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«Sérieusement, nous sommes en 2024.»
La ministre néo-zélandaise de la Défense a vivement critiqué les remarques «ignobles» et «misogynes» formulées en ligne par des «amiraux de salon» au sujet de la femme capitaine d’un navire de guerre qui s’est échoué, a pris feu et a coulé au large des côtes de Samo.
«Sérieusement, nous sommes en 2024», a lancé Judith Collins à la presse jeudi.
Après des jours de commentaires sur les médias sociaux concernant le sexe de la commandante Yvonne Gray, Judith Collins a exhorté le public à «être meilleur». «Les femmes militaires ont également fait l’objet d’insultes dans la rue en Nouvelle-Zélande depuis que le navire — l’un des neuf que compte la marine du pays — a été perdu dimanche», a dit Mme Collins.
Les 75 personnes à bord ont été évacuées et n’ont subi que des blessures légères après que le navire s’est échoué sur le récif qu’il surveillait à environ un mille de la côte d’Upolu, l’île la plus peuplée de Samoa. La cause de la catastrophe n’est pas connue.
«La seule chose que nous savons qui n’est pas à l’origine de la catastrophe, c'est le sexe du capitaine du navire – une femme ayant 30 ans d’expérience dans la marine, cette nuit-là, a pris l’initiative de mettre ses hommes en sécurité», a ajouté Mme Collins.
«C’est le genre de personnes que je dénonce et je serai heureuse de continuer à les dénoncer aussi longtemps qu’il le faudra pour mettre fin à ce comportement […] Environ 20 % des militaires néo-zélandais en uniforme sont des femmes», a expliqué la ministre.
Mme Collins est la première femme ministre de la Défense de Nouvelle-Zélande. Elle a assuré qu’elle se tenait aux côtés de Mme Gray et de la générale de division Rose King, la première femme chef des armées du pays, qui a pris ses fonctions en juin.
«Nous sommes tous nommés sur la base de notre mérite et non de notre sexe.»
Le naufrage a fait craindre une importante fuite de carburant. Jeudi, les autorités samoanes ont expliqué que le navire fuyait du pétrole à trois endroits, mais que la quantité diminuait chaque jour et qu’elle se dissipait rapidement en raison des vents forts qui soufflaient dans la zone.
La majeure partie du carburant du navire semble avoir brûlé dans l’incendie, selon une déclaration du Comité consultatif sur la pollution marine. Les autorités devaient rencontrer les habitants jeudi pour discuter de la manière de retirer l’ancre du navire et les trois conteneurs de transport du récif sans endommager davantage le fragile écosystème marin.
Le gouvernement néo-zélandais a ordonné la création d’une cour d’enquête militaire sur cet épisode, qui sera dirigée par un officier supérieur de l’armée. Il se réunira pour la première fois à bord du Frida.
Les passagers, dont des scientifiques civils et des militaires étrangers, ont quitté le navire sur des canots de sauvetage dans des «conditions difficiles» et dans l’obscurité, a précisé à la presse le chef de la marine néo-zélandaise, le contre-amiral Garin Golding, après le naufrage.
Les personnes à bord ont depuis regagné la Nouvelle-Zélande par avion.
Le navire spécialisé dans la plongée et l’hydrographie était en service pour la Nouvelle-Zélande depuis 2019, mais il avait 20 ans et appartenait auparavant à Norwa. L’armée a déclaré que le navire, acheté pour 100 millions de dollars néo-zélandais (61 millions de dollars), n’était pas couvert par une assurance de remplacement.
L’état du matériel militaire vieillissant de la Nouvelle-Zélande a suscité des avertissements de la part de l’agence de défense, qui, dans un rapport publié en mars, a décrit la marine comme étant «extrêmement fragile», avec des navires inutilisés en raison de problèmes de rétention du personnel nécessaire à l’entretien et à la maintenance des navires. Sur les huit navires restants de la marine, cinq sont actuellement opérationnels.