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La fumée secondaire et tertiaire dégagée par la consommation du cannabis risque d'entraîner une exposition involontaire au THC, préviennent des chercheurs torontois.
La fumée secondaire et tertiaire dégagée par la consommation du cannabis risque d'entraîner une exposition involontaire au THC, préviennent des chercheurs torontois, notamment pour les enfants qui viendraient en contact avec des surfaces contaminées.
Le THC est la substance psychoactive du cannabis, celle qui provoque entre autres l'effet euphorisant recherché par certains utilisateurs. Les chercheurs ne savent pour le moment presque rien de l'impact que pourrait avoir une exposition pour les enfants.
«En ce moment, dans la littérature scientifique, il y a très, très peu de données sur les effets de la fumée ou des émanations secondaires ou tertiaires du cannabis chez des enfants», a résumé le docteur Nicholas Chadi, qui est pédiatre et clinicien-chercheur spécialisé en médecine de l’adolescence et toxicomanie au CHU Sainte-Justine.
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Tout au plus, poursuit-il, quelques petites études ont constaté une association entre l'utilisation du cannabis à la maison et le nombre de visites à l'urgence pour des problèmes respiratoires ou des infections chez les enfants.
Les chercheurs torontois ont procédé à des simulations informatiques pour étudier la manière dont le THC se comporte et se transforme à la suite d'une émanation dans un endroit clos. Leurs simulations, dont les résultats sont publiés par le journal scientifique Environmental Science: Atmospheres, ont reproduit l'impact qu'aurait une seule source de combustion, une heure par jour, pendant une année.
Ils ont constaté que les couvre-planchers et les tapis deviennent des «réservoirs importants» de THC. Les bambins qui rampent sur le sol entrent donc en contact avec la substance, surtout s'ils portent ensuite leurs mains ou des objets à leur bouche (ce que font inévitablement tous les enfants).
Des résidus de THC se déposent aussi sur différentes surfaces, qu'il s'agisse de comptoirs, de meubles ou d'objets.
«En ce qui concerne les expositions tertiaires, le gros point d'interrogation, c'est qu'on n'a pas encore d'études qui ont démontré quelle est la quantité, ou quelle est l'intensité de l'exposition, qui est suffisante ou nécessaire pour avoir des impacts sur la santé», a dit le docteur Chadi, qui fait partie d'une équipe à qui le Fonds de recherche en santé du Québec a récemment accordé un financement pour étudier les effets du cannabis sur la santé physique des utilisateurs, mais aussi chez leurs enfants.
Le THC, ont expliqué les chercheurs torontois, a une «structure chimique vaste et complexe, qui a fortement tendance à adhérer aux surfaces et à entraîner une exposition tertiaire».
La prochaine étape serait maintenant de mesurer à quel point les enfants absorbent la fumée secondaire ou tertiaire de cannabis à laquelle ils sont exposés, par exemple en procédant à des analyses de sang ou d'urine, a dit le docteur Chadi.
En attendant, il sera très difficile de déterminer ce qui représente une exposition significative au THC et d'établir un lien de cause à effet entre les expositions secondaires et tertiaires et tout problème de santé à court, moyen ou long terme, a-t-il précisé.
«On a plusieurs raisons de soupçonner qu'une exposition secondaire ou tertiaire au cannabis va être associée à des problèmes de santé chez les enfants, a-t-il dit. En l'absence de données fermes, je considère que la prudence est de mise.»
D'autant plus, ajoute le docteur Chadi, que les produits de cannabis aujourd'hui disponibles sur le marché peuvent contenir jusqu'à 25 % de THC, comparativement à environ 5 % il y a vingt ou trente ans. La fumée est donc plus concentrée en substances psychoactives qui pourraient par exemple avoir un effet sur le cerveau.
Le cannabis est aussi très populaire auprès des jeunes adultes qui sont susceptibles d'être aussi de jeunes parents.
La stratégie la plus efficace pour protéger les habitants d'un logis contre une exposition involontaire au THC est de tout simplement faire disparaître la source de cette exposition, ont dit les chercheurs torontois. Si cela n'est pas possible, l'utilisation d'un purificateur d'air qui capture la matière particulaire est aussi efficace pour réduire l'exposition, davantage que le nettoyage des surfaces, ont-ils souligné.
Le travail d'éducation qui a entouré les dangers de la fumée secondaire et tertiaire des cigarettes doit maintenant être répété avec le cannabis, considère de son côté le docteur Chadi.
Les Canadiens ont acheté pour 4 milliards $ de produits du cannabis légaux entre avril 2021 et mars 2022, selon Statistique Canada. Le cannabis séché représentait 71,1 % de ces ventes, ce qui permet de conclure que le cannabis destiné à être fumé est la forme la plus populaire du produit.
Les chercheurs torontois sont à finaliser une deuxième étude pendant laquelle ils ont demandé à des consommateurs de cannabis de le faire en laboratoire, de manière à pouvoir étudier la qualité de l'air en temps réel. Ces résultats n'ont pas encore été publiés.