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Le projet sur l’aide financière aux familles de victimes qui ont perdu un proche dans une intervention policière prévoit un plafond de 20 000 $. C'est insuffisant aux yeux du père de Koray Kevin Celik.
Pour le père de Koray Kevin Celik, mort à 28 ans devant ses parents pendant une opération de la police à Montréal, ce qu’inclut le projet de règlement sur l’aide financière aux familles de victimes qui ont perdu un proche dans une intervention policière n’est pas suffisant.
Cesur Celik, la Ligue des droits et libertés (LDL) et la Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP) ont uni leurs voix pour critiquer le projet, jeudi au Palais de justice de Montréal. Selon eux, les familles qui doivent se défendre en cour ne se battent pas à armes juridiques égales en pareille situation.
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Le projet de règlement déposé par le gouvernement prévoit un plafond de 20 000 $ d’aide financière aux familles des victimes. En contrepartie, les honoraires encourus par la défense des policiers impliqués dans de tels événements sont pleinement assumés par l’État quand leur intervention fait l’objet d’une enquête publique du coroner.
«Ils n’ont pas à sortir une cenne de leurs poches pour être représentés», a déploré Alexandre Popovic, porte-parole de la Coalition contre la répression et les abus policiers.
«Si l’enquête publique dure plus longtemps que prévu et que le 20 000 $ est épuisé, il arrive quoi? a-t-il demandé. L’avocat fait quoi? Il va quêter de l’argent dans la rue? Le gouvernement s’attend à ce que l’avocat aille travailler gratos ou en-dessous du salaire minimum? Ce ne sont pas que des avocats ou des policiers qui accepteraient.»
Le plafond d’aide financière n’est pas le seul aspect du projet de règlement qui ne sied pas à la famille Celik, à la Coalition et à la LDL.
Le projet de règlement limite l’aide financière à un seul membre par famille sauf exception, soit dans le cas où il y a des intérêts opposés.
La LDL demande une «aide financière possible pour l’ensemble des membres de la famille de la personne décédée», a précisé la porte-parole Lynda Khelil, pour «enlever le fardeau financier imposant dans le deuil [que la famille a] à vivre.
Pour la LDL, le projet de règlement devrait aussi «couvrir les procédures de révision d’une décision du coroner en cours d’enquête». Le projet de règlement exclut l’aide financière pour ces procédures.
Dans le cadre de l’enquête publique, le père de Koray Kevin Celik devra témoigner et entendre les témoignages de la police. «Nous voulons participer à l’enquête, mais il y a un problème: c’est très cher», a dit Cesur Celilk.
«Notre fils a été tué devant nous, à notre maison, le 6 mars 2017. Nous, les parents, avons demandé de l’aide [à la police]. Nous ne pouvions pas imaginer ce qui allait se produire. L’enquête aura lieu cet automne, cinq ans et demi plus tard. C’est une opportunité aujourd’hui d’améliorer les interventions dans ce genre de situation, en plus d’assurer que cela ne se reproduise plus», a souligné Cesur Celik.
Koray Kevin Celik était intoxiqué et dans un état de crise à l’Île-Bizard quand ses parents ont appelé le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), craignant que leur fils ne se fasse du mal. L’homme est décédé des suites d’une attaque cardiaque subie pendant l’intervention de la police.
Le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) a été condamné à verser 30 000 $ à la famille de Koray Kevin Celik pour son manque de transparence dans ses communications publiques au sujet des circonstances du décès de ce dernier. Le BEI avait rejeté la faute des policiers, dont l’intervention avait un caractère violent.