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Des enfants handicapés de plusieurs régions pourraient voir leur inscription dans un camp de jour compromise.
Des enfants handicapés de plusieurs régions pourraient voir leur inscription dans un camp de jour compromise, car Québec tarde à annoncer le financement permettant l'embauche d'accompagnateurs, à moins de deux semaines des vacances scolaires.
L'Association québécoise pour le loisir des personnes handicapées (AQLPH) et ses 17 instances régionales pressent le ministère de l'Éducation à dévoiler les montants alloués au Programme d'aide financière au loisir des personnes handicapées (PAFLPH).
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Ce programme soutient l'accessibilité à des activités pour les personnes handicapées, dont une bonne partie couvre le salaire des accompagnateurs dans les camps de jours. La distribution des sommes est assumée par L'AQLPH et les instances régionales, en fonction des besoins.
L'enjeu pour les organisateurs de camps de jour n'est pas tant d'avoir l'argent immédiatement entre les mains, mais plutôt de connaître la hauteur de la subvention qu'ils recevront éventuellement afin de procéder aux embauches, indique la directrice générale de l'AQLPH.
«Tout le processus est retardé. Tant qu'on ne sait pas combien de sous on a à donner, on ne peut pas lancer la machine; analyser nos demandes, prévenir les organismes qui vont avoir un montant x, puis il manque juste à signer le chèque», explique Geneviève Bergeron.
Déjà des camps de jour ont dû annuler des places pour les enfants handicapés, faute d'accompagnateurs. Et dans un contexte de pénurie de main-d'?uvre, il est difficile de trouver le personnel rapidement, mentionne Mme Bergeron.
L'AQLPH et les instances régionales ont dans les derniers jours envoyé une série de lettres interpellant des députés afin de faire bouger les choses.
«Plusieurs organisations n'ont pas les moyens d'embaucher des accompagnateurs sans ces subventions. Et le plus désolant, c'est que ce sont des personnes handicapées, jeunes et adultes, que nous privons d'une expérience enrichissante et des parents que nous privons d'option dans la conciliation travail-famille», peut-on lire dans la missive expédiée à la ministre Chantal Rouleau.
Questionné sur la raison du délai, le ministère de l'Éducation répond que les sommes seront attribuées «prochainement».
Cette attente n'est pas nouvelle pour les instances régionales qui administrent les fonds. L'an dernier, l'argent a été confirmé en plein été.
À Montréal, Altergo avait décidé de s'avancer sur le financement, malgré l'absence de réponse de Québec.
«On avait anticipé qu'on aurait les mêmes montants que l'année précédente. On avait annoncé les montants aux organismes, mais on n'avait pas l'argent. On s'est donc retrouvé dans une situation où les organismes étaient impatients de recevoir des sommes qu'on ne pouvait pas leur distribuer. C'était assez stressant pour nous. Cette année, on a décidé de ne pas prendre ce risque parce qu'on ne sait pas ce qui peut se passer», relate la directrice générale d'Altergo, Elsa Lavigne.
L'AQLPH aimerait une meilleure prévisibilité du financement avec des ententes qui établiraient les montants sur plusieurs années, comme c'était le cas auparavant.
La présence d'accompagnateurs n'est pas seulement essentielle pour l'enfant avec des besoins particuliers. C'est aussi une question de sécurité pour tous les autres, soutient une mère de Montréal, Stéphanie Harvey, en attente depuis des mois pour une place adaptée dans un camp de Lachine.
Son fils Dominic, 7 ans, est atteint d'un trouble développemental de la coordination, ce qui se caractérise par des déplacements plus lents, une difficulté à se changer ou à se mettre de la crème solaire, détaille Mme Harvey.
«S'il prend trois ou quatre fois plus de temps pour se changer que les autres, et que tout le monde part à la piscine, ils ne peuvent pas le laisser tout seul et ne peuvent laisser les autres aller à la piscine, s'il y a juste un moniteur sur son groupe», fait-elle valoir.
Mme Harvey déplore l'iniquité qui prévaut dans l'attribution des places avec services d'accompagnement par rapport aux inscriptions régulières.
Elle a déposé une demande auprès du Centre de loisirs de Lachine en février, mais a obtenu une confirmation il y a à peine quelques jours. Le centre pourra offrir le service pour trois des cinq semaines demandées en pigeant dans son budget de fonctionnement, affirme Mme Harvey, qui doit trouver à la dernière minute une autre solution pour les deux autres semaines.
«On fait notre demande avant tout le monde, mais on a notre réponse après tout le monde», se désole-t-elle.
La Montréalaise a lancé une pétition sur le site de l'Assemblée nationale pour réclamer du gouvernement un financement récurrent et prévisible pour l'inclusion des enfants handicapés dans les camps.
En théorie, sur le plan légal, les camps de jours ne peuvent refuser un service d'accompagnement sur la simple raison qu'ils n'ont pas le financement du programme, souligne Mme Lefebvre. Mais en réalité, la situation est toute autre en raison des ressources limitées, précise-t-elle.
L'AQLPH estime que 5% des jeunes fréquentant les camps de jour ont des besoins particuliers.
Le cabinet du ministre de l'Éducation n'a pas répondu à la demande de commentaires de La Presse Canadienne.