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Les pelouses, les cours arrière et les toits pourraient être utilisés pour produire à la fois de l'énergie solaire et des légumes frais, selon des chercheurs de l'Université de l'Alberta.
Les pelouses, les cours arrière et les toits pourraient être utilisés pour produire à la fois de l'énergie solaire et des légumes frais, selon des chercheurs de l'Université de l'Alberta.
Le pédologue Guillermo Hernandez et sa stagiaire de recherche péruvienne Camila Quiroz étudient actuellement la possibilité de faire pousser des plants sous des panneaux solaires, ce qui aurait pour effet de mieux rentabiliser l'utilisation de l'espace dans les villes et les fermes.
«Nous savons comment produire de l'électricité à partir de l’énergie solaire. Nous savons aussi comment faire pousser des légumes. Maintenant, ce que l’on veut savoir, c’est s’il est possible de faire ces deux choses au même endroit», explique M. Hernandez.
L’idée de combiner la production d'électricité avec des panneaux solaires et la culture de légumes sous ces mêmes panneaux est un concept relativement nouveau qui se nomme l’agrivoltaïsme.
Lors d’un projet de recherche qui s’est étendu sur 25 jours, M. Hernandez et Mme Quiroz ont cultivé des épinards sous trois systèmes: le premier sous des panneaux solaires épais, le second sous des panneaux solaires minces et le troisième, un contrôle, sans panneaux solaires.
Les chercheurs ont simulé la lumière du Soleil dans une petite pièce de l'université pendant l'hiver albertain.
Mme Quiroz, qui étudie l'ingénierie énergétique au Pérou, affirme qu'il n'y avait pas de différences significatives de goût ou de nutrition entre les épinards cultivés sous des panneaux solaires et le lot cultivé directement sous la lumière.
«J'ai goûté aux épinards cultivés sous les panneaux solaires et ils étaient tout aussi sucrés. Le goût était parfait», souligne-t-elle.
Cependant, les plants cultivés sous les panneaux solaires étaient plus petits que le lot cultivé sans panneaux. Selon Mme Quiroz, un «peu plus de temps» sous les panneaux les auraient aidés à mieux mûrir.
Les chercheurs mènent aussi une analyse en laboratoire pour déterminer la composition nutritionnelle exacte des trois lots et publieront leurs résultats dans les prochaines semaines.
Mme Quiroz soutient que l’agrivoltaïsme ne se limite pas à optimiser l’espace disponible sur les terres.
Les panneaux solaires créent un microclimat sous l’espace qu’ils couvrent, protégeant ainsi les plants de la lumière directe du soleil et favorisant de meilleures températures.
Les légumes verts, les baies et le brocoli font partie des aliments qui poussent bien sous des panneaux solaires.
Mme Quiroz va même jusqu’à dire que les panneaux solaires pourraient contribuer à augmenter la production agricole de certains aliments.
«Un autre avantage est l'augmentation de la production d'énergie solaire», mentionne-t-elle.
Dans un rapport publié plus tôt cette année, l'Agence internationale de l'énergie a soulevé que les investisseurs se tournent de plus en plus vers les projets à énergie solaire, qui ont dépassé pour la première fois les dépenses consacrées aux projets liés aux combustibles fossiles.
Même si le coût initial de l'installation de panneaux solaires peut être élevé, l’agrivoltaïsme a le potentiel de faire partie du paysage urbain au Canada, croit M. Hernandez.
«Pour les zones urbaines, cela pourrait vraiment permettre de rapprocher une certaine production agricole», souligne-t-il.
L'agriculture agrivoltaïque a aussi l'effet bénéfique d’apprendre aux gens à cultiver des produits frais tout en exploitant l'énergie solaire sur les balcons et les terrains des maisons.
«Les gens pourront voir d’où viennent leurs légumes et vont se sentir plus connectés à la nature», à son avis.
Certains gouvernements provinciaux ont accordé des remises et des subventions aux ménages et aux institutions pour l'installation de panneaux solaires.
D'autres pays, dont la Corée du Sud et la France, commencent aussi à se laisser séduire par l’agrivoltaïsme.
Pour M. Hernandez, la prochaine étape cruciale est de réussir à obtenir du financement pour la recherche sur d'autres légumes. Il veut aussi explorer le fonctionnement des panneaux solaires à l'extérieur.
Le chercheur travaille également sur un guide de l'agriculture agrivoltaïque, qui comprendrait une liste de cultures pouvant être cultivées sous des panneaux solaires.