Début du contenu principal.
L'enjeu était pourtant prioritaire durant le sommet de deux jours qui se conclut mardi à Kananaskis, en Alberta.
Le premier ministre Mark Carney juge que l'absence de déclaration conjointe du G7 sur la guerre en Ukraine ne révèle «rien» sur l'unité parmi les États membres du groupe multilatéral.
Le Canada a publié mardi une série de déclarations communes du G7 spécifiques à divers sujets, mais aucune ne porte sur l'invasion russe.
Ottawa a pourtant répété pendant des mois que l'enjeu serait la priorité numéro un durant le sommet qui s'est conclu mardi à Kananaskis, en Alberta.
Questionné à ce sujet, M. Carney a soutenu qu'il n'y avait «aucun problème» à ce niveau.
Il a relevé que «des phrases» de sa déclaration en tant qu'hôte du sommet portent sur une sortie de conflit voulue et que ce passage a été endossé par tous.
«Les dirigeants du G7 ont exprimé leur soutien aux efforts du président Trump en faveur d’une paix juste et durable en Ukraine. Ils ont reconnu que l’Ukraine s’était engagée à un cessez-le-feu inconditionnel et ont convenu que la Russie devait faire de même», peut-on lire.
Peu de temps avant la conférence de presse de clôture du G7 donnée par M. Carney, une source au bureau du premier ministre a affirmé que des négociations pour une déclaration entièrement dédiée à l'Ukraine ont achoppé.
Cette source, qui a réclamé l'anonymat pour s'exprimer plus librement, a indiqué que les États-Unis voulaient diluer le contenu de la déclaration conjointe proposée pour accepter de la signer.
Or, après la conférence de presse de M. Carney, le bureau du premier ministre s'est rétracté sur ces affirmations.
«Aucune proposition de déclaration conjointe quant à l'Ukraine n'a été distribuée. L'intention du Canada a toujours été que le langage important fasse partie de la déclaration de l'hôte du sommet du G7 comme a été le cas», a déclaré le bureau du premier ministre en corrigeant le tir.
En s'adressant aux médias, M. Carney a toutefois émis une nuance. «Il y a des choses que certains d'entre nous, le Canada inclus, auraient dites en allant plus loin que ce qui est dit dans le résumé de la présidence.»
Plus tôt mardi, le premier ministre a annoncé un soutien militaire additionnel de 2 milliards $ à l’Ukraine alors qu'il accueillait le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Kananaskis.
La contribution militaire canadienne doit permettre de fournir des drones, des hélicoptères et des munitions.
Le Canada sanctionne aussi une quarantaine d’entités russes ainsi que 77 personnes. Ottawa verse également un nouveau prêt de 2 milliards $ à l’Ukraine, a énuméré M. Carney.
Son bureau a précisé que le prêt sera remboursé avec les intérêts sur les avoirs russes gelés en Europe.
Le passage du dirigeant ukrainien en sol canadien est survenu après une attaque russe sanglante sur Kyiv, la plus meurtrière survenue dans la capitale ukrainienne cette année.
«Cela met en lumière l'importance de se tenir debout en solidarité avec l'Ukraine et le peuple ukrainien», a déclaré M. Carney en ouverture d'un tête-à-tête avec M. Zelensky.
Les deux hommes avaient le regard sombre et la voix teintée par l'émotion alors qu'ils s'adressaient brièvement aux médias avant leur rencontre.
Le président de l'Ukraine a souligné que la nuit a été particulièrement éprouvante pour les familles de son pays.
Le président français, Emmanuel Macron, avait l'impression que tous les alliés du G7 étaient sur la même longueur d'onde afin d'accroître la pression sur le régime de Vladimir Poutine.
Il a mentionné que l'Union européenne planche sur une nouvelle série de sanctions, de même que des sénateurs américains.
«La convergence entre nos actions (...) est de nature, à nos yeux, à changer la donne parce que c'est ça qui va permettre de ramener la Russie autour de la table des négociations, comme le demande le président Trump», croit le président français.
M. Macron a d'ailleurs été pris pour cible par le président américain, Donald Trump, au cours d'une mêlée de presse qu'il a tenue à bord de son avion, l'Air Force One, alors qu'il quittait hâtivement Kananaskis, dans la nuit de lundi à mardi, pour rentrer à Washington.
Il a soutenu que M. Macron ne comprenait rien, affirmant qu'il ne cherche pas l'atteinte d'un cessez-le-feu entre l'Iran et Israël.
Le président français a dit que ce «changement d'avis» de M. Trump ne l'«émeut pas».
Questionné à ce sujet, il a dit qu'il voyait l'épisode comme une «péripétie».
«Ce ne sont pas les premières, ce ne sont pas les dernières. Il a (eu) des mots extrêmement amicaux, mais il a voulu remettre de l'ambiguïté dans sa position», a conclu M. Macron.
À son avis, l'unité du G7 n'en ressort pas entachée, ni même par le fait que M. Trump est revenu à la charge, toujours à bord de l'Air Force One, pour réitérer son idée que le Canada devrait être annexé aux États-Unis.
M. Carney a, selon lui, accompli sa mission d'hôte du G7 de maintenir l'unité au sein de l'organisation multilatérale. «Il ne faut pas non plus demander à la présidence canadienne de régler tous les sujets de la Terre aujourd'hui, ce serait injuste. Mais il a tenu le groupe ensemble», a tranché M. Macron, qui assurera la présidence du G7 en 2026.
Afin de faciliter l'atteinte de consensus, le gouvernement canadien a, pour ce sommet, mis de côté l'approche habituelle de tenter de faire signer par tous les chefs d'État un seul communiqué conjoint final.
Plutôt, sept déclarations conjointes portant sur des sujets spécifiques ont été entérinées.
Mise à part celle publiée lundi appelant à une désescalade au Moyen-Orient et à un cessez-le-feu à Gaza, des déclarations ont été entérinées sur, la lutte contre le trafic de migrants, le développement de l'intelligence artificielle et les minéraux critiques.
Une autre déclaration portait sur la lutte contre la répression transnationale, «une forme agressive d’ingérence étrangère par laquelle des États ou leurs mandataires tentent d’intimider, de harceler, de blesser ou de contraindre des personnes ou des communautés en dehors de leurs frontières».
La répression transnationale peut donc aller jusqu'à l'assassinat de citoyens.
Cette déclaration sur la répression transnationale a été publiée peu de temps avant une rencontre bilatérale entre M. Carney et le premier ministre de l'Inde, Narendra Modi.
Cette rencontre se voulait un réchauffement dans la relation tendue entre l'Inde et le Canada, qui a accusé le gouvernement indien de répression transnationale dans son pays, avec le meurtre de Hardeep Singh Nijjar.
En octobre 2024, le gouvernement canadien était même allé jusqu'à expulser des diplomates indiens en raison de ces allégations qui font l'objet d'une enquête de la Gendarmerie royale du Canada.
Un rapprochement s'effectue vraisemblablement puisque M. Carney et M. Modi se sont entendus pour rétablir des liens diplomatiques qui étaient rompus.
À VOIR AUSSI | La première ministre italienne, Georgia Meloni, lève les yeux au ciel après un échange avec Macron au G7
Les deux hommes ont «convenu de nommer de nouveaux hauts-commissaires en vue de rétablir les services réguliers à l’intention des citoyens et des entreprises des deux pays», apprend-on dans le compte-rendu de la délégation canadienne.
Tous deux ont aussi reconnu que leurs liens sont notamment fondés sur «la primauté du droit et l’engagement à l’égard du principe de souveraineté et d’intégrité territoriale».
Après la rencontre, M. Modi a qualifié celle-ci d'«excellente». «M. Carney et moi cherchons à travailler de près pour ajouter un momentum à l'amitié entre l'Inde et le Canada», a-t-il déclaré sur X.
M. Modi faisait partie de plusieurs invités qui ne sont pas membres du G7 et qui étaient à Kananaskis. La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, et le premier ministre de l'Australie, Anthony Albanese, étaient du lot.
Le G7 regroupe les États-Unis, la France, l'Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni, l'Italie et le Canada, ainsi que l'Union européenne.
- Avec des informations de l'Associated Press