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Le dossier de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda prend de nouveau une tournure politique.
Le dossier de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda prend de nouveau une tournure politique après que Radio-Canada a dévoilé que le conseil d'administration de Glencore devait se réunir prochainement pour décider de l'avenir de la fonderie, alors que le coût estimé de la réduction des émissions d'arsenic aurait augmenté de 50 %..
Le ministre de l’Environnement a rappelé, mardi matin, que Glencore a des obligations à respecter et qu’elle doit atteindre les différentes cibles d’émissions de polluants si elle veut continuer à exploiter sa fonderie à Rouyn-Noranda.
Voyez le reportage d'Étienne Fortin-Gauthier sur ce sujet dans la vidéo.
Benoit Charette réagissait aux informations selon lesquelles Glencore songerait à fermer la Fonderie Horne si les investissements pour atteindre les cibles de qualité de l’air sont trop élevés.
«Ce n'est pas une question d'investissement, c'est une question de résultats» et «il faut ces investissements-là pour les atteindre», a indiqué le ministre.
En évoquant les «résultats», le ministre faisait référence à la cible d’émission d’arsenic de 15 nanogrammes par mètre cube d’air (ng/ m3), un seuil que doit atteindre l'entreprise en 2027 et qui a été établi par les autorités québécoises de santé publique ainsi que le ministère de l’Environnement.
Afin d'atteindre ce seuil, Glencore a présenté un plan de 500 millions $ à l'été 2022.
Or, selon Radio-Canada, les investissements estimés auraient augmenté de 50 %, ce qui forcerait les propriétaires de l'entreprise à considérer la fermeture de la fonderie.
La fermeture de la fonderie serait «majeure», a indiqué le député caquiste d'Abitibi-Est, Pierre Dufour, en faisant référence aux pertes d’emplois et aux conséquences sur les autres entreprises, comme l'affinerie CCR, située à Montréal-Est, qui redonnent une deuxième vie aux métaux, comme le cuivre, recyclés par Glencore.
Il a toutefois appelé à rester prudent quant aux informations publiées mardi.
«Il faut faire attention, vous savez, il y a des jeux de négociations là-dedans, possiblement», a signalé le député.
Appelée à réagir, Glencore a transmis un communiqué aux médias en milieu d'après-midi.
L'entreprise a souligné qu'elle a rencontré le gouvernement dans les dernières semaines afin de discuter de son projet de réduction des émissions de métaux lourds dont les coûts ont été «significativement révisés».
Il est également écrit «qu'une nouvelle étape d’approbation de la maison-mère est requise, pour valider le portrait global du projet, incluant les investissements requis et les risques associés».
«J’espère que la CAQ ne cédera pas à ces menaces et ne fera pas encore plus de courbettes», a indiqué Émilise Lessard-Therrien, co-porte-parole de Québec solidaire.
Elle a souligné que «personne ne souhaite la fermeture de l’entreprise» et que «ce qu’on veut, c’est qu’elle respecte les normes comme ailleurs dans le monde».
Elle a également noté par communiqué que «le fédéral et le gouvernement du Québec ont allongé des millions de dollars pour soutenir Glencore dans la modernisation de la fonderie» et que «la multinationale a de la marge» pour le faire.
Le député péquiste Joël Arseneau a également fait référence aux profits de la multinationale.
«Glencore a distribué 7,1 G $ en dividendes à ses actionnaires en 2023. La CAQ ne peut céder au chantage des multinationales étrangères sur le dos de la santé des Québécois et Québécoises», a-t-il écrit sur X.
De son côté, le député libéral Frédéric Beauchemin a indiqué sur les réseaux sociaux que «l'incompétence» de la Coalition avenir Québec «affecte aussi le développement de tout le Québec».
«Que fera la CAQ pour alimenter la chaîne d’approvisionnement en minéraux rares que seule la Fonderie Horne fournit au Québec? Quel est le plan de contingence?», a demandé le député libéral.
Le groupe Mères au front de Rouyn-Noranda, qui milite depuis longtemps pour que la fonderie respecte les normes d’émission de polluants, a laissé entendre que la «menace de fermer l’usine» serait «une stratégie qui célèbre son 100e anniversaire».
Dans une publication sur Facebook, le groupe a publié la copie d’un article qui aurait été publié en 1924 par la Gazette du Nord.
Dans cet article, les dirigeants de la fonderie de Rouyn-Noranda indiquent «qu’ils suspendraient indéfiniment l’exploitation de leurs mines» si le gouvernement les obligeait à «placer leurs fourneaux ailleurs que sur leur propriété».
Dans un communiqué, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) a déploré que les travailleurs de la fonderie soient «inquiétés périodiquement» sur leur avenir.
«L’investissement de 750 M$ doit absolument se faire à notre usine. C’est essentiel pour conserver nos emplois, mais aussi ceux des autres usines et des fournisseurs qui dépendent de la fonderie. Ce que nous fabriquons est aussi essentiel à la transition en cours, laquelle vise à remplacer le pétrole par l’électricité», a indiqué Shawn Smith, président du Syndicat des travailleurs de la mine Normanda (STMN–CSN).
Une entente avec Québec, qui a été signée avec le gouvernement libéral en 2017, permettait que les émissions d’arsenic de la fonderie atteignent une moyenne annuelle de 100 ng/m3, soit 33 fois plus que la norme.
En juillet 2022, un rapport de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) révélait que, sur une période de 70 ans, un nombre excédent de citoyens de Rouyn-Noranda, entre un et 14, développeraient un cancer si l’entreprise Glencore ne diminuait pas la concentration d’arsenic dans l’air produit par la fonderie.
En août 2022, Glencore a annoncé l’investissement de 500 millions $ pour atteindre un seuil d’émission d’arsenic de 15 nanogrammes par mètre cube d’air (ng/ m3) en 2027.
En mars 2023, le gouvernement a exigé que la Fonderie Horne mette en place un plan qui lui permette de respecter la cible de 15 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) d’arsenic à partir de 2027, ce qui serait, si la fonderie respecte la cible, cinq fois plus élevé que la norme environnementale, qui est de 3 ng/m3.
Au printemps dernier, le gouvernement a également imposé à l’entreprise qu’elle présente un plan d’action d’ici 2027, pour éventuellement atteindre la norme 3 ng/m3.