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Le projet propose un concept qu’on dit novateur, car il intègrera un ensemble de services communautaires et de proximité pour les populations vulnérables du secteur, des logements transitoires et deux cubicules de consommation supervisée.
La Maison Benoit Labre confirme mercredi que l'ouverture du premier centre d'inhalation supervisé de drogues à Montréal aura bel et bien lieu au début de 2024 dans le quartier Saint-Henri, dans le sud-ouest de Montréal.
Le projet propose un concept qu’on dit novateur, car il intègrera un ensemble de services communautaires et de proximité pour les populations vulnérables du secteur, dont un centre de jour ouvert en tout temps, des logements transitoires et deux cubicules de consommation supervisée.
En entrevue à La Presse Canadienne, la directrice générale de l'organisme, Andréane Désilets, précise que les usagers pourront consommer par injection, inhalation ou ingestion selon leur besoin. Il s'agit d'un premier centre de consommation supervisée dans ce secteur de la métropole, mais surtout d'une première ressource offrant l'inhalation supervisée à Montréal.
La Maison Benoit Labre indique avoir obtenu toutes les autorisations nécessaires pour démarrer ses opérations. Il ne reste plus qu'à terminer les travaux d'aménagement des locaux. L'ouverture devrait avoir lieu vers la fin du mois de janvier ou au début du mois de février.
Le volet logement comprendra 36 studios destinés aux itinérants aux prises avec des problèmes de dépendance et de santé mentale. Des repas nutritifs, des soins médicaux ainsi que des activités sociales seront également offerts à la clientèle.
Tous les appartements ont déjà été attribués à des personnes dans le besoin ayant pris l'engagement d'entreprendre une démarche personnelle en se fixant certains objectifs. La clientèle est mixte et environ le tiers des logements seront occupés par des femmes.
La direction de la Maison Benoit Labre, explique-t-elle, est de favoriser l'autonomisation et le développement des compétences des résidents, en vue d'une stabilité résidentielle à long terme. Ce projet de longue haleine est en élaboration depuis 2015.
Cependant, l'arrivée de cette nouvelle ressource communautaire suscite de l'opposition depuis plusieurs mois dans le quartier, en particulier de parents des quelque 300 élèves de l'école primaire Victor-Rousselot, qui est située à moins de 100 mètres de la future Maison Benoit Labre.
Plusieurs de ces parents ont dit reconnaître l'importance d'étendre les services aux personnes sans logement, mais ils se demandent pourquoi un site de consommation de drogue a été autorisé à ouvrir si près de l'école.
«On a mis en place un comité de bon voisinage pour être en mesure d'avoir des canaux de communication avec nos voisins, où l'on peut prendre le temps d'expliquer plus concrètement certains détails et je pense que ça favorise vraiment la compréhension du projet», explique Andréane Désilets en admettant avoir mal communiqué la démarche au départ.
«Il y a de plus en plus de gens qui consomment à l'extérieur et qui prennent des risques pour leur santé ou leur sécurité et l'on doit, en tant que société, réfléchir autrement, poursuit-elle. Il faut répondre à ça.»
Parmi les autres mesures visant à minimiser l'impact de la Maison Benoit Labre sur les environs, on prévoit une brigade de nettoyage de quartier, un intervenant à temps plein dédié à assurer une coexistence harmonieuse avec l'école primaire et l'éloignement de l'entrée principale du nouveau bâtiment du campus.
Pour sa part, le conseiller municipal qui représente le quartier, Craig Sauvé, a signalé qu'il n'y avait pas d'endroit idéal pour des sites qui aident les gens à sortir de l'itinérance chronique ou à faire face à une consommation chronique de drogues.
Bien que l'offre de services des nouvelles installations de la Maison Benoit Labre inclut le tout premier lieu d'inhalation supervisée, la directrice générale ne s'attend pas à une importante affluence de la clientèle.
«Les gens ne se déplaceront pas pour ça. Quand c'est la ressource qu'on connaît, dans notre quartier, bien sûr qu'on va être plus enclin à utiliser les services», mentionne-t-elle en ajoutant simplement s'attendre à ce que sa clientèle actuelle et la population du sud-ouest profitent d'une nouvelle option.
Par ailleurs, Andréane Désilets souligne que d'autres ressources s'apprêtent à mettre en place leur propre offre de service d'inhalation supervisée.