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Société

«Ça me fait paniquer»: téléphoner sans prévenir, une habitude qui se perd

Appeler sans prévenir? De moins en moins populaire chez les jeunes, qui privilégient le texto pour communiquer.

L’époque où l’on s’enfermait dans sa chambre avec le téléphone fixe pour raconter les potins d’école à ses amis semble révolue – ou du moins en déclin. Selon une étude publiée dans Santé mentale au Québec, 80% des adolescents considèrent que leur mode de communication préféré avec leurs amis est le texto, contre 69% pour l’appel téléphonique, lorsqu’on leur demande leurs trois modes de communication préférés.

Ce n’est donc pas un rejet total du téléphone, mais plutôt une évolution vers un mode de communication perçu comme plus confortable, pratique et moins anxiogène.

 

Et cette tendance ne se limite pas aux conversations amicales: les services d’aide psychosociale ont aussi dû s’adapter. En 2013, Tel-Jeunes lançait un service par texto, qui a explosé en popularité. En seulement un an, près de 275 000 messages ont été envoyés par 12 942 jeunes.

Pourquoi privilégier le texto?

L’analyse des échanges révèle que les jeunes apprécient l’anonymat et la possibilité de mieux formuler leurs pensées par écrit.

De leur côté, les intervenants chez Tel-Jeunes constatent que si ce mode de communication facilite l’accès à l’aide, il complique aussi l’évaluation du niveau de détresse et la création d’un lien direct avec les jeunes.

«Si c’est dans les petites heures de la nuit, ça m’fait paniquer», mentionne une étudiante au coin Maisonneuve-Saint-Denis, en faisant allusion aux appels téléphoniques qui surviennent à des heures improbables.

«Moi, je n'appelle plus personne», affirme un autre étudiant. «J’envoie des messages vocaux beaucoup, et des textos.» Pour lui, appel téléphonique rime de facto avec administration et paperasse: «Ça fait feuille perforée dans un classeur», illustre-t-il de façon imagée.

La «téléphobie»

Une étude du Pew Research Center confirme la tendance: plusieurs jeunes rapportent ressentir de l’anxiété face aux communications téléphoniques. Si bien qu’on a même surnommé le phénomène «téléphobie», soit la crainte d’être pris au dépourvu devant la complexité d’une conversation en direct au téléphone.

Si les appels téléphoniques n’ont pas disparu, les données suggèrent qu’ils sont de plus en plus utilisés pour des situations perçues comme importantes ou urgentes, tandis que le texto domine les interactions quotidiennes – surtout chez les jeunes.