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«J'aime mes patients et je déteste savoir qu'ils vont souffrir.»
La Dre Geneviève Dechêne a annoncé sa retraite il y a deux ans, mais la médecin montréalaise affirme que le système de santé laisse tomber ses 800 patients, puisqu'aucun d'entre eux n'a réussi à se trouver un nouveau médecin de famille.
Ce texte est la traduction d'un article de CTV News.
Elle ne partira pas tranquillement à la retraite en décembre; elle utilise sa voix pour qualifier la situation actuelle d'inacceptable, en particulier pour les patients âgés, qui se retrouveront tout simplement aux urgences de l'hôpital.
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«Si vous souffrez d'une affection pulmonaire grave, je m’assurerai que vous puissiez avoir dans votre pharmacie [à l'avance] des antibiotiques, de la cortisone. Pour le cancer, je sais peut-être que vous souffrez de douleurs aiguës, alors je vais prescrire des médicaments pour les crises aiguës de douleur. Mais quand tu vas dans des cliniques sans rendez-vous, ça ne se fait pas. C'est mon travail de médecin de famille de prendre en charge. Alors oui, ils iront beaucoup plus de fois [aux] urgences, ils seront davantage hospitalisés. Ils souffriront davantage. C'est ma principale inquiétude», a-t-elle déclaré à CTV News.
La Dre Dechêne dit que cela pénalise les patients plus âgés et les plus malades parce qu'ils ne reçoivent pas les soins constants qu'ils recevraient si le même médecin les traitait au fil du temps et connaissait leur histoire.
Plus tôt cette semaine, la Fédération des médecins de famille du Québec a annoncé que ses membres avaient collectivement pris en charge plus d'un demi-million de nouveaux patients, mais Dechêne affirme que ces patients sont tous pris en charge par une clinique de médecine familiale, et non par un seul médecin.
Les patients âgés ont besoin d'un vrai médecin de famille, a-t-elle insisté, craignant que sans une relation médecin-patient à long terme, les patients âgés ne se retrouvent aux urgences.
«Il est bien prouvé partout dans le monde qu'un suivi par un médecin de famille pour les patients gravement malades est un plus. Vous êtes mieux soigné parce que ce médecin vous connaît vous allez moins aux urgences, et vous êtes moins malade», poursuit-elle.
La Dre Dechêne estime qu'une partie du problème provient du fait que les médecins de famille comme elle passent 40% de leur temps à travailler dans les hôpitaux, soit plus du double du taux dans les autres provinces. La docteure note que le Québec vieillit à un rythme rapide et indique que le système de santé doit s'adapter à cette réalité.