Début du contenu principal.
Le témoignage fort attendu de la ministre des Aînés, Marguerite Blais, à l’enquête de la coroner sur les décès survenus en CHSLD lors de la première vague est repoussé d’une journée et aura finalement lieu vendredi.
Témoin clé de cette enquête, Mme Blais, qui est âgée de 71 ans, avait d’abord annulé sa participation l’automne dernier en raison d’ennuis de santé, avant de récemment changer son fusil d’épaule.
À la reprise des travaux lundi, la coroner Géhane Kamel a expliqué qu’elle devait entendre Mme Blais jeudi, mais que la salle du palais de justice de Trois-Rivières où se tiennent les procédures n’était disponible que vendredi.
À lire également - Détérioration de la situation dans les CHSLD
Elle a du même souffle annoncé que le responsable de la sécurité civile, Martin Simard, qui était censé témoigner lundi matin, avait eu un « contretemps », mais qu’il pourrait se présenter à l’enquête vendredi ou lundi prochain.
M. Simard est, selon la coroner, le « morceau de puzzle qui manque » pour comprendre quelles préparations ont réellement été faites entre janvier et mars 2020 pour faire face à la pandémie de COVID-19 dans les CHSLD.
En attendant ces deux témoignages importants, la coroner a convoqué un ex-sous-ministre adjoint du ministère de la Santé, Pierre Lafleur.
Il a déclaré lundi que la lettre du 28 janvier 2020 destinée aux coordonnateurs de sécurité civile des établissements était en fait un drapeau « jaune ».
Il l’a résumée ainsi: « Il va peut-être se passer quelque chose, il faut s’organiser et voici ce qu’on attend de vous ». »
Selon M. Lafleur, la mesure n’avait « rien d’étonnant » et ne visait pas les CHSLD en particulier, quoiqu’ils relevaient des établissements. « C’est quelque chose que j’ai déjà vu auparavant », a-t-il expliqué.
L’automne dernier, l’ex-ministre de la Santé, Danielle McCann, avait pourtant brandi cette lettre comme preuve que son gouvernement avait agi tôt en prenant des moyens exceptionnels.
Elle se défendait d’avoir négligé les CHSLD.
« Dans le fond, il n’y a rien dans cette lettre-là qui indique aux gens: “Attention, c’est votre premier drapeau rouge concernant les CHSLD” », a commenté lundi la coroner.
En temps de pandémie, c’est plutôt au directeur national de santé publique de lever le drapeau « rouge », a souligné M. Lafleur, pour qui cela est d’ailleurs « très clair ».
À sa connaissance, la question spécifique des CHSLD n’a été abordée en Comité de gestion du réseau (CGR) qu’autour de la mi-mars 2020.
« Je reste préoccupée. (…) Je n’entends personne me dire vraiment ce qui se passe entre janvier et mars et je suis dans les derniers milles », s’est exclamée Me Kamel, disant espérer que M. Simard lui serve son « dessert ». 4000 décès
La coroner Kamel se penche depuis des mois sur la situation des CHSLD lors de la première vague de la pandémie. Près de 4000 personnes sont décédées dans ces établissements entre mars et juin 2020.
Jusqu’à présent, plusieurs décisions gouvernementales ont soulevé les interrogations de la coroner, notamment le transfert de patients des hôpitaux vers les CHSLD et l’interdiction d’accès aux proches aidants.
Son objectif n’est pas de désigner un coupable, mais bien de formuler des recommandations pour éviter de futures tragédies, a-t-elle affirmé.