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Russell Lucas témoigne mardi à la Commission sur l'état d'urgence, qui se penche sur le recours à la Loi sur les mesures d'urgence, par le gouvernement libéral fédéral, afin de déloger les manifestants, en février dernier.
Un inspecteur du Service de police d'Ottawa a déclaré à la Commission sur l'état d'urgence que l'ampleur de la manifestation qui a paralysé le centre-ville d'Ottawa l'hiver dernier «avait dépassé» toutes les prévisions de la police quant au nombre de participants.
L'inspecteur Russell Lucas, qui était un commandant d'intervention à la Police d'Ottawa pendant les manifestations, a également déclaré que même s'il estimait que les premiers jours du «convoi de la liberté» étaient bien gérés, la police avait selon lui raté une belle occasion de réduire la zone de manifestation après la première fin de semaine, lorsque plusieurs participants ont quitté la capitale fédérale.
La commission d'enquête publique vise à examiner la décision du gouvernement fédéral d'invoquer la Loi sur les mesures d'urgence trois semaines après le début de la crise et de déterminer si cette décision sans précédent était justifiée.
Pendant près de trois semaines, fin janvier et début février, certains secteurs du centre-ville d'Ottawa ont été bloqués par des centaines de voitures, de fourgonnettes et de semi-remorques.
Dans une entrevue à des procureurs de la commission avant les audiences publiques, M. Lucas a déclaré que des publications sur les réseaux sociaux avant le début des manifestations lui avaient fait craindre que le «convoi de la liberté» ne se transforme sur la colline du Parlement en un assaut comme celui qu'avait connu le Capitole aux États-Unis un an auparavant. Un résumé de ce témoignage a été déposé mardi matin en preuve à la commission.
Certains messages sur les réseaux sociaux avant l'arrivée du convoi à Ottawa le 29 janvier évoquaient la possibilité de faire de cette manifestation «un 6 janvier canadien», une référence à l'assaut donné sur le Capitole à Washington le 6 janvier 2021.
Les craintes de l'inspecteur Lucas ne se sont jamais matérialisées, mais il a avoué qu'il avait été extrêmement surpris par le nombre de véhicules qui ont finalement envahi Ottawa et il a admis que la police avait été débordée.
«L'analogie que j'utiliserais, c'est que nous érigeons un mur de sacs de sable, mais vous voyez que les eaux montent plus vite et vous savez que vous allez être submergé par l'eau qui arrive».
Il a soutenu que près de 5000 véhicules avaient tenté d'entrer à Ottawa le 29 janvier, premier grand jour de manifestations, même si plusieurs en provenance du Québec avaient été bloqués.
M. Lucas a également rappelé que la police n'avait eu qu'une semaine pour se préparer à la manifestation, alors que la planification du Sommet des dirigeants nord-américains de 2016 à Ottawa, par exemple, avait été préparée pendant des mois.
D'autres officiers supérieurs de la Police d'Ottawa avaient brossé avant lui un tableau des difficultés rencontrées par le service pour recueillir des renseignements et planifier l'événement, ainsi que d'un combat pour obtenir des ressources supplémentaires et d'un manque de plan d'urgence si les manifestants ne voulaient pas partir.
Le chef par intérim Steve Bell et d'autres officiers ont déclaré qu'ils prévoyaient une manifestation pacifique de trois jours. M. Bell a déclaré lundi que la police ne s'était pas correctement préparée à l'impact qu'auraient les manifestations sur les résidants d'Ottawa, y compris la violence.
Mais la commission a également appris qu'une association régionale d'hôteliers avait déjà prévenu la police, avant l'arrivée du convoi, que les manifestants réservaient des chambres pour 30 jours.
Et les renseignements préparés par la Police provinciale de l'Ontario, déposés en preuve à la commission, ont signalé que le «convoi de la liberté» était considéré comme «à haut risque» de perturbations de la circulation et d'activités illégales.
La Police d'Ottawa a déclaré que ces rapports de renseignement n'avaient été vus par des officiers supérieurs à Ottawa qu'une fois la manifestation commencée dans la capitale fédérale.
Dans des témoignages antérieurs, des agents de la Police provinciale ont témoigné qu'il y avait un manque de renseignements éclairés et un dysfonctionnement au sein de la Police d'Ottawa dès les premiers jours de la manifestation.
En collaboration avec Dave Fraser, La Presse canadienne