa réaction augmentait et que c'était le temps de lui donner un EpiPen. Elle avait de la difficulté à respirer, et l'EpiPen était ma seule option», a-t-elle raconté en entrevue avec Noovo Info.
Kristel Gagné félicite d'ailleurs sa cliente d'avoir eu le réflexe de se rendre à la pharmacie. «C'est vraiment elle l’héroïne dans l'histoire. Je pense que n'importe quel pharmacien aurait fait la même chose que moi.»
La pharmacie où s'est rendue Denise Bourque. Crédit: Dominique Côté | Noovo Info
Ayant déjà subi un AVC dans le passé, Denise Bourque a été transportée d'urgence aux soins intensifs par mesure préventive, où elle a passé près de 24 heures. «Le médecin m'a dit que sans l'aide de la pharmacienne, quelques minutes de plus et il était trop tard», se souvient-elle
Maintenant sortie de l'hôpital depuis deux jours, la femme se considère chanceuse d'être en vie. « Il y a quelqu'un qui m'a protégée ce jour-là. Tout s'est aligné pour que je m'en sorte, je n'étais vraiment pas due», mentionne-t-elle.
La panne de Rogers l'aura certainement poussée à se questionner sur la dépendance de la société au réseau de téléphonie sans fil. Outre la fatigue et l'anxiété, Denise Bourque se rappellera longtemps du mauvais quart d'heure qu'elle a vécu le 8 juillet 2022.
Note de la rédaction: Cet article a été mis à jour avec l'information de la demande d'action collective intentée contre Rogers. Pour plus d’information, consultez les normes éditoriales de Noovo Info.