Début du contenu principal.
«Les Canadiens devraient s'attendre à d'autres hausses»
La Banque du Canada a imposé mercredi à son taux d’intérêt directeur sa plus importante hausse en plus de 20 ans et a prévenu que d’autres augmentations de taux auraient lieu, alors qu’elle révisait à la hausse ses perspectives d’inflation.
La banque centrale a relevé son taux directeur d’un demi-point de pourcentage à 1,0 %.
À lire également :
Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a souligné que l’inflation était trop élevée et qu’elle le resterait plus longtemps que la banque ne le pensait auparavant.
«L’invasion de l’Ukraine a fait monter les prix de l’énergie et d’autres produits de base, et la guerre perturbe davantage les chaînes d’approvisionnement mondiales», a-t-il affirmé.
«Nous nous préoccupons aussi de la généralisation des pressions sur les prix au Canada.»
Voyez les explications de Sabrina Rivet au bulletin Noovo Le Fil 17 animé par Michel Bherer :
M. Macklem a indiqué que les Canadiens devaient s’attendre à ce que les taux d’intérêt continuent d’augmenter vers des niveaux plus normaux.
«Par ''normaux''», on entend la fourchette que nous envisageons pour un taux d’intérêt neutre qui ne stimule pas l’économie et ne pèse pas sur celle-ci', a-t-il précisé.
La Banque du Canada a ramené mercredi son estimation du taux neutre nominal (ce que serait le taux d’intérêt si l’inflation était stable et l’économie était au plein emploi) à son niveau prépandémique, soit dans une fourchette comprise entre 2,0 % et 3,0 %.
L’estimation d’avril 2021 de la banque se situait dans la fourchette comprise entre 1,75 % et 2,75 %.
Les avertissements de M. Macklem au sujet d’éventuelles futures hausses de taux ont été repris dans la déclaration de politique générale de la banque centrale.
«Puisque l’économie entre dans une phase de demande excédentaire et que l’inflation demeure bien au-dessus de la cible, le Conseil de direction juge que les taux d’intérêt devront encore augmenter», explique l’institution dans son communiqué.
«Le moment et le rythme des hausses subséquentes du taux directeur seront guidés par l’évaluation continue que fait la Banque de l’économie et par son engagement à atteindre la cible d’inflation de 2,0 %.»
Elle a aussi annoncé un assouplissement des mesures de relance mises en place pour la pandémie. La banque centrale entamera un «resserrement quantitatif» le 25 avril, date à laquelle les obligations d’État qu’elle détient ne seront plus remplacées à leur échéance. Au début de la pandémie, la Banque du Canada a acheté des milliards d’obligations d’État, dans le but de maintenir la circulation de l’argent lorsque l’économie s’est arrêtée.
«C'est clair que ça rend certains achats plus difficiles», a expliqué Philippe Goulet-Coulombe, professeur au Département des sciences économiques de l'UQAM, lors d'une entrevue avec Noovo Info.
«Le taux directeur est la variable fondamentale au pays qui fait monter ou baisser le coût de plein de prêts [...] le coût de l'emprunt va monter en général», ajoute M. Goulet-Coulombe.
«Maintenant, comment ces taux-là vont bouger... il y a une panoplie de facteur qui va influencer. Mais clairement la tendance est à la hausse», conclut l'expert.
La hausse du taux d’intérêt directeur de la banque devrait inciter les grandes banques canadiennes à augmenter leurs taux préférentiels, un changement qui augmentera le coût des prêts liés à l’indice de référence, notamment les prêts hypothécaires à taux variable.
La banque centrale n’avait pas relevé son taux directeur d’un demi-point de pourcentage depuis mai 2000.
Dans son rapport sur la politique monétaire, publié avec sa décision sur la politique monétaire, la Banque du Canada a relevé ses attentes en matière d’inflation, en grande partie à cause de la flambée des prix de l’énergie et d’autres matières premières à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
La banque centrale s’attend désormais à ce que l’inflation annuelle s’établisse à près de 6,0 % pour la première moitié de l’année, et reste bien au-dessus de sa fourchette cible d’entre 1,0 % et 3,0 % tout au long de 2022, avant de redescendre à environ 2,5 % au second semestre de 2023.
Dans son rapport sur la politique monétaire de janvier, la banque centrale avait indiqué s’attendre à ce que l’inflation soit proche de 5,0 % au premier semestre de 2022, avant de reculer à environ 3,0 % d’ici la fin de l’année.
Le rythme annuel de l’inflation en février a grimpé à 5,7 %, contre 5,1 % en janvier, a rapporté Statistique Canada le mois dernier. L’agence fédérale publiera la semaine prochaine ses données sur l’inflation pour le mois de mars, qui incluront la flambée des prix de l’essence due à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Dans ses perspectives économiques, la Banque du Canada a dit s’attendre à ce que la croissance au deuxième trimestre s’accélère à un taux annuel de 6,0 %, une augmentation par rapport à celle de 3,0 % du premier trimestre.
Elle a ajouté que les effets du variant Omicron du virus causant la COVID-19 avaient pesé sur l’économie au début de l’année, mais que ceux-ci avaient été de courte durée.
La banque a indiqué que le marché du logement était solide au premier trimestre, mais elle s’attend à ce que les ventes ralentissent quelque peu au deuxième trimestre avec la hausse des taux hypothécaires.
La prochaine annonce de la banque centrale sur les taux d’intérêt est prévue pour le 1er juin, tandis que son prochain rapport sur la politique monétaire, qui comprendra ses perspectives actualisées pour l’économie et l’inflation, devrait être publié en même temps que la décision de la banque sur les taux d’intérêt le 13 juillet.